Ce mémoire présente un bilan des travaux de recherches que j'ai dirigé au CRAI (Centre<br />de Recherche en Architecture et Ingénierie) depuis environ dix ans. Avant de développer<br />les deux grandes problématiques qui ont structuré ces années, je voudrais remettre<br />rapidement en perspective mon travail global de recherche dans le vaste mais encore très<br />récent domaine de la recherche en architecture.<br />1.1. LA RECHERCHE EN ARCHITECTURE, QUELS<br />SYSTÈMES DE CONNAISSANCES ?<br />Jusqu'au milieu des années 1960, l'architecture est avant tout un art, c'est-à-dire une<br />pratique reposant largement sur l'expérience, fondée sur des grands traités et infléchie par<br />quelques maîtres.<br />Au niveau le plus empirique, le terme de recherche ne désigne rien d'autre que la pratique<br />quotidienne du concepteur en situation de création pour inventer un dispositif spatial en<br />réponse à des exigences explicites ou implicites.<br />Comme le musicien, le peintre ou le sculpteur, l'architecte est une sorte de « chercheur de<br />formes », un inventeur de langages, un constructeur de sens.<br />Dans cet univers de la recherche-action, le concepteur utilise et produit des connaissances<br />qui relèvent plus d'un savoir-faire que d'un véritable savoir. À cette recherche, tout ancrée<br />dans la projetation, nous donnons le nom de recherche architectonique.<br />Dans ce dispositif, le terme d'architecture désigne donc à la fois un domaine de production<br />(essentiellement les édifices et les espaces urbains) et un savoir-faire largement issu et<br />opératoire dans la pratique du projet. Mais pour être efficace, cette économie de la<br />production architecturale a besoin d'un discours régulateur et légitimateur destiné à<br />permettre des choix tout au long du processus de conception, évaluer les solutions<br />partielles ou globales proposées et juger la qualité des œuvres produites. C'est le rôle des<br />traités, parfois nommés théories.<br />Les traités d'architecture de Vitruve à Le Corbusier bien que théoriques par le recul qu'ils<br />prenaient par rapport aux pratiques de leurs époques respectives ne peuvent pas<br />cependant être considérés comme des théories au sens scientifique du terme. Ce<br />deuxième type de connaissances, auxquelles nous donnons le nom de doctrine est un<br />système de préceptes et d'axiomes transmissibles, orientés par l'action vers l'action. Par<br />différence avec les connaissances souvent singulières et peu externalisables des savoir-
Identifer | oai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00145570 |
Date | 19 September 2002 |
Creators | Bignon, Jean-Claude |
Publisher | Université Henri Poincaré - Nancy I |
Source Sets | CCSD theses-EN-ligne, France |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | habilitation ࠤiriger des recherches |
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