Le but de ce travail est d’étudier l’influence de l’expertise (musicale ou linguistique) sur le traitement des sons linguistiques et non-linguistiques chez l’adulte sain. Plus précisément, il s’agit de cerner les effets de transfert d’apprentissage d’un domaine d'expertise vers un autre domaine afin de tester la spécificité des processus qui sous-tendent le traitement de la musique et du langage et de mieux comprendre les phénomènes de plasticité induits par l’expertise. Pour étudier ces questions, j’ai conduit plusieurs expériences, basées sur l’utilisation conjointe des méthodes issues de la psychologie expérimentale (Temps de Réaction et pourcentage d’erreurs) et de l’électrophysiologie chez l’homme (Potentiels Evoqués). En comparant des musiciens et des non-musiciens, j’ai d’abord testé les effets de transfert d’apprentissage de la musique sur le traitement du mètre et de la sémantique dans le langage (Expérience 1), ainsi que sur la phonologie et les variations de hauteur tonale (Expérience 2). Les résultats montrent que l'expertise musicale améliore la perception des aspects métriques du langage parlé et réduit les interférences liées au traitement sémantique. Ils soulignent également que l'expertise musicale améliore la discrimination de variations tonales et phonologiques dans une langue à tons inconnue des participants: le Mandarin. Dans une troisième étude j’ai testé l’hypothèse inverse, celle d’un transfert d’apprentissage du langage vers des sons non-linguistiques. Pour ce faire, j’ai comparé le traitement pré-attentif et attentif de variations de durée, de fréquence et d’intensité de sons non-linguistiques chez des locuteurs d’une langue à quantité, le Finnois, et chez des Français. Les résultats montrent que les participants Finlandais sont plus sensibles aux variations de durée de sons non-linguistiques que les participants Français. En incluant un groupe de sujets musiciens Français à cette étude, j’ai également pu comparer l’influence de l’expertise linguistique et de l’expertise musicale. Les résultats révèlent une influence similaire de ces deux types d’expertise sur le traitement des variations de durée. Enfin, les résultats de deux études visant à comparer les processus conceptuels/sémiotiques impliqués dans l’analyse de sons de l’environnement et de sons musicaux à ceux impliqués dans l’analyse de sons du langage, révèlent des similarités dans les corrélats électrophysiologiques (N400) associés aux différents types de sons. Deux interprétations complémentaires, reposant sur la mise en jeu d’effets « bottom-up » et « top-down », sont proposées pour rendre compte des effets de transfert d’apprentissage. / The aim of this work is to study the influence of expertise (musical and linguistic) on the processing of linguistics and non-linguistics sounds in healthy adults. More precisely, the goal is to examine the transfer of training effects from one domain of expertise to another domain in order to test the specificity of the processes underlying music and language processing as well as the effects of plasticity induced by expertise. To address these questions, I conducted several experiments based on the use of methods from experimental psychology (Reaction Times and error rates) and from human electrophysiology (Evoked Potentials). By comparing musicians and non-musicians, I first tested transfer of training effects from music to meter and semantic processing in language (Experiment 1), and to phonology and pitch variations (Experiment 2). Results showed, first, that musical expertise improves metrical speech processing while reducing interferences with semantic processing. Second, they showed that musical expertise improves the discrimination of tonal and phonological variations in a tone language unknown to the participants, Mandarin. In a third study I tested the reverse hypothesis of transfer of training from language to the processing of nonlinguistics sounds. To this end, I compared the pre-attentive and attentive processing of duration, frequency and intensity changes in non-speech sounds by Finns, speakers of a quantity language, and by French. Results showed a positive transfer of training from the expertise of Finns to process phoneme duration in their native language to the processing of duration changes in non-speech sounds. I also compared the influence of linguistic and musical expertise by including a group of French musicians. Results revealed similar effects of linguistic and musical expertise on the processing of changes in duration. Finally, in two other studies, we compared the conceptual processes involved in the analysis of environmental sounds and musical sounds with those involved in the analysis of speech sounds, always considering the effects of musical expertise. Results revealed similarities in the electrophysiological correlates (N400) of semiotic processing for these different types of sounds. Two complementary interpretations, relying on bottom-up and top-down effects, are proposed to account for this set of results on transfer of training effects.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2010AIX20656 |
Date | 22 January 2010 |
Creators | Marie, Céline |
Contributors | Aix-Marseille 2, Besson, Mireille |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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