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Violence et subjectivation dans Les exclus et Lust d'Elfriede Jelinek

Ce travail cherche à envisager les possibilités d'un lien entre quête de subjectivation et éruption de violence, par l'entremise de deux romans de l'écrivaine autrichienne Elfriede Jelinek. Notre analyse vise à illustrer que les protagonistes d'adolescents délinquants dans Les exclus et la femme au foyer maltraitée de Lust, désirant quitter une existence perçue comme intolérable, en viennent eux-mêmes au déploiement d'une violence, meurtrière, en réaction désespérée à l'impossibilité qu'ils constatent de devenir sujets de leur propre vie. Suivant l'hypothèse véhiculée par le sociologue Michel Wieviorka, nous postulons que le passage à la violence s'enclenche chez des individus qui sont niés, bafoués dans leur désir d'entamer une quête vers un statut de sujet, entendu par le sociologue Alain Touraine comme étant une revendication d'émancipation, un salutaire retour sur soi, un questionnement qui vise à faire en sorte que notre vie soit davantage en accord avec nos valeurs personnelles profondes. Les personnages de victimes (toujours femmes ou pauvres) dans ces deux romans de Jelinek, en plus d'être fréquemment maltraités, battus, ne se voient pas reconnaître la possibilité de s'assumer comme finalité de leur propre action et sont plutôt constamment ravalés au pur statut d'objet, à un rôle social auquel ils n'ont pas consenti, au statut de quantité négligeable. Face à cette domination qu'ils ne peuvent terrasser, ils en viennent à leur tour à l'exercice d'une violence qui exprime leur désarroi, cercle vicieux infernal où la victime de violence devient celui ou celle qui déclenche un nouveau déferlement de violences. Nous décrivons chez Elfriede Jelinek un panorama général toujours constitué d'une même typologie de figures de sujets quant à leur lien avec la violence : l'instigateur de violences vu comme un anti-sujet, refusant de reconnaître l'autre comme un égal, le sujet flottant, qui n'arrive pas à donner un contenu social à son malheur, et le sujet en survie, qui déclenche une violence en vue de pouvoir simplement sauver sa peau. Ces types sont analysés chez Jelinek comme étant directement reliés à la société nationale autrichienne, décrite par la romancière comme fortement inégalitaire, hiérarchisée et entièrement pénétrée des mêmes valeurs nazies défendues par l'Autriche pendant la période du Troisième Reich. Nous envisageons également la possibilité de l'échec d'une subjectivation par la faute des protagonistes eux-mêmes, dont le désir de se muer en sujet est soit trop superficiel et conformiste, soit détourné par les mirages provenant d'images aussi belles que vides, voire même le fait d'une certaine complicité avec la domination qui s'abat pourtant sur eux. Nous notons aussi une modification importante dans l'expression formelle de la romancière entre le style d'écriture préconisé dans Les exclus et celui, plus touffu et chaotique, de Lust. Nous voyons dans cette écriture agressive, inhospitalière et répétitive une tentative d'illustrer au niveau formel l'aggravation apportée au niveau des thématiques et, par la création d'une langue nouvelle, mais usagée, une façon de témoigner en faveur de ceux qui n'ont pas de voix.
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Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.3871
Date12 1900
CreatorsDoucet, Mathieu
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
Detected LanguageFrench
TypeMémoire accepté, NonPeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://www.archipel.uqam.ca/3871/

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