Scénographies de l'échec dans quelques romans francophones de l'Afrique subsaharienne

Cette thèse analyse les différentes représentations de l’échec dans quelques romans francophones subsahariens publiés entre 1961 et 2000. Relisant L’aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane, Les Soleils des indépendances et Allah n’est pas obligé d’Ahmadou Kourouma, Trop de soleil tue l’amour de Mongo Beti, Murambi, le livre des ossements de Boubacar Boris Diop et La Folie et la Mort de Ken Bugul, elle montre, à travers les personnages et leurs parcours déceptifs, que l’échec est un thème récurrent des oeuvres romanesques de cette époque-là. Les différents discours que tient le personnel du roman sur l’échec révèlent que la perception de ce phénomène est relative, car ce qui est échec pour les uns ne l’est pas pour les autres : alors que certains personnages contestent les différents abus des pouvoirs politiques, guerriers et traditionnels ainsi que les comportements déviants des autres membres du corps social, d’autres trouvent le moyen de les légitimer et rationalisent le mal. Loin de se limiter à l’analyse de l’échec dans les romans, la thèse va au-delà et propose une nouvelle herméneutique des fictions francophones d’Afrique subsaharienne : elle fait jaillir ce qui dans les interstices des romans – et chez les romanciers – permet de déconstruire et de dépasser l’imaginaire de l’échec. Ainsi, les romanciers utilisent certains procédés rhétoriques comme l’humour, l’ironie, le jeu des mots, la polyphonie narrative pour se défaire de l’emprise de l’échec. Ils montrent qu’au lieu de se complaire dans le « sanglot de l’homme noir », le sujet postcolonial devrait réévaluer son attachement aux traditions, opérer une rupture épistémologique et un ajustement culturel, s’appuyer sur l’art comme moyen cathartique, et agir pour instaurer une véritable démocratie. Au bout du compte, la thèse s’inscrit contre une lecture afropessimiste et invite à considérer les romans francophones subsahariens comme un moyen qui permettrait aux Africains d’inventer une nouvelle rationalité, une nouvelle façon de se définir face au monde ; en somme, un moyen d’espérer en des lendemains meilleurs. / This thesis analyzes the different representations of failure in some Sub-Saharan French novels written between 1961 and 2000. Rereading L’aventure ambiguë of Cheikh Hamidou Kane, Les Soleils des indépendances and Allah n’est pas obligé of Ahmadou Kourouma, Trop de soleil tue l’amour of Mongo Beti, Murambi, le livre des ossements of Boubacar Boris Diop and La Folie et la Mort of Ken Bugul, it shows, through the characters and their disappointing paths, that failure is a recurrent theme of that period. The various speeches that the personel of the novels holds about failure reveals that the perception of this phenomenon is relative, because what is a failure for some, it is not failure for others : while some characters dismiss the various abuses of warrior, traditional and political power, as well as the deviant behavior of other members of society, others find ways to legitimize and rationalize the evil. Rather than being limited to the simple matter of observation of failure in the novels, the thesis goes beyond and proposes a new hermeneutic of francophone fictions of Africa : it brings out what in the interstices of the novels – and from the novelists – allows to deconstruct and overcome the imaginary of failure. Thus, novelists use certain rhetorical processes such as humor, irony, the play of words, the narrative polyphony to escape the grip of failure. They show that instead of indulging in the “sob of the black man”, the postcolonial subject should re-evaluate his attachment to traditions, make an epistemological break and a cultural adjustment, rely on art as a cathartic means, and act to establish a true democracy. In the end, the thesis is against an Afropessimistic reading of Sub-Saharan francophone novels and invites to consider them as a means that would enable Africans to invent a new rationality, a new way of defining oneself in the face of the world ; in short, a way to hope for a better tomorrow.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/34870
Date16 May 2019
CreatorsNsangou, Jonathan Russel
ContributorsKègle, Christiane
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typethèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat
Format1 ressource en ligne (x, 290 pages), application/pdf
Coverage20e siècle
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

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