Pour un dialogue plus fecond en pastorale baptismale

Trois lieux d'insertion... Une même expérience :

Se peut-il qu'une pratique ancienne puisse receler du nouveau ? Cette question paraît sans doute étrange. C'est pourtant une interrogation qui m'a donné beaucoup de tourments dans ma recherche, dont le sujet est la pastorale baptismale. Cette pratique séculaire dans l'Église se voit en effet plus qu'à son tour perçue comme «sclérosée», ou rattachée à un contexte dévolu de chrétienté. Certaines opinions courantes donnent même à penser qu'on ne peut rien trouver de bien neuf dans ce domaine.

Et pourtant, le présent mémoire de maîtrise a l'audace de répondre affirmativement à cette même question. Réalisé à la suite de quelques années d'engagement dans ce secteur de la pastorale, celui-ci couvre trois lieux d'implication, où j'ai eu le privilège d'oeuvrer depuis 1982 : le service de préparation au baptême (SPB) de la paroisse St-Luc de Chicoutimi (Nord); les commissions de pastorale baptismale des zones de Jonquière et de Valin; et enfin les sessions de formation-ressourcement dispensées aux animateurs SPB d'un bout à l'autre du diocèse de Chicoutimi.

Une problématique ouverte :

Les lacunes sont évidemment nombreuses sur le terrain de cette pratique. Mon observation réalisée aux trois paliers de notre Église diocésaine m'a notamment permis de mettre en lumière à quel point le dialogue pastoral pose problème dans cette pratique. Cette problématique se traduit en termes d'appartenance à l'Institution paroissiale : telle qu'elle se vit actuellement dans ces milieux, la pastorale baptismale met en scène des animateurs SPB d'appartenance forte (ou «nucléique»), appelés à accueillir et à accompagner des parents majoritairement «périphériques» face à cette même institution. Opéré sans discernement, ce dialogue peut à la fois freiner la croissance des parents comme éveilleurs à la foi (auprès de leur enfant) et empêcher les animateurs SPB de s'épanouir dans leur engagement.

Comme l'annonce le titre de ce mémoire, celui-ci tente un pari selon lequel différentes avenues de solution peuvent se greffer à l'intrigue formulée plus haut, pour faire du sens et ouvrir cette problématique complexe. Afin d'y parvenir, les pages suivantes ont recours à certaines disciplines et éléments empruntés à notre héritage ecclésial. Ceux-ci se résument globalement comme suit : l'histoire nous montre en Hippolyte de Rome et dans le pape Calixte deux types d'attitudes opposées face aux distants, et que l'on retrouve encore aujourd'hui; l'analyse transactionnelle vient ensuite systématiser les divers types de relations établis entre croyants et distants, en démontrant comment un dialogue réciproque et fécond nécessite une attitude «adulte»; la théologie sacramentaire nous montre, quant à elle, qu'il est possible de redéfinir la signification du baptême d'un petit enfant dans l'ensemble de l'initiation chrétienne, pour mieux vivre l'accueil du tout-venant en pastorale baptismale aujourd'hui; et enfin, l?andragogie religieuse nous enseigne que des procédés d'animation «obliques» se révèlent davantage adaptés à la mentalité contemporaine et favorisent une approche plus fructueuse.

Un dialogue aux multiples enjeux :

Ma recherche m'a conduit à mettre en évidence combien, de tout temps, le baptême (et l'ensemble de l'initiation chrétienne) a constitué une «frontière» pour l'institution ecclésiale : en accueillant la demande sacramentelle qui lui est adressée, l'Église est également amenée à se définir face au monde dans lequel elle se trouve insérée et à évaluer constamment son action pastorale. Depuis Jésus jusqu'aux animateurs SPB d'aujourd'hui, les agents ecclésiaux sont en quelque sorte les interprètes d'une vaste production où leurs moindres gestes ont une importance indéniable. Sur le «plateau» de cette pratique pastorale, les échanges qui ont lieu, si anodins soient-ils, se révèlent garants de la fécondité de l'ensemble des efforts consentis. Face à toute personne, le «messager» devient alors «message» de Jésus Christ, révélateur de l'amour sauveur de Dieu et porteur d'une Bonne Nouvelle qui fait vivre.

Le Concile Vatican II marque le passage récent, un changement d'attitude fondamental, en lequel cette recherche perçoit un modèle de dialogue pour notre Église ; avec les Instances extérieures à elle (le monde contemporain, les autres Églises, les non-croyants, etc.), mais aussi avec ceux qui, du dedans, se sont marginalisés ou ont pris leurs distances de l'institution. Ce dialogue, pour correspondre à la véritable catholicité de l'Église, doit demeurer ouvert au cheminement de croissance du tout-venant auquel s'adresse la pastorale baptismale. Cela implique en outre chez beaucoup d'intervenants pastoraux une conversion de mentalité, devant se traduire en attitudes : saisir que la vérité du sacrement de baptême se réalise avant tout dans l'accueil inconditionnel de toute personne et la mise en valeur de l'action du Dieu vivant dans son quotidien.

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QCU.1628
Date January 1989
CreatorsGirard, Irénée
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou mémoire de l'UQAC, NonPeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://constellation.uqac.ca/1628/

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