Notre étude porte sur le « mythe des Grands Transparents » présenté par André Breton (1896-1966) pour la première fois dans les « Prolégomènes à un troisième manifeste du surréalisme ou non » en 1942. La première partie de la thèse s’attache à démontrer les conditions de la naissance de ce mythe. Le chef du mouvement surréaliste élargit sa perspective poétique à travers sa propre pratique artistique, élargissement nécessaire à la perception de ces êtres hypothétiques. Dans la deuxième partie, nous montrons que notre mythographe développe discrètement leurs images dans ses textes poétiques, développement qu’il annonce subrepticement dans les « Prolégomènes ». Au début, ce sont surtout les Grands Transparents du « type guerre », marqués par le feu, qui sont principalement décrits dans ses poèmes ; cependant, ceux de la chance, qui participent de l’eau, apparaissent ultérieurement pour « repassionner » la vie humaine. C’est ainsi que le mythe est progressivement approfondi dans l’imaginaire bretonien. La troisième partie éclaircit d’abord la pensée mythique élaborée par Breton. En effet, il décrit ce qu’il appelle le « mythe collectif » en 1935, ainsi que le « mythe nouveau » en 1942 ; ces deux mythes ont ceci de commun qu’ils se développent à travers les œuvres d’art. Cependant, tandis que le premier peut faire l’objet d’une opération consciente, nous ne pouvons pas intervenir intentionnellement dans le second. Nous nous appuyons sur cette pensée bretonienne du mythe pour montrer comment le mythe des Grands Transparents se diffuse publiquement à la faveur de l’automatisme de la genèse mythique. Pour déclencher cet automatisme, Breton évite consciemment d’expliquer le mythe en détail ; de plus, il juxtapose, mais sans le préciser, trois modèles différents d’existence des Grands Transparents dans les « Prolégomènes » : « modèle inclusion », « modèle étranger » et « modèle mimétisme ». À chaque tentative d’interprétation, le mythe apparaît quelque part parmi ces trois centres de gravitation. De nombreuses variantes du mythe se produisent et se transmettent en dedans ainsi qu’en dehors du mouvement surréaliste par l’automatisme de la genèse mythique. Notre travail nous permet d’affirmer en conclusion que le mythe des Grands Transparents ne cesse de conserver une actualité certaine aux yeux de Breton même après la Seconde Guerre mondiale. / Our study focuses on the “myth of the Great Invisibles” presented by André Breton (1896-1966) for the first time in the “Prolegomena to a Third Manifesto of Surrealism or Else” in 1942. The first section of the thesis demonstrates the conditions of the birth of this myth. The leader of the surrealist movement expands his poetic perspective through his own artistic practice; this expansion is necessary to allow the perception of these hypothetical beings. In the second section, we show that our mythographer quietly develops their images in his poems, as he announces in the “Prolegomena”. Initially, it was the Great Invisibles of the “war type”, marked by fire, which were mainly described in his poems; however, those who preside over “luck”, marked by water, appear later to channel the people’s frustration, which the routine work of capitalistic society accumulated in their subconscious. Thus, the myth is gradually deepened in Breton’s imagination. The third section elucidates his specific mythical thought. Indeed, he starts to mention the “collective myth” in 1935 and the “new myth” in 1942; these two myths both develop through works of art. However, while the former can be an object of a conscious operation, we cannot intervene intentionally in the second. After that analysis, we note also that the myth of the Great Invisibles is publicly diffused thanks to the automatism of the myth’s growth. To trigger this automatism, Breton consciously avoids explaining in detail the myth; instead, he juxtaposes the three different models of existence of the Great Invisibles in the “Prolegomena”: “inclusion model”, “foreign model” and “mimesis model”. At each attempt to interpret the myth, the image of the Great Invisibles appears somewhere among these three centers of gravity. Many variations of the myth occur and are transmitted both inside and outside of the surrealist movement, following the automatism of the myth’s growth. In conclusion, we find that the myth of the Great Invisibles remains relevant in Breton’s eyes even after World War II.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016LYSE2024 |
Date | 11 March 2016 |
Creators | Maenosono, Nozomu |
Contributors | Lyon, Carlat, Dominique |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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