Jusque dans les années 1960, le village de Saint-Élie était surtout connu pour ses lacs et son calvaire. Or, avec le mouvement de sécularisation et plus tard la fermeture des usines, Saint-Élie a subi un exode démographique. Puis, en 2007, les résidents ont commencé à observer des changements positifs, le village s’est mis à reprendre vie, des visiteurs ont peu à peu envahi l’espace et des commerces ont surgi un peu partout. C’est qu’un jeune conteur du nom de Fred Pellerin l’a fait sortir de l’ombre grâce à son univers de contes et de légendes. Dans ses histoires, celui qui a été nommé ambassadeur de SaintÉlie, prend en considération la géographie et la topographie des lieux et les protagonistes, les légendes qui habitent ces histoires sont nommées, ont existé. La communauté s’y est donc reconnue sans peine, elle s’est approprié ce patrimoine particulier qu’elle transmet désormais aux visiteurs au moyen d’une visite guidée, à pied ou en charrette. Pellerin a mis son village sur la map et aujourd’hui le nom de celui-ci résonne jusque dans les communautés francophones du Canada, des Maritimes au Yukon, et jusqu’en Europe francophone. Comme ces « curieux » partis à la découverte d’un village non imaginaire, nous avons voulu saisir de près ce qui se passe à Saint-Élie-de-Caxton depuis une quinzaine d’années. Pour ce faire, nous avons eu recours à deux stratégies de recherche : une revue de presse et une enquête de terrain. La revue de presse, qui s’est étalée de 1996 à 2016, a permis de répertorier les articles qui traitent du village de Saint-Élie-de-Caxton, du conteur et de sa carrière afin d’en dégager le discours médiatique. L’enquête de terrain, constituée d’entrevues et d’observations ayant nécessité plusieurs séjours à Saint-Élie, a permis de recueillir le témoignage des résidents, anciens comme nouveaux, sur le mouvement de mise en tourisme, de revitalisation et de mise en patrimoine en cours au village. Ainsi, à travers ces deux grands axes discursifs, nous avons pu découvrir et repérer de nombreux indices et marqueurs de ce qui nous semble être un processus de patrimonialisation à l’oeuvre à Saint-Élie-de-Caxton. L’originalité de notre recherche réside dans cette occasion unique pour l’ethnologue de « suivre » le déroulement d’un phénomène de patrimonialisation étape par étape, au cours de son élaboration. Nous avons cherché à comprendre qui sont les différents agents et acteurs de cette mise en patrimoine et quel rôle précis ils ont joué dans la mise en tourisme du village qui a mené à une importante revitalisation. Nous nous sommes également attachée à saisir les enjeux qui entourent cette mise en patrimoine, comme la folklorisation et la muséification. Nous nous sommes aussi intéressée aux conséquences engendrées par la présence de nombreux visiteurs, aux aspects économiques et aux changements dans le « décor » du paysage caxtonien. La patrimonialisation étant un processus complexe et changeant, qui varie dans le temps et en fonction des acteurs sociaux, chaque cas est donc différent, autonome, unique; nous avons voulu comprendre ce que celui à l’oeuvre à Saint-Élie-de-Caxton avait justement de particulier pour faire de ce village « ordinaire » une attraction touristique prisée. / Up until the 1960s, the village of Saint-Élie was mostly known for its lakes and its calvary. However, over the years, Saint-Élie suffered a demographic exodus brought about by the secularization movement, and, later on, by factories shuting down. Then in 2007, residents started noticing positive changes: the village began to liven up, visitors gradually invading the space and shops popping up all around. That was all thanks to a young storyteller, Fred Pellerin, who brought the village into light by using it as the backdrop to his world of tales and legends. In the sories told by the man who was named ambassador of Saint-Élie, the geography and topography refer to real world places and the protagonists, the legends, are real people that have actually existed. Hence the community has easily recognized itself in these stories and made this special heritage its own, now now transmiting it to visitors through guided tours, either on foot or by cart. Pellerin made his village famous and its name now resonates throughout the Francophone communities of Canada, from the Maritimes to the Yukon, and all the way to European Francophone communities. Just as these flocking tourists, who came to discover this non-imaginary village, we wanted to take a closer look at what has been happening in Saint-Élie-de-Caxton for the last fifteen years. Two research strategies were used top do so: a press review and a field survey. The press review, which ran from 1996 to 2016, allowed us to identify the media discourse of articles covering the village of Saint-Élie-de-Caxton, the storyteller, and the latter's career. The field survey consisted of interviews and observations that required several stays in Saint-Élie in order to gather testimonies, from long time residents as well as from newcommers, about the ongoing transformation of the village into a heritage tourist attraction as well as its revitalization. Thus, through these two major discursive axes, we have been able to uncover and identify numerous clues and markers that lead us to think a patrimonialization process may be at work in Saint-Élie-de-Caxton. The originality of our research lies in this unique opportunity for the ethnologist to "follow" the unfolding of a patrimonialization phenomenon step by step, during its development. We sought to understand who are the different agents and actors of this heritage development and what precise role they have played in the village's tourism development which led to a major revitalization. We have also endeavored to grasp the issues surrounding this heritage development, such as folklorization and museification. We were also interested in the consequences of this increase in visitor presence, the economic aspects and the changes in the Caxton landscape. Patrimonialization being a complex and changing process which varies in time and according to social actors, each case is different, autonomous, unique. Our goal was to understand how the process at work in Saint-Éliede- Caxton distinguishes itself from other such processes and has managed to turn this "ordinary" village into a popular tourist attraction.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/37609 |
Date | 17 December 2019 |
Creators | Demers-Pelletier, Anik |
Contributors | Roberge, Martine |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | 1 ressource en ligne (xiii, 591 pages), application/pdf |
Coverage | Québec (Province), 21e siècle |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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