Return to search

La santé sexuelle et reproductive : savoirs situés des migrantes boliviennes vivant en Argentine

Bien que les études montrent qu'une meilleure prise en charge de la santé sexuelle et reproductive (SSR) contribue à réduire le taux de mortalité infantile et maternelle, le nombre de grossesses non désirées et le taux d'infections transmises sexuellement, il reste beaucoup à faire pour améliorer la situation sanitaire des femmes du Sud, tout particulièrement des femmes pauvres. Comme l’illustre la présente étude, le cas des migrantes boliviennes en Argentine est révélateur des défis à relever en la matière. Partant de la volonté de mieux comprendre les représentations mentales et les expériences de SSR de ces migrantes, l’analyse permet d’identifier les principaux obstacles qui les empêchent d'exercer leurs droits sexuels et reproductifs. S'appuyant sur douze entrevues individuelles effectuées avec des migrantes boliviennes vivant dans la ville de Córdoba, les données montrent que les représentations mentales de la SSR varient selon l’âge et la classe sociale des participantes. En revanche, ni leur statut générationnel, ni leur âge au moment de la migration, ni même leur origine géographique (rurale ou urbaine) ne semblent des facteurs décisifs. En ce qui a trait aux expériences en matière de SSR, elles sont influencées à la fois par les obstacles que rencontrent les femmes migrantes et par les stratégies de résistance de celles-ci pour y faire face. Au niveau structurel, les participantes font valoir que le manque d'éducation sexuelle à l’école et les éléments contraignants du système public de la santé, notamment la procédure de prise de rendez-vous, l'emplacement des établissements et leur manque de ressources, ont un impact négatif sur leur SSR. Au niveau culturel, les participantes jugent que le machisme et le marianisme, les pratiques racistes, le tabou entourant la sexualité et la culture du travail exercent une influence négative sur leurs expériences respectives. En réponse à ces contraintes, les participantes se tournent vers des « femmes informées » de leur communauté, souscrivent à un plan de sécurité sociale ou encore suggèrent l’ouverture de centres de santé par et pour les migrantes ainsi que l’embauche d’un plus grand nombre de migrantes dans les établissements publics de la santé. Les participantes insistent également sur l'importance de briser le tabou social et familial entourant la SSR et vont jusqu’à résister aux ordres de leur mari en privilégiant des méthodes contraceptives faciles à dissimuler.

Identiferoai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/37574
Date01 May 2018
CreatorsLajoie, Emmanuelle
ContributorsMartinez, Andrea
PublisherUniversité d'Ottawa / University of Ottawa
Source SetsUniversité d’Ottawa
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThesis
Formatapplication/pdf

Page generated in 0.002 seconds