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Gouvernant à l’échelle micro :Les élites politiques locales de la Roumanie postcommuniste. Etude de cas :Commune Ceptura, Département Prahova / Guvernarea la scară micro :Elitele politice locale ale României postcomuniste. Studiu de caz - Comuna Ceptura, Judeţul Prahova

Le moment majeur qui détermine l’inscription de la Roumanie sur la liste des pays démocratiques, en concordance avec les changements politiques qui s’opèrent dans la région de l’Europe centrale et orientale, est situé en 1989. Cette année-là, en décembre, a lieu l’événement politique qui a permis l’introduction du pluralisme politique, apportant à l’intérieur du débat scientifique la problématique du postcommunisme. Le contexte roumain postcommuniste entraîne l’apparition de multiples réflections ayant comme sujet les élites politiques, l’instauration de la démocratie, la fonctionnalité réduite des instruments démocratiques dans cet espace, l’étude du gouvernement, mais en large partie, ce sont des études d’envergure nationale. La nouveauté de cette recherche est centrée précisément sur l’approche du local dans l’analyse du processus de gouvernement dans la période post – 1989, à travers une recherche sur les élites locales. La validité d’une telle démarche peut être augmentée en soulignant l’importance substantielle que le local comme espace politique et administratif détient au niveau européen. Le niveau local est un matriciel, fournisseur d’explications fondamentales concernant la configuration d’un régime politique en son ensemble.Le sujet de ma recherche est représenté par la constitution et l’évolution des élites politiques locales postcommunistes en contexte roumain. Pour traiter ce thème, j’ai choisi une étude de cas sur une commune de la zone sud-est du pays, un découpage administratif riche comme matériel de recherche dans le domaine des sciences politiques et sociales. Mon intérêt est centré sur l’émergence, le devenir et la consolidation du régime politique d’après 1989 et en ce sens je me suis proposé de réaliser une analyse du mode de structuration du gouvernement au niveau local, en partant d’une de ses composantes fondamentales – celle des élites politiques. La nouveauté de la recherche réside justement dans la richesse et l’inédit de l’approche, ayant pour objectif d’apporter une importante contribution à la littérature académique sur les élites politiques. En anticipant, les conclusions du travail mettront en avant toute une série des aspects non – explorés auparavant, relatives à ce sujet. Tout cela est dû à la considéation d’un micro-cosmos, comme image restreinte de la métamorphose générale de la société au cours d’un changement de régime politique. L’organisation administrative du pays prévoit les deux niveaux de gouvernement – national et local, ce qui fait que, pour le dernier, les élites locales, en occupant des positions de pouvoir, ont-elles aussi ont la tâche de gérer une nouvelle réalité politique et sociale introduite suite à l’effondrement du communisme. Le travail de construction politique et institutionnelle à l’échelle micro constitue un objet de recherche passionnant et l’analyse en profondeur des agents de la démocratisation à la base, dans le milieu rural, fait ressortir des résultats pouvant créer de nouvelles pistes d’interprétation de la transformation dans le passage du communisme vers la démocratie. La thèse se concentre sur une relation croisée entre le comportement et les trajectoires des élites locales et les aménagements institutionnels dans le postcommunisme. L’accent tombe donc sur les élites locales, mais celles-ci sont étudiées par rapport au contexte, plus précisément prenant en compte la configuration institutionnelle spécifique qu’elles peuplent et construisent à la fois. Cette étude, circonscrite à un micro-univers local, tiens constamment compte des rapports local – national et de l’articulation entre les deux, incitant à la découverte d’une nouvelle vision combinant les échelles micro et macro dans une perspective enchevêtrée, susceptible de faire paraître de nouveaux chantiers de recherche scientifique.Structure de la thèse Le contenu de la thèse est divisée en sept chapitres principaux et plusieurs sous-chapitres, suivant le fil logique de la construction argumentative. Les positions finales inscrites dans la table des matières joignent à la structure centrale les conclusions rédigées suite à la recherche effectuée, les annexes de la thèse, ainsi que le corpus bibliographique. L’entier travail est précédé par un argument synthétisant les enjeux de la démarche scientifique, ainsi que la motivation du choix d’un tel objet de recherche. Le chapitre introductif est destiné à faire l’entrée dans la matière de la recherche, se proposant aussi de présenter le local comme objet d’étude de la science politique. Celui-ci inclut des considérations à caractère général sur la dynamique du milieu rural roumain, dans un essai d’écriture de son histoire récente (évolution des zones rurales sous le régime communiste et transformation après 1989). Le deuxième chapitre renferme la démarche