Dans la lettre 56 Spinoza ne reconnait pas l’autorité des anciens, incitant son interlocuteur à raisonner par soi-même, ne suivant que sa raison. Toutefois, face à cette prise de position radicale, Spinoza cite, fait référence et propose des exemples, dont la plupart sont extraits des historiens latins; il semble prendre au sérieux les mots de Tacite, Quinte-Curce, Salluste, etc. et les récits dont ils sont auteurs, jusqu’au point d’affirmer, dans le TP, que «personne qui connait les Histoires» – soit l’oeuvre de Tacite – «peut ignorer» la justesse de son argumentation. Dans le cadre de cette thèse, je m’interroge sur cette – apparente – contradiction. Á travers un parcours qui s’articule en quatre sections, j’intende démontrer quel est l’usage que Spinoza fait de ses sources et à quelle fonction elles répondent dans l’architecture de sa philosophie politique. Chaque section est consacrée à un aspect de ce rapport: la première, à la formation latine de Spinoza, au contexte culturel où il s’inscrit, et au système de citation à l’âge classique. Dans la deuxième, je montre qu’il y avait une courante politique philo-monarchique, le Tacitisme, dont les écrits étaient composés principalement de citations des historiens latins; Spinoza se confronte avec le Tacitisme, donnant aux mots des anciens – comme j’explique dans la troisième partie – un sens complètement differente. Le rôle des citations ne se réduit pas, néanmoins, à la fonction polémique. En revanche, les citations, les références et les exemples remplissent quatre fonctions: rhétorique, argumentative, polémique et anthropologique, cette dernière indiquant que les mots et les récits des historiens font partie intégrante de sa philosophie politique. Enfin, la quatrième section détermine les rôles que les récits et les histoires jouent dans une philosophie politique qui prétende être, en même temps, scientifique et pragmatique. / In letter 56, Spinoza does not recognize ancient philosophers’ authority and urges Hugo Boxel to follow only his reason in order to acquire knowledge. Notwithstanding this radical stance, Spinoza quotes, makes references and gives examples which are mostly excerpted from Roman historians; he takes Tacitus’, Sallut’s , Quintus Curtius Rufus’ words and histories seriously to the point that he says, in the TP, that “no one that knows Histories” – the Histories by Tacitus – “can ignore” the rightness of his argumentation. In this work, my aim is to address this apparent contradiction. Articulated in four sections, my dissertation shows how Spinoza uses his sources and which role they play in formulating his political philosophy.Each section focuses on a different aspect of this relationship: the first one is devoted to Spinoza’s education, to his cultural background and to Early modern’s forms of quoting. In the second one, I highlight the existence of a monarchist political current, Tacitism, which makes a consistent use of ancient historian’s quotes; Spinoza confronts this tradition, giving to the ancient writers’ words and maximes a completely different sense. Nevertheless, Spinoza quotes not only for a polemical purpose. In contrast, the references and the exemples seem to fulfil four functions: rhetoric, argumentative, polemic and anthropologic. The last one indicates that thr Roman historians’ words and stories are an integral part of Spinoza’s political philosophy. Finally, in section four, I identify the roles that narrations and stories play in a political philosophy whose aim is to be, at the same time, scientific as well as pragmatic.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2019LYSEN012 |
Date | 20 June 2019 |
Creators | De Bastiani, Marta Libertà |
Contributors | Lyon, Università degli studi Roma Tre, Moreau, Pierre-François, Ferraro, Domenico |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | Italian |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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