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Pour vous, mesdames.... et messieurs- Production des émissions féminines à la Société Radio-Canada à Montréal (1952-1982)- Promotion, conception des publics et culture organisationnelle genrées

Cette thèse de doctorat porte sur l’histoire de la production des émissions féminines au réseau francophone montréalais de la Société Radio-Canada (SRC). Elle cible la période de 1952 à 1982, soit de l’année marquant l’inauguration officielle de la télévision au Québec jusqu’à la disparition du Service des émissions féminines télévisées, et de son émission principale, Femme d’aujourd’hui (1965-1982). En référence aux travaux féministes récents en communication et en histoire des médias ainsi qu’en lien avec les ouvrages qui ont développé le concept de genre, la thèse s’éloigne des conclusions formulées dans les études s’inspirant du modèle de transmission qui ont interprété les médias féminins principalement comme des outils d’infériorisation des femmes. Il s’agit plutôt de rendre compte de leur complexité et de leur multidimensionnalité, ce qui s’inscrit dans les approches développées en études culturelles qui ont mis en lumière le caractère équivoque et contradictoire des médias féminins selon les contextes sociohistoriques. À cette fin, les dynamiques genrées associées à la production des émissions féminines de Radio-Canada ont été dégagées en lien avec l’évolution des changements sociaux provoqués par les mouvements féministes au Québec, une approche peu développée dans les études sur les médias au Canada. En recourant à la théorie des organisations genrées, la thèse démontre que les valeurs, les normes, les qualités, les capacités et les attentes associées à la féminité et à la masculinité ont fait partie intégrante de la culture organisationnelle du radiodiffuseur public, ce qui a généré des relations de pouvoir sexuées. Formulés dans une perspective constructiviste et une démarche qualitative inductive, les constats reposent sur l’analyse interprétative et critique des discours véhiculés d’une part dans les publications promotionnelles de Radio-Canada destinées aux publics entre 1952 et 1982 (La semaine à Radio-Canada; Ici Radio-Canada, Madame et Ici Radio-Canada) et d’autre part dans le journal du personnel Circuit fermé (1965-1982) ainsi que dans les sources éclairant les logiques de production de Femme d’aujourd’hui, conservées dans le fonds privé de la chef du Service des émissions féminines télévisées de 1965 à 1981, Mme Michelle Lasnier. L’exploitation des sources a permis de mettre en lumière les contextes institutionnels (contexte historique) et organisationnels (organisation du travail et inégalités) de la Société Radio-Canada dans le but d’historiciser les constructions des féminités et des masculinités et des rapports de pouvoir en découlant. Le contexte institutionnel et les dynamiques intersectionnelles du genre sont d’abord mis en évidence par l’étude de l’évolution de la définition des intérêts présumés des publics des émissions féminines en lien avec les contestations féministes et les remises en question de l’idéologie des sphères séparées. L’attention est ensuite portée sur la hiérarchisation de la valeur accordée par la SRC aux hommes et aux femmes comme artisan(es), sujets, invité(es) et publics, notamment grâce à l’analyse de la promotion des émissions féminines en comparaison à la promotion des émissions s’adressant plus spécifiquement aux parents, et plus rarement, aux pères et aux hommes. Les dynamiques survalorisant la masculinité et dévalorisant la féminité y sont également relevées afin d’exposer de façon plus exhaustive le caractère construit des relations de pouvoir sexuées grâce à l’examen des pressions externes et internes exercées sur Radio-Canada pour que l’émission Femme d’aujourd’hui soit diffusée aux heures de grande écoute plutôt qu’en après-midi. Le contexte organisationnel de la SRC est ensuite mis en lumière en ciblant la place accordée aux femmes et aux hommes travaillant dans l’organisation, les critiques féministes formulées à l’encontre de la société d’État, les obstacles freinant l’efficacité des politiques d’égalité des chances mises en places par la haute Direction à partir de 1975, et les mesures adoptées pour lutter contre les stéréotypes sexués dans la programmation. En dernier lieu, les relations de pouvoir et la division sexuée du travail au sein même du Service des émissions féminines sont étudiées afin de mettre en exergue les contraintes et les possibilités pour les femmes travaillant de ce secteur généralement dévalué de la production médiatique. Cette thèse souhaite ainsi extirper de l’ombre la contribution des femmes dans les médias généralistes électroniques en tenant compte à la fois des limites et des ouvertures qu’ils ont offertes pour le travail des femmes et la médiatisation de préoccupations associées aux femmes dans l’espace public. / This dissertation examines the history of daytime television and radio targeting housewives at the Société Radio-Canada (SRC) from the arrival of television in 1952 until the disappearance of the Service of televised women's broadcasts in 1982. This Service was the only Service in Montreal directed by a woman and in which women employees were more numerous than men. From 1965 to 1982, the Service produced Femme d’aujourd’hui, a TV programme developed for francophone women across Canada. Referring to feminist works in communications, history and literature that developed the concept of gender, we move away from a transmission model in media studies by drawing upon approaches developed in cultural studies that reflect the complexity and equivocal nature of media production. From a constructivist perspective and adopting a qualitative and inductive methodological approach, we analyze the discourse contained in promotional publications published by the SRC for audiences between 1952 and 1982: La semaine à Radio-Canada (1950-1966), Ici Radio-Canada Madame (1966-1967) and Ici Radio-Canada (1967-1982); in the employees’ magazine Circuit fermé (1965-1982); and in the sources preserved in the private funds of the Chief of the Service of televised women's broadcasts from December 1965 to October 1981, Michelle Lasnier. Referring to the theory of gendered organizations, this dissertation shed lights on the gendered dynamics of media production in line with the evolution of social changes brought about by the feminist movements in the 1960s and 1970s in order to explain both the limitations and opportunities they offered women in public space. Taking into account women’s work enables to demonstrate how values, standards, qualities, abilities, and expectations associated with femininity and masculinity were an integral part of the organizational culture of the public broadcaster, most often, but not always, to the detriment of women. In order to detail the institutional context, the evolution of the promotion of women's issues in connection with the evolution of feminist protests since the arrival of television in Quebec in 1952 is examined until the disappearance of the Service of televised women's broadcasts in 1982; this dissertations also demonstrates how adult audiences were designed with separate interests according to gender. The hierarchy of the values ascribed by the SRC to women and men, mainly to the advantage of the latter as artisan(s), subjects, guest(s) and public, is then analyzed: first through an examination of promotion programs targeted at women, compared with the class of programming directed specifically to fathers and men; then with the examination of pressures to Femme d’aujourd’hui to be broadcast during primetime instead of the afternoon. The organizational context of the SRC is also highlighted with an emphasis on the gendered job classification, on feminist criticisms against the State Corporation, on the barriers to the effectiveness of policies of equal opportunities adopted from 1975, and the measures taken to fight against gender stereotypes in programming. Finally, power relations and the gendered division of labour within the Service of televised women's broadcasts are studied in order to underline the constraints and opportunities for women working in what is seen, by the staff attached to the type of broadcasting, as a devalued media production sector. This thesis aims to shed light on the work of women in electronic medias, taking into account both the limitations and opportunities they offered in the mediated public space, an important concept in public communication studies.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/27394
Date24 April 2018
CreatorsLaplanche, Laurie
ContributorsBrun, Josette
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typethèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat
Format1 ressource en ligne (xv, 398 pages), application/pdf
CoverageQuébec (Province), 20e siècle
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

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