méthodologique poursuite au cours de la recherche, en se donnant la tâche d’expliquer clairement le sujet, les objectifs, les dimensions, la question et les hypothèses de la recherche. Le terrain de l’enquête vise le niveau micro, une communauté rurale roumaine et les instruments méthodologiques doivent être appropriés; en dépit du niveau restreint établit apriori, le travail ample et les données variées exigent l’utilisation de la triangulation méthodologique. Ensuite, après la description des méthodes de recherche, l’intérêt se penche sur le contexte général des transformations se déroulant dans le passage des régimes communistes à des régimes démocratiques dans la zone centrale et est-européenne, avec un évident accent sur l’espace roumain. Les mutations survenues dans les communautés rurales suite à la désintégration des structures collectivisées, les enjeux de la décollectivisation occuperont la partie centrale du chapitre. Dans le milieu rural roumain, l’effondrement du communisme est assimilable en grandes lignes aux efforts et aux modalités de décollectivisation, de rétablissement de la propriété privée, dans un processus restaurateur de l’ordre précédant l’installation du communisme. Le quatrième chapitre approche la notion de gouvernement local, dans une perspective pluridimensionnelle. Après le passage en revue de la construction du terme de “gouvernement” et des concepts qui lui sont associés, envisagés sous un regard évolutif, le chapitre traite les rapports qui se forgent entre les domaines du politique et de l’administration publique, pour ultérieurement s’attarder sur la configuration du gouvernement local dans la Roumanie postcommuniste. L’analyse prend en compte les dimensions réglementaire, administrative, gestionnaire et politique qui décrivent les efforts de structuration du pouvoir local, se basant sur des sources primaires retrouvables dans les archives locales de la mairie de Ceptura et dans les archives départementales de Prahova. L’investigation des documents d’archive renforce les conclusions écrites sur la naissance et le développement du gouvernement local, apportant des éléments de nouveauté dans le champ de la recherche, liées au fonctionnement des institutions locales durant un changement de régime. Il est nécessaire cependant de rappeler les difficultés rencontrées au cours de la documentation dans les archives :absence, désordre des papiers, accès alourdi aux documents. Le cinquième chapitre est destiné à une esquisse monographique de l’espace étudié, pour la présentation de l’objet de la recherche. La construction du chapitre respecte le schéma classique d’une étude monographique, traitant des éléments de type géographique et historique, démographique, ainsi que des éléments attachés au développement économique et culturel de la commune.Le sixième et le septième chapitre constituent en effet le noyau dur de la thèse de doctorat ;ceux-ci portent sur la construction démocratique au niveau local après 1989, analysant en profondeur les acteurs politiques qui gèrent le devenir du régime politique roumain après la révolution de décembre. Le local comme espace politique est traité sous une perspective dynamique, se penchant sur des aspects comme les élections locales, les institutions et les autorités politico-administratives locales, la vie partisane locale pendant les six législatures postrévolutionnaires, envisagées en articulation avec la transformation d’ensemble, du niveau national. L’attention n’est pas concentrée tellement sur la constitution et le fonctionnement des structures institutionnelles locales démocratiques, mais plutôt sur ses artisans. L’émergence et le développement d’une élite politique locale (post)communiste sera minutieusement analysée, aboutissant à proposer des profils sociologiques des membres de la couche incarnant le pouvoir local. La reconstitution des trajectoires politiques des élus locaux a aussi pour but de vérifier la validité de la théorie de la circulation versus la reproduction des élites dans le contexte du changement de régime politique. Construction théorique de la rechercheRemarquables au niveau global, les analyses de l’élément local dans l’espace autochtone suscitent depuis peu de temps véritablement l’intérêt des chercheurs. Pour ce qui concerne la Roumanie, le niveau local n’a constitué l’objet que d’un numéro assez réduit d’analyses qui s’attardent soit sur le déroulement et les effets de la collectivisation communiste dans différents espaces ruraux, soit sur l’observation de la géographie électorale, soit sur la formulation d’une perspective historique ou bien ethnographique. Le déroulement de la vie politique, culturelle ou économique d’un espace sous-national ne constitue pas véritablement l’objet des études scientifiques.Cette recherche s’inspire des instruments d’une approche de micro-histoire, courant de l’historiographie moderne qui apparaît dans les années 1970. Afin de saisir la profondeur des événements, les conditions de déroulement et le contexte, l’enjeu est de quitter les domaines étendus et s’attarder sur l’individu et sur les parcours particuliers. Le