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Écrire, décrire, saisir l’adoubement chevaleresque : une histoire de l’hippotogenèse dans l’Europe du Nord-Ouest, le Midi de la France et l’Italie centro-septentrionale (v.1175- v.1300)

L’objectif de cette thèse est d’expliquer ce qu’était l’adoubement chevaleresque en France, en Angleterre et dans l’Italie centro-septentrionale entre le dernier quart du XIIe siècle et le tournant du XIVe siècle. Si l’adoubement chevaleresque peut être décrit comme l’acte de magie sociale par lequel un jeune homme, généralement issu de l’aristocratie laïque, était fait chevalier de la main d’un seigneur qui lui offrait des armes équestres à cette occasion, il a semblé pertinent de développer le concept d’«hippotogenèse» pour souligner la nature sociologique de ce processus
performatif. Comme l’indiquent les verbes du titre (écrire, décrire, saisir), la thèse répond à la question de trois manières complémentaires. Elle aborde d’abord les enjeux de l’écriture de l’adoubement, et montre à quel point les logiques documentaires sont déterminantes dans la manière dont apparaît l’hippotogenèse dans la documentation produite par la société médiévale. Elle propose ensuite des descriptions de l’adoubement : d’une part, l’approche comparative révèle une dynamique inégale de l’invention et de l’adoption de l’hippotogenèse par les aristocrates des trois espaces étudiés, ce qui invite à une remise en question de ce pan de l’histoire de la chevalerie; d’autre part, la mise en avant de la notion de performance solennelle et la critique historiographique de la thèse de la christianisation de l’adoubement ouvre la voie à une
description structurelle approfondie de l’hippotogenèse. Enfin, dans la troisième partie,
l’adoubement chevaleresque est analysé comme un acte d’institution qui contribuait non seulement à distinguer avantageusement les chevaliers des ecclésiastiques et des dominés, mais aussi à assurer la reproduction de la cohésion sociale des aristocrates laïques. L’adoubement chevaleresque concourait en effet à la structuration interne de l’aristocratie laïque parce qu’il cristallisait la domination générationnelle des seniores sur les juvenes en régulant de l’accès au pouvoir, parce qu’il était avec le mariage l’un des outils de construction de la supériorité d’un groupe nobiliaire alors en quête de réalisation, et parce qu’il avait comme fonction première de fabriquer un rapport de prochaineté, de caritas, d’amor entre deux aristocrates. En ce sens, il faisait société, parce qu’il fabriquait du lien social, mais un lien social spécifiquement aristocratique, parce que fondé par le don gracieux d’armes équestres extrêmement valorisées.

Identiferoai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/44108
Date27 September 2022
CreatorsMontreuil, Arnaud
ContributorsFianu, Kouky, Morsel, Joseph
PublisherUniversité d'Ottawa / University of Ottawa
Source SetsUniversité d’Ottawa
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThesis
Formatapplication/pdf

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