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Une histoire contrariée du bergsonisme en Espagne [1889 - années 1920] / A complicated history of bergsonism in Spain [1889-1920]

À la fin du XIXe siècle, alors que l’Europe assiste au retour triomphal de la métaphysique dont Henri Bergson est une figure de proue, sur le positivisme, l’Espagne de la Restauration bourbonienne fait figure de résistante. La répartition bipolaire de l’intellectualité espagnole, entre les conservateurs néo-thomistes et les réformateurs de plus en plus attirés par la psychologie scientifique notamment, rend le dialogue primordialement impossible avec le bergsonisme, à la fin du XIXe siècle. Seul Leopoldo Alas tente de faire entendre la « philosophie nouvelle », dans son pays. Après que le bergsonisme ait été boudé, durant ces premières décennies d’existence par l’Espagne, la crise théologique moderniste de 1907 précipite son entrée dans la péninsule. Les premiers acteurs « philosophiques » du bergsonisme sont anti-bergsoniens et catholiques. Cet anti-bergsonisme religieux se double, pendant la Grande Guerre, d’un rejet politique de ce que symbolise Bergson, principalement lors de sa visite diplomatique à Madrid, en 1916. Parallèlement, les réformateurs, férus de pédagogie, qui ont créé en 1876 la Institución Libre de Enseñanza, découvrent la conceptualité bergsonienne qu’ils intègrent progressivement, entre 1900 et 1920, dans leur nouvelle science psychopédagogique. Toutefois, les véritables acteurs de la régénération métaphysique sont les poètes symbolistes, appelés « modernistes » en Espagne, puis les avantgardes esthétiques. Ce sont eux qui transfigurent le bergsonisme en une [méta]physique intime et organique. Ce n’est que dans un second temps, dans les années 1910, et non sans obstacles que les spécialistes espagnols de philosophie intègrent le bergsonisme. / At the end of the 19th century, Europe witnessed a revival of neo-thomist metaphysics, championed by Henri Bergson, over positivism. Spain, under the restored Bourbon monarchy, resisted the trend. Spanish intellectuels were split between neo-thomist conservatives and reformers increasingly attracted notably by scientific psychology, making dialogue with Bergsonism impossible in practice during this period. Only Leopoldo Alas endeavored to spread the "new philosophy" in his home country. After this rejection of bergsonism in its early decades, the modernist theological crisis of 1907 precipitated its arrival in the Iberian preninsula. Paradoxically, the first actors of Bergsonian philosophy were its Catholic opponents, whose religious opposition was complemented by political opposition to all that Bergson symbolised; this was particularly flagrant during his diplomatic visit to Madrid during the 1st world war in 1916. In parallel, those reformers, with a pedagogical bent, who had created in 1876 the Institución Libre de Enseñanza, were discovering the Bergson conceptual framework that they incorporated progressively between 1900 and 1920 into their new psycho-pedagogical science. However the real motor of this metaphysical renaissance were the Symbolist poets, called "Modernists" in Spain, followed by avant-garde aesthetes. It is these groups who gave bergsonism an organic [meta-]physical reality and it was only in the years after 1910, did Spanish philosophers per se accept, not without difficulty, the tenets of bergsonism.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2010PA030116
Date27 November 2010
CreatorsLacau St Guily, Camille
ContributorsParis 3, Salaün, Serge
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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