gouvernement local consiste dans la prise de décisions et leur implémentation dans le cadre de la communauté. Ce processus se déroule à l’intérieur des institutions publiques qui existent et s’organisent en suivant les prescriptions des lois nationales, étant toutefois propres à l’unité administrative respective. Soit dans le cadre du niveau basique, qui est celui de la commune ou de la ville, soit à une échelle plus répandue, d’une région ou d’une province, l’exercice du gouvernement est légitimé par les élections directes et par la responsabilité des élus devant les électeurs. La Loi fondamentale de la Roumanie postcommuniste élaborée en 1991 et modifiée en 2003 indique les deux niveaux du fonctionnement des structures de l’administration publique :le niveau central et le niveau local. La Constitution mentionne les principes du fonctionnement de l’administration locale :décentralisation, autonomie locale et déconcentration des services publics, indiquant aussi les principaux acteurs de l’exercice du gouvernement local – les maires et les conseillers locaux.Dimensions de la recherche Tenant compte de l’amplitude du sujet de la recherche, j’essaie de focaliser l’attention autour de ces aspects fondamentaux: les élites politiques considérées comme les agents de la « démocratisation » locale et la formulation d’une perspective monographique. Partant d’une perspective dahlienne sur les élites politiques et sur les relations de pouvoir qui s’établissent au sein d’une communauté de dimensions restreintes, cette recherche se concentre sur une relation croisée entre le comportement et les trajectoires des élites locales et les aménagements institutionnels dans le postcommunisme. L’accent tombe donc sur les élites locales, mais celles-ci sont étudiées par rapport au contexte. En ce qui concerne la dimension des élites, j’identifie en premier lieu de quel type d’élites il s’agit - administratives, entrepreneuriales, politiques, culturelles, j’observe si elles sont ou non différenciées, j’analyse plus précisément quels sont les acteurs qui peuplent cette architecture institutionnelle, en partant d’une dimension éminemment démocratique du régime politique roumain d’après 1989, respectivement la dimension élective. Je réalise un inventaire des personnes qui occupaient des fonctions importantes avant 1989 pour observer s’il existe une perpétuation de celles-ci dans des postes dirigeants. Par une définition simplificatrice et toutefois révélatrice, il faut comprendre par élites politiques les personnes élues pour les fonctions de maire ou conseiller local. Ces élites locales sont envisagées en employant une perspective historique, une perspective anthropologique et une perspective sociologique. La perspective historique va se concentrer sur l’étude des trajectoires des élites politiques, visant la constitution d’une étude positionnelle. Etant donné le fait qu’on se concentre sur un micro-cosmos local, la perspective anthropologique va se pencher sur les interactions symboliques, sur les réseaux qui se forgent, sur l’(auto)représentation, sur la manière de se construire une identité dans le cas de ceux qui forment cette élite. La perspective sociologique consiste dans l’esquisse d’un profile des élus locaux sur la base de critères tels l’âge, le genre ou la profession, le but étant celui d’identifier des caractéristiques générales des élites locales et de proposer une image du leader politique postcommuniste des communautés rurales. L’illustration de la structure monographique du village Ceptura est aussi un des objectifs déclarés de ce travail, ayant le but de réaliser une image très concrète de la réalité étudiée. L’intention s’inscrit dans la direction de soutenir un registre bien nuancé de ce que l’espace local et toutefois unité administrative de base représente et de définir clairement la spatialité de la recherche. Méthodologie L’analyse consiste dans une étude de cas de type longitudinal, s’occupant de l’évolution des trajectoires des élites locales dans l’intervalle de temps 1990 – 2012. Pour bien ancrer la validité des hypothèses de recherche, un regard historique va être opéré afin de saisir les parcours des élites pendant la dernière période du régime communiste. La perspective historique prendra en compte les deux moments-clé du postcommunisme :1989-1990 – « la révolution locale » et l’institution d’une « démocratie locale » et 2007 – année de l’adhésion de la Roumanie à l’Union Européenne, dont l’impact este ressenti fortement au niveau local. Les sources secondaires font partie de la littérature de spécialité dans le domaine du postcommunisme, dédiée au sujet comme par exemple la démocratisation, la transition, les élites politiques. En partant de la qualification de l’objet de la recherche comme “sous-système administratif”, l’opérationnalisation des concepts qui permettra l’ancrage théorique de la recherche sera placée dans le contexte de l’inextricable relation établie entre l’administration et la politique. L’action de gouverner au niveau local représente l’articulation, la mise en marche à niveau micro des mécanismes et processus politiques