Le Tea Party entre en scène en février 2009 aux États-Unis. C’est notamment la tirade d’un journaliste qui s’insurge contre les plans de sauvetage de l’économie votés par le Président Barack Obama, en direct sur la chaîne CNBC le 19 février, et invite à organiser une « Tea Party » dans le port de Chicago, qui déclenche ce phénomène sans précédent. S’ensuivent de nombreux rassemblements protestataires de masse à travers le pays, puis la création de dizaines, puis de centaines de groupes Tea Party locaux. La rapidité et l’ampleur de ce mouvement surprennent les spécialistes. D’autant que dès 2010, le Tea Party affirme des objectifs politiques et une volonté d’institutionnalisation, se révélant une menace pour l’establishment républicain. Mais en 2012, la réélection du Président Obama peut être lue comme une défaite colossale pour le mouvement, et des chroniques de mort annoncée sont publiées par la presse libérale (au sens américain). Des résultats peu spectaculaires aux élections de mi-mandat en 2014 semblent confirmer ce pronostic, surtout que le Parti républicain réussit à tenir le mouvement en respect jusqu’aux primaires pour l’investiture présidentielle en 2015. C’est alors qu’on assiste à un retournement de situation ; la radicalisation du Grand Old Party est nette, visible entre autres dans la plate-forme très conservatrice des candidats républicains. En novembre 2016, l’élection de l’outsider Donald Trump à la présidence, conjonction de nombreux facteurs électoraux, est également le résultat d’efforts organisationnels de la Droite auxquels le Tea Party a largement contribué. Pour appréhender ce mouvement, il faut comprendre qu’il combine des forces top-down et bottom-up. Certes, le Tea Party bénéficie depuis son émergence de ressources inestimables de la part de groupes de pression et de think tanks comme FreedomWorks, American Majority, Americans for Prosperity ou Heritage Foundation, ainsi que des médias conservateurs. De nature organisationnelle ou rhétorique, ces ressources sont fondamentales car elles permettent au mouvement de s’organiser et de mener ses actions militantes. Il n’en reste pas moins qu’à la base se trouvent des acteurs bénévoles, qui consacrent leur temps et leur énergie au Tea Party, et revendiquent leur caractère grassroots. Des organisations nationales comme Tea Party Patriots s’imposent pour fédérer les groupes qui leur sont affiliés, cependant certains groupes locaux cherchent à protéger leur indépendance. Autour des groupes Tea Party gravitent des organisations libertariennes et conservatrices, l’ensemble formant une nébuleuse complexe, qui fonctionne par réseaux à différents niveaux et selon diverses configurations. L’objet de cette étude de terrain est donc d’apporter un éclairage de l’intérieur du mouvement Tea Party, par l’observation en immersion de groupes locaux situés dans les régions de Philadelphie en Pennsylvanie, et de Boston dans le Massachusetts. Il s’agit d’abord de comprendre les motivations et l’idéologie des militants, principalement d’orientation conservatrice, libertarienne et populiste. Ce sont les notions de souveraineté individuelle, d’anti-fédéralisme, et de respect de la Constitution qui dictent toute lecture des Tea Partiers. Ensuite, l’analyse des modes opératoires des groupes permet de clarifier le fonctionnement de l’ensemble. Le Tea Party se démarque en tant que mouvement de droite recourant à des stratégies organisationnelles jusqu’ici plutôt réservées aux mouvements progressistes - la façon dont il applique les principes de l’organisation communautaire est l’une de ses forces indéniables, en particulier à l’ère des nouvelles technologies, et des réseaux sociaux. Son utilisation de ressources Web et d’outils concrets pour l’action militante est remarquable. Enfin, il est essentiel de saisir que le Tea Party veut s’implanter dans le tissu décisionnel local. Pour y parvenir, l’une de ses tactiques consiste à infiltrer progressivement le Parti républicain / The Tea Party enters the scene in February 2009 in the United States. On February 19, a CNBC journalist protests on-air against the economic bailout plans voted by President Barack Obama, and invites viewers to organize a « Tea Party » in the Chicago harbor. This contributes to trigger an unprecedented phenomenon, as numerous mass protest rallies soon organize throughout the country, followed by the creation of dozens, then hundreds of local Tea Party groups. Experts are astonished at the swiftness and magnitude of the movement. All the more so in 2010, when the Tea Party starts claiming political objectives and shows intent of institutionalizing, proving a threat to the Republican Establishment. However, President Obama is reelected in 2012 and this is interpreted as a devastating loss for the movement, for which obituaries are published in several liberal media. Lackluster results in the 2014 mid-term elections seem to confirm this forecast, especially since the Republican Party succeeds at keeping the movement at bay until the primaries for the presidential candidate nomination in 2015. But then there is a reversal; the Grand Old Party clearly radicalizes, as the extremely conservative Republican platform notably shows. And the election of outsider Donald Trump to the presidency in November 2016, a conjunction of numerous electoral factors, is also the result of organizational efforts on the right side of the political spectrum, to which the Tea Party largely contributed. To better apprehend this movement, it is necessary to understand that it combines top-down and bottom-up forces. From its appearance, the Tea Party has indisputably benefitted from colossal resources from interest groups and think tanks such as FreedomWorks, American Majority, Americans for Prosperity or The Heritage Foundation, but also from conservative media. Either organizational or rhetorical, these resources are primeval for the movement’s organization and activism. Nevertheless, there are voluntary activists working at the basis of the movement, who devote their time and energy to the Tea Party, and claim its grassroots nature. National organizations such as Tea Party Patriots try to establish themselves as federations for the groups affiliated to them, while some local groups seek to remain independent. Libertarian and conservative organizations gravitate around Tea Party groups, the whole forming a complex cluster that operates at different levels and following diverse configurations. Thus the object of this field study is to shed light on the Tea Party movement from the inside, thanks to the observation of local groups from an embedded position. These groups are located in the Philadelphia and Boston areas, respectively in Pennsylvania and Massachusetts. First, it is necessary to understand activists’ motivations and ideologies, which are mainly conservative, libertarian and populist; and that Tea Partiers interpret everything though the lens of individual sovereignty, anti-Federalism, and respect of the Constitution. Then, analyzing the modi operandi of the groups allows to illuminate how the whole system works. The Tea Party distinguishes itself as a right-wing movement that recurs to organizational strategies that were predominantly used by progressive movements until recently – the way the movement applies the principles of community organizing is undeniably one of its strengths, particularly considering the new media revolution, and social networks. Its use of Web resources and concrete tools to encourage activism is impressive. Lastly, it is indispensable to grasp that the Tea Party aims for local decision-making positions. To this end, one of its tactics consists in progressively infiltrating the Republican Party
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017USPCC249 |
Date | 29 September 2017 |
Creators | Trouillet, Agnès |
Contributors | Sorbonne Paris Cité, Rossignol, Marie-Jeanne, Ben Barka, Mokhtar |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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