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La sorcellerie comme pratique morale et éthique, une économie morale de l'obeah à Ste-Lucie. Processus de moralisation, de légitimation et usages des évaluations morales entourant les pratiques et les practiciens de/associés à l'obeah

L'objet de ma recherche porte sur l'obeah à Ste-Lucie, compris comme un ensemble de pratiques de gestion thérapeutique, spirituelle, magique et sorcellaire de la maladie et de l'infortune. Ces pratiques, nommées de façon similaire dans d'autres îles anglophones de la Caraïbe, sont souvent associées à la sorcellerie. Toutefois, il est possible de constater à Ste-Lucie que leur désignation suppose l'énonciation de valeurs morales, attribuées aux infortunes, à leur étiologie, aux pratiques de guérison ou aux personnes qui y sont associées. Cette thèse démontre la possibilité d'envisager l'obeah comme une pratique morale et éthique - au moins autant qu'une pratique thérapeutique ou religieuse - car elle implique la production et l'utilisation de valeurs morales au quotidien. L'obeah peut être considéré comme telle dans la mesure où ces pratiques sont définies moralement, où elles sont le reflet de discours moraux (discours de/sur l'obeah) en même temps qu'elles sont l'objet de processus de moralisation (altérisation, contagion morale), où elles donnent lieu au développement d'un travail éthique chez les praticiens de/associés à l'obeah. En ce sens, les pratiques de/associées à l'obeah sont façonnées par les discours moraux et les justifications éthiques. La démonstration se base sur le concept d'économie morale pour rendre compte du contexte de production des enjeux moraux entourant ces pratiques, de la répartition des évaluations morales chez les acteurs concernés par l'obeah et produisant un discours à l'égard de ces pratiques (discours coloniaux, historiques, publics, médiatiques, biomédicaux et religieux). Ce concept permet d'envisager la circulation et l'utilisation de valeurs morales entourant l'obeah telles qu'elles sont élaborées par les institutions (légales, religieuses et médicales), mais aussi par la population st-lucienne et par les praticiens concernés par de tels jugements moraux. À travers les évaluations morales portant sur l'obeah, ce sont les valeurs et idiomes moraux des membres de la société st-lucienne qui transparaissent, mais ce sont peut-être surtout les moralités telles qu'elles sont incarnées par les gens qui sont mises de l'avant, c'est-à-dire leur travail éthique, lequel met au premier plan les enjeux entourant la moralité individuelle. Les accusations morales et sorcellaires témoignent des représentations sociales plus larges à l'égard du Bien et du Mal, mais aussi des enjeux socio-politiques actuels, selon la perspective d'une économie politique de la sorcellerie. Principalement étudiées en termes religieux, magiques, thérapeutiques et culturels, les pratiques de l'obeah sont ici analysées à partir d'une anthropologie des moralités et de l'éthique, afin de saisir les processus de moralisation qu'elles génèrent et qui en sont constitutifs.

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QQLA.2013/29968
Date04 1900
CreatorsMeudec, Marie
ContributorsMassé, Raymond
PublisherUniversité Laval
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation
Formatapplication/pdf
Rights© Marie Meudec, 2013

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