Les écrits de Georges Bataille gravitent autour de l’expérience « intérieure » — expérience vécue là où s’effondre le discours. Cette mise en question du langage donne lieu au paradoxe puisque « dire l’indicible » demeure dans le langage. Face à un tel écueil, il fallait à l’écrivain une stratégie particulière où nous identifions deux méthodes : la dramatisation et le mot glissant. En explorant ces pistes, notre étude se propose de clarifier la stratégie langagière bataillienne (ou écriture « mineure ») pour dégager dans l’œuvre « l’expérience du langage » composée de deux mouvements opposés, à savoir l’émergence du langage et le retour à l’indicible. Pour cela, notre corpus se constitue à partir de textes encore peu connus : La Maison brûlée, Le Petit, Le Mort et La Tombe de Louis XXX. En premier lieu, la dramatisation signifie la procédure de la méditation et le genre dramatique, la fiction opérant dans les deux cas. L’avant-texte de La Maison brûlée, scénario d’un film jamais tourné, présente ainsi dans sa genèse les techniques de la monstration qui dramatisent le mouvement descendant de la chute et de la matière basse. Ensuite, le mot glissant est illustré par le terme « silence », prononcé pour annoncer sa propre mort. Ce mouvement de glissement s’observe dans Le Petit, à travers le style fragmentaire ou les signes de ponctuation. D’ailleurs, pour finir, ce glissement, dont nous interrogeons la consistance, se révèle intrinsèque au présent linguistique en jeu dans Le Mort et La Tombe de Louis XXX. Car l’écriture de Bataille met en scène l’instant présent, cristallisant le passage du discours à l’indicible. / Georges Bataille’s writing gravitates towards, what he calls, the ‘inner’ experience, an experience in which discourse breaks down. Thus, the language, generally denounced, leads to a paradox as long as it remains the language used to ‘speak the unspeakable’. This aporia compels Bataille to devise original writing strategies that are embodied in two methods—dramatization and the ‘slippery word’ (le mot glissant). Considering this, our study clarifies his linguistic strategies (or ‘minor’ writing) to reach his ‘experience of language’, which consists of two opposite movements: the emergence of language and the return to the unspeakable. To this end, our corpus is based on La Maison brûlée, Le Petit, Le Mort and La Tombe de Louis XXX, texts which are still little-known. In Bataille’s work, the term ‘dramatization’ refers to a specific procedure of contemplation and to the drama; fiction participates in both. In particular, the avant-texte of La Maison brûlée, an abandoned movie script, includes techniques for the onscreen projection of images of falling that use both characters and ‘base material’ (matière basse). The second method, the slippery word, is exemplified by the term ‘silence’, which is pronounced only to announce its own death. This movement of the slippery word can be observed in Le Petit, with its fragmentary style or punctuation marks. Moreover, as analysed, the slipping motion turns out to be intrinsic to the present tense, as observed in Le Mort et La Tombe de Louis XXX. Bataille’s writings depict the present moment, crystallizing the passage from the discourse to the unspeakable.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014PA030080 |
Date | 07 November 2014 |
Creators | Nakagawa, Machiko |
Contributors | Paris 3, Lala, Marie-Christine |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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