Cette thèse analyse le rôle de la communication dans les transformations de l'économie mondiale. Elle questionne la "nouveauté" du capitalisme avancé, rebaptisé fréquemment "société globale de l'information". L'idée générale développée est que la "nouveauté", ou le caractère "révolutionnaire" de l'ère de l'information réfère davantage à une transformation d'ordre culturel liée à l'apparition d'un nouvel imaginaire économique qu'à une transformation strictement technologique. L'objectif de la thèse est de développer certains éléments théoriques d'une approche culturelle de l'économie afin d'expliquer comment le capitalisme mondialise, financiarise, et informatise---décrit comme une structure abstraite, auto-reproductive et déconnectée des rapports sociaux---s'enchasse dans des pratiques culturelles et des espaces sociaux spécifiques, qui participent à la reproduction symbolique et matérielle de l'économie mondiale. Notre lecture de l'économie politique critique s'appuie sur le concept d'imaginaire développé par Cornelius Castoriadis, en vue d'analyser les transformations épistémologiques néolibérales qui ont accompagné la restructuration des rapports sociaux globaux et locaux en fonction du paradigme de la communication cybernétique. Au coeur du nouveau régime d'accumulation financiarisé, cette transformation de la philosophie politico-économique constitue une victoire de certaines forces sociales, notamment des banques transnationales et des corporations qui oeuvrent dans les secteurs des services informationnels (assurance, informatique, télécommunication) face aux anciennes élites associées au compromis fordiste-keynésien. Un ensemble de discours et de pratiques sociales sont analysés en vue d'insister sur le rôle constitutif de la culture dans le régime d'accumulation financiarisé, qui normalise une forme de subjectivité "auto-régulée". La complémentarité institutionnelle entre la dérèglementation du secteur financier, des télécommunications et des droits de propriété intellectuelle à l'échelle locale et globale est également étudiée afin d'expliciter l'enchassement institutionnel du régime d'accumulation financiarisé. Ces transformations institutionnalisent l'imaginaire du capitalisme cybernétique et participent à une profonde reconfiguration des rapports de domination. Il est soutenu qu'une nouvelle forme de domination dépersonnalisée assure l'ordre dans la société globale de l'information. La spécificité de cette nouvelle forme de domination réside dans sa prétention "démocratique", dans la mesure ou les désirs d'émancipation sont instrumentalisés pour assurer la légitimation du régime d'accumulation et la reproduction élargie du capital.
Identifer | oai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/29835 |
Date | January 2009 |
Creators | Ouellet, Maxime |
Publisher | University of Ottawa (Canada) |
Source Sets | Université d’Ottawa |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thesis |
Format | 344 p. |
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