La musique derrière les mots : une étude ethnométhodologique de conversations entre apprenantes adultes du français langue seconde et leur enseignante.

Dans la présente recherche, nous cherchons à comprendre ce qui distingue un apprenant qui réussit à communiquer en situations de tous les jours de celui qui n'atteint pas un niveau satisfaisant de fluidité. Le problème des difficultés de communication d'apprenants d'une langue seconde est examiné dans une perspective ethnométhodologique (Garfinkel, 1967) qui favorise une compréhension de la contextualisation, c'est-à-dire des moyens mis en oeuvre par les participantes pour construire un message. Nous voulons particulièrement savoir comment des indices prosodiques (Gumperz, 1982, 1992) tels que la pause, l'hésitation et l'intonation permettent à l'échange verbal de se réaliser. Ainsi la question de recherche posée est la suivante: "Quelles sont la nature et la fonction des indices de contextualisation qui contribuent à la réalisation de l'échange verbal entre une locutrice native et une locutrice non native de français?".

La méthodologie employée prévoit l'enregistrement sur cassette vidéo de six conversations entre une enseignante et ses étudiantes. Les participantes sont ensuite interviewées individuellement dans le cadre d'une séance de rappel stimulé afin de mieux comprendre la signification des indices de contextualisation relevés.

Les résultats montrent que l'étudiante s'attend à ce que l'enseignante l'aide, et le lui signale par l'intonation ascendante, et que l'enseignante reconnaît ce besoin, et fait preuve d'encouragement par l'affirmation verbale ou non verbale. La réaction de l'enseignante en réponse à l'intonation ascendante constitue en fait une aide à la construction des tours de parole. La demande d'aide et la réponse de l'interlocutrice font partie dun pattern d'interaction qui contribue à la construction conjointe d'un message.

L'interprétation des données permet d'élargir la notion de contextualisation, à savoir les moyens utilisés Par les participantes pour communiquer. Outre les indices de contextualisation dont fait état la théorie de Gumperz (1992), nous observons dans les données l'émergence de deux notions théoriques, soit la médiation (Vygotsky, 1978) et l'atteinte de terrain commun (Clark, 1996a). En fait ces deux notions semblent contribuer non seulement au maintien de la conversation mais surtout à la résolution de bris en favorisant une construction de sens qui passe par les indices de contextualisation.

Une mise en pratique de ces propos théoriques, nous espérons, pourra profiter autant aux éducateurs qu'aux apprenants dans le domaine de la didactique des langues secondes mais également en éducation en général. Au cours de la cueillette de données, nous avons noté une sensibilisation chez les participantes à certains aspects de la contextualisation qu'elles avaient jusque-là ignorés. Il serait donc possible de susciter une prise de conscience chez des apprenantes et leur enseignante de ces aspects d'une situation de communication. Dès lors, la tâche de l'enseignante serait de faciliter chez les apprenants la maîtrise des outils nécessaires pour contextualiser ses propos et ce faisant, réussir à communiquer en situations de tous les jours.

Identiferoai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/8645
Date January 1999
CreatorsDucharme, Daphne Ann.
ContributorsBernard, Roger,
PublisherUniversity of Ottawa (Canada)
Source SetsUniversité d’Ottawa
Detected LanguageFrench
TypeThesis
Format236 p.

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