établis aux échelons supérieurs. Les méthodes de recherche employées seront également quantitatives et qualitatives. Je fais appel aux statistiques avec les résultats des élections pour la Mairie et le Conseil Local commençant avec 1990 et jusqu’au présent. Aussi, j’ai réalisé des entretiens avec les personnes formant l’élite politique locale, mais aussi des entretiens avec des informateurs privilégiés. L’utilisation de la méthode de l’observation participante a été aussi envisagée, puisque l’étendue de la recherche doctorale comprends le moment électoral de 2012 ;une approche comparative entre les trajectoires des élites locales est elle aussi envisagée .Ainsi, le bricolage qui est intrinsèque à une enquête de terrain essayera de produire des données valides en utilisant plusieurs méthodes :l’observation participante, les entretiens, les recensements et d’autres comptages, les listes généalogiques et pas en dernier lieu les sources écrites (les archives de la Mairie, les archives de la Coopérative Agricole de Production « 1 Mai Rotari Ceptura »), respectant le principe de triangulation. Résultats de la recherche Reproduisant au niveau local des patterns de transformation du personnel politique du niveau central, les événements de décembre 1989 permettent la reconversion d’une importante partie de l’ancienne nomenklatura dans des postes dirigeants au sein de nouvelles institutions locales, à côté des représentants provenant des environnements divers, dans un chœur du pluralisme, validé à travers des élections libres. L’équilibre plus ou moins fragile de l’interpénétration anciens communistes – nouvelles élites permet au deux parties de trouver les ressorts pour assurer leur survie.La perspective de la reconversion des élites communistes pour lesquelles la révolution est susceptible à interrompre le parcours politique, incite celles-ci à adopter une double stratégie :accepter les règles d’un jeu démocratique, radicalement différent du régime qu’ils connaissent et une fois la décision prise, trouver des routes accessibles pour entrer dans le nouveau environnement ;l’implication dans la gestion de la situation révolutionnaire assure un parcours logique pour la prise en charge de nouvelles fonctions politico – administrative. En parallele avec la reconversion, le paysage politique local autochtone compte sur un véritable processus de circulation, incontestable si on prend en compte la re-pluralisation évolutive des formations partisanes promouvant continuellement de nouvelles figures dans des postes électives locales. Il s’agit donc d’un renouvellement constant des membres formant l’élite politique locale, personnages qui comptent bien sur un degré haut d’indépendance politique par rapport au régime socialiste. Pour les pays de la zone centre-est européenne, le rural est une réalité dynamique qui pèse significativement si on prend en compte les criteres de l’étendue géographique et la proportion de la population. Le temps du bricolage en matière de politique locale semble avoir être dépassé; le renforcement législatif, le suivi des procédures strictes, la bureaucratisation de l’administration publique, l’augmentation du poids des élections locales sont tout autant des éléments qui soutiennent un changement de paradigme dans la recherche sur les élites politiques locales de la Roumanie dans les 25 ans de postcommunisme. Vingt-cinq après la chute du communisme, le changement générationnel, mais aussi une nouvelle élite retrouvant ses origines dans des activités commerciales (commerçants et chefs d’entreprise), démontre la croissance de l’intérêt des gens impliqués dans des professions libérales d’entrer dans l’arène de la vie politique locale pour y perdurer. Le développement économique des communautés locales fait paraître cette nouvelle couche, dont l’esprit d’initiative va l’orienter vers les institutions politico – administratives.Il est important de favoriser une perspective interactive entre les niveaux macro et micro – institutionnel :il s’agit d’une part d’observer la mise en place dans le territoire des politiques et des actions décidées à l’échelle nationale et d’autre part d’observer les échos allant des zones rurales vers le centre. Le local est en soi un enjeu politique. / Doctorat en Sciences politiques et sociales / info:eu-repo/semantics/nonPublished

Identiferoai:union.ndltd.org:ulb.ac.be/oai:dipot.ulb.ac.be:2013/221016
Date24 November 2015
CreatorsTanase, Emilia-Elena
ContributorsDe Waele, Jean-Michel, Stanomir, Ioan, Chioveanu, Mihai CM, Baluta, Ionela, Delwit, Pascal, Voicu, Bogdan VB
PublisherUniversite Libre de Bruxelles, Universite de Bucarest, Faculte de Sciences Politiques, Sciences Politiques - Doctorat en Sciences Politiques, Université libre de Bruxelles, Faculté de Philosophie et Sciences sociales - Sciences politiques et sociales, Bruxelles
Source SetsUniversité libre de Bruxelles
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typeinfo:eu-repo/semantics/doctoralThesis, info:ulb-repo/semantics/doctoralThesis, info:ulb-repo/semantics/openurl/vlink-dissertation
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