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Rôle de l'exposition professionnelle aux agents biologiques dans les cancers broncho-pulmonaires : Analyse de l'étude cas-témoins Icare / Role of Occupational Exposure to Biological Agents in Lung Cancers : Results of the Case-Control Study ICARE

Contexte : Le cancer du poumon est le cancer le plus associé aux expositions professionnelles. Bien que l’amiante soit sans doute le facteur étiologique professionnel le plus connu, plusieurs éléments suggèrent également l’implication de facteurs modifiables d’origine environnementale ou professionnelle, beaucoup plus rarement étudiés, parmi lesquels les agents biologiques. Si les endotoxines - toxines situées dans la membrane externe des bacilles Gram négatif - sont fréquemment associées à une réduction du risque de cancer du poumon, les infections à papillomavirus humains sont suspectées d’augmenter ce risque. Les résultats des études épidémiologiques sur le sujet sont divergents et sont régulièrement limités par de nombreuses faiblesses méthodologiques incluant entre autres la non prise en compte du tabagisme et de l’exposition à l’amiante.Objectifs : L’objectif de cette thèse est d’étudier le rôle des agents biologiques présents sur les lieux de travail dans la survenue des cancers broncho-pulmonaires. Plus spécifiquement, les objectifs de ce travail sont : (1) d’étudier le rôle de l’exposition professionnelle aux endotoxines sur le risque de cancer du poumon, d’évaluer les aspects de la relation dose-effet ainsi que les interactions possibles avec les antécédents des maladies respiratoires; (2) de s’intéresser plus particulièrement à l’industrie textile, source de fortes expositions aux endotoxines, en étudiant le risque de cancer du poumon associé à l’exposition professionnelle aux poussières textiles ; (3) d’étudier le risque de cancer du poumon dans l’industrie de la viande en testant, notamment l’hypothèse d’une exposition à un agent viral.Population et méthodes : Ce travail s’est appuyé sur les données de l’étude cas-témoins en population générale ICARE. Les cas de cancer du poumon ont été identifiés dans 10 départements français abritant un registre général de cancer. Au total, 2276 cas de cancer du poumon et 2780 témoins hommes ont été inclus ainsi que 650 cas de cancers du poumon et 775 témoins femmes. Les descriptions détaillées de l’histoire professionnelle complète recueillies par des questionnaires standardisés ont permis de coder les professions et les secteurs d’activités de chaque emploi selon les classifications CITP 1968 et NAF 2000.Résultats : Nous avons trouvé une association inverse entre les expositions professionnelles aux endotoxines et le risque de cancer du poumon particulièrement plus marquée chez les travailleurs de l’élevage (tous types) et de la collecte et traitements des déchets. Les odds ratios de cancer du poumon diminuent avec la durée et l’indice cumulé d’exposition aux endotoxines. Nos résultats ne soutiennent pas l'existence d'une forte association entre l'exposition professionnelle aux poussières textiles et le cancer du poumon, néanmoins, ils montrent une diminution significative de 30% du risque de cancer du poumon chez les travailleurs du coton avec OR= 0,7 ; IC 95% [0,5-0,9]. Par ailleurs, nous observons une association positive significative avec le risque de cancer du poumon chez les travailleurs de l’industrie de la viande (OR= 1,46 [1,0-2,1]). Cependant, les antécédents de verrues de la main ne semblent pas avoir d’effet modificateur dans l’association entre le travail dans l’industrie de la viande et le risque de cancer du poumon.Conclusion : Nos résultats soutiennent le rôle important des expositions professionnelles comme déterminants du risque de cancer du poumon. Ils confirment les associations inverses entre les expositions aux endotoxines et le risque de cancer du poumon suggérant fortement l’hypothèse d’un effet anti-tumoral des endotoxines vis-à-vis du poumon. Par ailleurs, ils semblent indiquer que le travail dans l’industrie de la viande est une situation d’exposition à risque de cancer du poumon sans toutefois conclure formellement quant à l’implication des infections à papillomavirus humains. / Background: Lung cancer is the most common cancer associated with occupational exposures. Although asbestos is the best known occupational etiologic factor, several hypotheses suggest the involvement of some environmental or occupational modifiable factors, much more rarely studied, including biological agents. Endotoxins-toxins being part of the outer membrane of Gram-negative bacilli- are commonly associated with reduced risk of lung cancer, while human papillomavirus infections are suspected of increasing the risk. However, the majority of published studies had small numbers of cases and some methodological issues such as inadequate adjustment for tobacco smoking and occupational exposure to asbestos.Objectives: The aim of the present work is to study the role of biological agents found in the workplace on lung cancer risk and more specifically: (1) to investigate the role of occupational exposure to endotoxins on lung cancer risk, to assess dose-response relationship aspects and possible interactions with history of respiratory disease; (2) to focus on the textile industry, which is a source of high exposure to endotoxins, by examining the risk of lung cancer associated with occupational exposure to textile dust; (3) to study the risk of lung cancer in the meat industry by testing the hypothesis of an exposure to a viral agent.Population and methods: This work was based on a large population-based case-control study, ICARE. Cases and controls were recruited from 10 French departments. Incident cases were identified through French cancer registries. A total of 2,926 lung cancer cases (2,276 men and 650 women) and 3,555 controls (2,780 men and 775 women) were included. Detailed information on lifetime occupation was collected through standardized questionnaires. Jobs and sectors were coded according to the ISCO 1968 and the NAF 2000 classifications.Results: Our results showed an inverse association between exposure to endotoxins and lung cancer risk particularly among livestock (all types) and waste collection and treatment workers. Negative trends were shown with duration and cumulative exposure. Furthermore, our findings do not the existence of strong association between occupational exposure to textile dust and lung cancer. A decreased risk was suggested for distant exposures and for work with cotton fibres (OR = 0.7; 95% CI [0.5-0.9]). On the other hand, we observe a significantly increased risk among meat workers OR = 1.46 [1.1-2.1]). However, the history of hand warts does not seem to have any modifying effect on the association between work in the meat industry and the risk of lung cancer.Conclusion: Our findings support the important role of occupational exposures as a determinant of lung cancer risk. This confirms the inverse associations between endotoxin exposures and the risk of lung cancer strongly suggesting an anti-tumor effect of endotoxins towards the lung. This also seems to indicate that working in the meat industry is a risky situation for lung cancer without, however, formally concluding about the involvement of human papillomavirus infections.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2017SACLS394
Date06 November 2017
CreatorsBen khedher, Soumaya
ContributorsParis Saclay, Stücker, Isabelle, Radoï Pervilhac, Loredana
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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