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Les concessions forestières des communautés locales : acceptabilité sociale et enjeux pour une gestion durable des forêts en République démocratique du Congo

Depuis 2014, la République démocratique du Congo (RDC) s'est engagée dans l'opérationnalisation de la foresterie communautaire, à travers l'institutionnalisation des concessions forestières des communautés locales (CFCLs). Cette transition de gouvernance revêt un caractère innovant et offre de nouvelles perspectives à l'ensemble des acteurs impliqués dans le secteur forestier, tant au niveau central que local. Cette étude a été initiée pour explorer l'acceptabilité sociale des CFCLs et les enjeux qui en découlent pour une gestion durable des forêts en RDC. Spécifiquement, il a été question (i) d'analyser l'évolution du système de gestion forestière en RDC ; (ii) d'évaluer la perception et l'attitude des communautés locales envers la CFCL comme mode de gestion forestière ; et (iii) de documenter et expliquer les dynamiques citoyennes locales avec leur implication dans l'implantation des CFCLs. Une approche mixte, combinant des techniques de recherche quantitative et qualitative, notamment des entretiens semi-structurés (91), des groupes de discussion (11), et des enquêtes réalisées auprès de 239 ménages, a été utilisée dans deux CFCLs situées dans les provinces du Maniema et de l'Équateur, en RDC. Les résultats montrent que les systèmes actuels de gestion forestière en RDC s'inscrivent dans une longue tradition, remontant de l'époque coloniale. Les compétences techniques sont inégalement réparties au sein de l'administration forestière, avec une forte prédominance au niveau central. Le cadre institutionnel demeure entaché d'un passé colonial qui, couplé aux contextes socio-économique et politique du pays, rend difficile l'opérationnalisation des reformes entreprises dans le secteur forestier, notamment celles relatives à la foresterie communautaire. Les indices de perception et de capital social construits dans le cadre de cette étude démontrent une attitude positive des communautés locales envers la CFCL. L'éducation, l'âge, la profession, la connaissance du cadre légal et la taille de la famille sont les principaux facteurs influençant l'attitude envers la CFCL. Les procédures administratives accroissent les coûts d'acquisition d'une CFCL et affectent négativement l'attitude des communautés. Enfin, les résultats révèlent l'existence d'une diversité d'organisations locales généralement homogènes au sein des CFCLs. Ces groupes communautaires et les réseaux sociaux qui en résultent au sein des villages constituent une plateforme qui permet aux acteurs de partager leurs connaissances, expériences et préoccupations. Ils offrent de nombreuses opportunités en termes d'apprentissage, et peuvent servir de base pour améliorer la gouvernance des CFCLs. Les groupes traditionnellement marginalisés, tels que les jeunes, les femmes et les populations autochtones, y sont faiblement représentés, et participent rarement à la prise de décisions au sein des communautés, ce qui peut limiter leur représentativité même dans les organes de gouvernance de la CFCL. Cette étude démontre un potentiel d'adhésion des communautés locales à la CFCL, et met en évidence le besoin de tenir compte des réalités locales, notamment la structure organisationnelle locale et les capacités des communautés à prendre en charge une CFCL. En plus d'être applicables dans d'autres pays d'Afrique centrale engagés dans la foresterie communautaire, les résultats de cette étude pourraient trouver des applications lors des réformes prévues à l'issue de la phase expérimentale pour améliorer le cadre réglementaire régissant les CFCLs en RDC. / Since 2014, the Democratic Republic of Congo (DRC) has been engaged in the operationalization of community forestry, through the institutionalization of the local community forest concessions (LCFCs). This transition in governance is innovative for all institutions involved in the implementation of this process, both at the central and local levels. This study was initiated to explore the social acceptability of LCFCs and the resulting challenges for sustainable forest management in the DRC. Specifically, it was a question of(i) analyzing the evolution of the forest management system in the DRC; (ii) evaluating the perception and attitude of local communities toward LCFC as a forest management model; and (iii) document and explain the dynamics of citizens' involvement in the implementation of LCFCs. A mixed-methods approach, combining quantitative and qualitative research techniques, including semi-structured interviews (91), focus groups (11), and surveys of 239 households, was used in two LCFCs located in Maniema and Equateur Provinces, DRC. Results show that current forest management systems in the DRC are part of a long tradition, dating back to the pre-colonial and colonial eras, which continues to influence and characterize current management patterns. The institutional framework remains tainted by a colonial past which, coupled with the country's socio-economic and political contexts, makes it difficult to operationalize the reforms undertaken in the forestry sector, particularly those related to community forestry. The perception and social capital indices constructed in this study demonstrate a positive attitude of local communities toward the LCFC. Education, age, occupation, knowledge of the legal framework and family size are the main factors influencing attitudes toward LCFC. Administrative procedures increase the costs of acquiring a LCFC and negatively affect community attitudes. Finally, the results reveal the existence of a diversity of generally homogeneous local organizations with in the studied LCFCs. These community groups and social networks within villages provide a platform for stakeholders to share their knowledge, experiences, and concerns. These structures offer many opportunities for learning and can serve as a basis for improving the governance of LCFCs. However, traditionally marginalized groups such as youth, women, and indigenous peoples are poorly represented and rarely participate in community decision-making, which can limit their representation in LCFC governance bodies. This study demonstrates un potential for local community buy-in to the LCFC, and highlights the need to consider local realities, including local organizational structure and community capacity to take charge of a LCFC. In addition to being applicable to other Central African countries engaged in community forestry, the results of this study could be applied to the reforms planned at the end of the experimental phase to improve the regulatory framework governing LCFCs in the DRC.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/73604
Date29 June 2022
CreatorsBaraka, Prince Lucungu
ContributorsDhital, Narayan Prasad, Khasa, Phambu
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typethèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat
Format1 ressource en ligne (xix, 120 pages), application/pdf
CoverageCongo (République démocratique)
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

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