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L'homme est seul et la nature, criminelle : violence et transcendance dans Les 120 journées de Sodome de D.A.F. de Sade

Proposant une application de la Théorie de la religion de Georges Bataille au roman Les 120 journées de Sodome de D.A.F. de Sade, le mémoire interroge les rapports de l'aristocrate libertin, personnage typique de l'univers fictionnel sadien, au fondement de sa communauté. Il veut en outre montrer que, par un procédé d'inversion des valeurs morales sur lesquelles reposent nos sociétés historiques, et par une radicalisation corrélative de la polarité dominant/dominé, la communauté libertine cherche sa légitimation dans la perpétuation de la violence sexuelle. Après avoir présenté les idées-forces qui structurent la Théorie, il s'agira de déterminer comment, à partir d'un système multifonctionnel qu'à la suite de R. Barthes nous avons baptisé « dispositif de la clôture », s'organise, dans le texte, un réseau de figures soutenant un rapprochement de sens entre le retrait du monde qui caractérise le château de Silling où se déroule l'action, et l'inextricable solitude du libertin. Nous verrons alors que cette solitude, condition de possibilité de l'érotisme libertin, sert de base sur laquelle les « passions » des libertins, soigneusement codifiées par eux, s'érigent en véritables institutions sociales, concourant du coup à l'instrumentalisation brutale et sans appel des sujets en présence. Nous verrons ensuite qu'en commettant, dans le dernier quart de leur aventure, d'innombrables « meurtres de débauche », les libertins accomplissent une singulière quête d'essence qui, bien qu'elle puisse en exhiber certaines caractéristiques constitutives, s'avère parfaitement étrangère à la trajectoire sacrificielle décrite par Bataille dans sa Théorie, et appliquée par lui au roman sadien dans La littérature et le mal. En définitive, les libertins, commentant sans relâche l'acte de tuer, semblent vouloir dépasser leur condition d'êtres mortels et basculer, depuis l'ordre culturel où ils se meuvent, dans l'étendue immanente du monde naturel. Mais si un tel passage représente, comme nous le croyons, l'objectif supérieur visé par l'inauguration de cette étrange « communauté du crime », nous ne pouvons ultimement que mesurer l'impuissance des libertins à l'atteindre. Tout, dans le texte, donne en effet à penser que les seigneurs de Silling ressortent inchangés de leurs ébats meurtriers, et que, de cette nature dans laquelle ils rêvaient de se fondre, il ne subsiste en définitive que les rouages d'une métaphysique du « crime naturel ».
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Violence, transcendance, immanence, érotisme, D.A.F. de Sade, Georges Bataille.

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.3466
Date12 1900
CreatorsLaperrière, Charles-Philippe
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
Detected LanguageFrench
TypeMémoire accepté, NonPeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://www.archipel.uqam.ca/3466/

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