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Conditions d'émergence et développement des collections vestimentaires : patrimonialisation, muséalisation, virtualisation : regards croisés France- Canada-Québec (XIXe-XXIe siècle)

Troublée par l’avènement inopiné de la mode au musée, nous avons souhaité cerner puis examiner les fondamentaux du « musée de la mode », que nous considérons comme un concept historique. Depuis les années 1990, il s’impose en effet dans la sphère culturelle comme un nouveau modèle de musée. Nous nous questionnons donc sur le phénomène qui sous-tend cette effervescence. S’il fait son apparition dans les années 1980, il est issu d’une forme muséale plus ancienne que l’on désignait alors par « musée du costume ». Nous entendons ainsi mener une enquête sur le « musée de la mode » par la saisie de l’essence du phénomène muséal observable. Pour ce faire, il nous faut nous inscrire dans un temps long du patrimoine, afin de montrer les conditions d’émergence et la trajectoire des collections vestimentaires dans le paysage muséal et le développement des différentes formes muséales, du premier musée du costume au musée de la mode d’aujourd’hui. Du point de vue de la muséologie, la réalité du musée de la mode comme nouvelle catégorie de musée nous semble tronquée, et introduit un flou dans la pratique des collections vestimentaires. D’une part le discours sur l’objet est incomplet, puisqu’il ne prend pas en compte toutes les typologies d’artefacts vestimentaires, et d’autre part, il provoque une rupture dans l’intérêt porté à des collections plus anciennes ou moins fastueuses. Devant l’insistance à parler de vêtement « de mode » ou de haute couture, plutôt que de costume sous peine de paraître dépassé, il nous semble évident que le musée vit une tension. Pourtant les sciences humaines et sociales ont montré que la mode est un mot « valise », une porte ouverte vers la compréhension du fait vestimentaire : l’histoire et la culture des apparences, l’économie et la sociologie du paraître, le système technique et industriel de l’habillement. Il ne semble que du côté de la recherche comme du musée, une nouvelle vague est en route. L’engouement que les modes vestimentaires suscitent dans la sphère culturelle, l’attention que les universitaires lui portent, participent à revisiter l’approche des collections plus anciennes et stimuler une réflexion muséologique sur cette typologie d’objet muséal qui obtient une place de plus en plus importante dans le secteur patrimonial. Le phénomène muséal lié à la mode est loin de ne concerner que l’acquisition du contemporain. Notre recherche se donne pour objectif de générer une véritable muséologie du patrimoine vestimentaire, grâce à une recherche menée sur les fondamentaux de ce phénomène muséal, un état des lieux du paysage muséal, et la saisie des perspectives d’avenir de ces collections. Des conditions d’émergence à l’avènement du musée des modes vestimentaires, nous souhaiterions établir une nouvelle catégorie de connaissance sur l’histoire culturelle du vêtement : sa genèse patrimoniale et son parcours muséal. Au niveau théorique, nous nous sommes intéressée aux processus de patrimonialisation et de muséalisation qui traduisent, de manière simplifiée, la mise au patrimoine et la mise en musée d’un catégorie d’objet. Dans le but de rendre ces processus opérationnels, nous avons conçu une grille d’analyse qui rassemble les observations de nombreux chercheurs en museum studies et en muséologie. Ainsi, notre cadre théorique s’est affiné avec l’élaboration du concept des régimes de muséalité, en référence aux régimes d’historicité inventés par l’historien français François Hartog et aux régimes d’authenticité élaborés par l’historienne québécoise Lucie K. Morisset, qui nous a permis de déterminer les modalités, la logique et la dynamique du phénomène muséal. Nos recherches se sont basées sur une étude croisée d’institutions françaises et québécoises qui forment notre terrain : les Musées de la civilisation à Québec, le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, la Cité internationale de la dentelle et de la mode à Calais, et le Musée de la mode à Montréal. L’examen au niveau microéconomique de l’émergence et du développement des collections vestimentaires de ces musées nous a conduit à dégager, au niveau macroéconomique, quatre cycles d’investissement de sens, de construction discursive et d’élaboration de pratiques muséales spécifiques au patrimoine vestimentaire… Quatre régimes de muséalité. / Curious about the unexplained advent of the fashion museum, this study originated with the task of identifying and examining the basic characteristics of the “fashion museum, ” which it considers to be a historically specific construct. Since the 1990’s, the fashion museum has asserted itself in the cultural world as a new model of museum. This study inquires into the phenomena that undergirded this flourishing. If this institution first appeared in the 1980’s, it originated from an older model known as the “costume museum”. Thus I intend to undertake a study on the “fashion museum” using the observable phenomenon of the museum itself. To do so, this project inscribes the “fashion museum” in a long heritage tradition, demonstrating the conditions of its emergence and the trajectory that dress collections followed within the broader museum landscape, including the development of other forms of museums, from the first “costume museum” to the fashion museum of today. From a museological perspective, the fashion museum’s arrival as a new category of museum may seem truncated, and introduces ambiguity in the practices of dress collections. On the one hand, its discourse about objects is necessarily incomplete because it does not take into account the full range of typologies of vestimentary artifacts; on the other hand, it siphons interest away from older or less sumptuous collections. This type of museum exists in a state of tension, beholden to the insistence of speaking of “fashion” garments or of haute couture, rather than of costumes, which might appear outmoded. Indeed, the social sciences have show that fashion is a portmanteau word, a point of entry towards understanding the phenomenon of clothing: the history and culture of looks, the economics and sociology of appearances, the technical and industrial systems of dress. A new wave has begun for both research and museums. The passion that fashion elicits in the cultural sphere, with the attention scholars bring to the subject, has contributed to revisiting the approach of even the oldest collections and to stimulating the museological reflection this typology of museum objects that has attained an increasingly significant place within the heritage sector. Museum institutions connected with fashion are far from acquiring only contemporary pieces. The aim of this project is to generate a museology of the vestimentary heritage, thanks to research undertaken dealing with the fundamental characteristics of this phenomenon, a kind of inventory of the museum landscape, and understanding the future prospects of these collections. From the conditions under which the fashion museums emerged, this study seeks to establish a new category of knowledge about the cultural history of clothing: its genesis as heritage and its trajectory as a fitting set of objects for a museum context. On a theoretical level, this dissertation is concerned with the processes of “herigatization” and “musealization, ” essentially those processes by which a type of object becomes part of heritage and of museums. With the goal of explaining these processes, I have therefore conceived of an analytical matrix that brings together the observations of numerous researchers in museum studies and museology. Thus, this project’s theoretical framing has been refined by elaborating the concept of “regimes of museality, ” derived from French historian François Hartog’s notion “regimes of historicity, ” and the concept of “regimes of authenticity, ” adapted from Quebec historian Lucie K. Morisset. These concepts provide the possibility for determining the modalities, logic, and dynamics of the museological phenomenon. This research is based on a crossover study of French and Quebec institutions that form the relevant population: les Musées de la civilisation (Museums of Civilization) in Quebec City, Canada; le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Museum of European and Mediterranean Civilisations) in Marseille, France; the Cité internationale de la dentelle et de la mode (International Center for Lace and Fashion) in Calais, France; and the Musée de la mode (Fashion Museum) in Montreal, Canada. A microeconomic examination of the emergence and development of the dress collections at these museums clarifies four cycles at the macroeconomic level of investment of meaning, discursive construction, and elaboration of museum practices specific to vestimentary heritage… Four regimes of museality.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/28272
Date24 April 2018
CreatorsFontaine, Alexia
ContributorsDubé, Philippe, Barubé, Odile
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typethèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat
Format1 ressource en ligne (xxxix, 1040 pages), application/pdf
CoverageFrance, Québec (Province), 19e siècle, 20e siècle, 21e siècle
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

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