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Une urbanisation de corps et d'esprit : sécurité, civilisation et rendement dans une favela de Rio de JaneiroCollin-Desrosiers, Hugo 06 1900 (has links)
Ce mémoire interroge l’histoire, l’articulation pratique et les effets de ce que l’on appelle actuellement au Brésil «l’urbanisation intégratrice», un type d’intervention étatique dans les favelas (bidonvilles) de Rio de Janeiro. Il s’agit d’une énième tentative de régler le «problème de la favela», consistant en l’urbanisation de son territoire (insertion d’infrastructure publique, consolidation du cadre bâti) et la légalisation de son statut et de ses pratiques (octroi de droits de propriété foncière et insertion de règlementation publique). Officiellement, c’est une manière de mettre fin à l’exclusion dont les populations faveladas sont victimes depuis l’apparition des favelas à Rio.
L’analyse est faite à partir de l’étude du PAC-Favelas, un programme du gouvernement fédéral lancé en 2008, et son application dans la favela Rocinha. Il est proposé de considérer l’urbanisation intégratrice en tant que dispositif sécuritaire ou biopolitique, c’est-à-dire en tant qu’appareil de gouvernement de la population locale. À travers le projet, on planifie de formaliser les conduites, d’accroître la circulation des ressources, de transformer les perceptions des résidents, de contenir les excès et les risques associés à la favela et de tendre vers la prise en charge entièrement planifiée – en un mot, d’assurer le passage vers l’intervention permanente.
Concrètement, cela revient pour l’État à procéder à une sélection, par des moyens légitimés ou indirects (le plan, la loi, le marché), des individus et des pratiques désormais admissibles sur le territoire. L’espace se raréfie, le contrôle augmente et les prix montent : ne peut demeurer que celui qui a déjà atteint un certain niveau de stabilité, reléguant les plus précaires à devoir progressivement quitter le territoire. Urbaniser la Rocinha, c’est un peu forcer son embourgeoisement en la rendant enfin sécurisée, civilisée et rentable. / This thesis addresses the history, modus operandi and effects of what is currently called in Brazil ‘’integrative urbanization’’, a type of state intervention in Rio de Janeiro’s favelas (slums). It is the most recent attempt to solve the already ancient ‘’problem of the favela’’. Its main aims are technical and legal upgrading: new public infrastructure, consolidation of existing buildings, granting of land rights for dwellers, and enforcement of public regulations. It is officially presented as an asserted way of ending the exclusion that plagued favela-dwellers for the last century.
The analysis is based on an ethnographical account of the PAC-Favelas, a state-funded program launched in 2008 and implemented in the Rocinha favela. It is argued that integrative urbanization constitutes a form of security apparatus, thus aimed at governing the conduct of the favela population. Its main objectives are the formalization of practices, enhancement of resources circulation, alteration of residents’ perceptions, limitation of the favela’s risks and excesses, and planning of future interventions.
Practically speaking, it means for the State to proceed in a legitimated and indirect selection (following technical, legal or economic logics) of the now-acceptable individuals and practices on the urbanized territory. Available space grows scarcer; control is enhanced and living costs skyrocket. While partially profiting the established members of the community, it seems to destabilize newcomers, marginal and less fortunate ones, progressively pressuring them into quitting the favela. To urbanize Rocinha is a way to force its gentrification, in order to make it more secure, civilized and profitable.
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Une urbanisation de corps et d'esprit : sécurité, civilisation et rendement dans une favela de Rio de JaneiroCollin-Desrosiers, Hugo 06 1900 (has links)
Ce mémoire interroge l’histoire, l’articulation pratique et les effets de ce que l’on appelle actuellement au Brésil «l’urbanisation intégratrice», un type d’intervention étatique dans les favelas (bidonvilles) de Rio de Janeiro. Il s’agit d’une énième tentative de régler le «problème de la favela», consistant en l’urbanisation de son territoire (insertion d’infrastructure publique, consolidation du cadre bâti) et la légalisation de son statut et de ses pratiques (octroi de droits de propriété foncière et insertion de règlementation publique). Officiellement, c’est une manière de mettre fin à l’exclusion dont les populations faveladas sont victimes depuis l’apparition des favelas à Rio.
L’analyse est faite à partir de l’étude du PAC-Favelas, un programme du gouvernement fédéral lancé en 2008, et son application dans la favela Rocinha. Il est proposé de considérer l’urbanisation intégratrice en tant que dispositif sécuritaire ou biopolitique, c’est-à-dire en tant qu’appareil de gouvernement de la population locale. À travers le projet, on planifie de formaliser les conduites, d’accroître la circulation des ressources, de transformer les perceptions des résidents, de contenir les excès et les risques associés à la favela et de tendre vers la prise en charge entièrement planifiée – en un mot, d’assurer le passage vers l’intervention permanente.
Concrètement, cela revient pour l’État à procéder à une sélection, par des moyens légitimés ou indirects (le plan, la loi, le marché), des individus et des pratiques désormais admissibles sur le territoire. L’espace se raréfie, le contrôle augmente et les prix montent : ne peut demeurer que celui qui a déjà atteint un certain niveau de stabilité, reléguant les plus précaires à devoir progressivement quitter le territoire. Urbaniser la Rocinha, c’est un peu forcer son embourgeoisement en la rendant enfin sécurisée, civilisée et rentable. / This thesis addresses the history, modus operandi and effects of what is currently called in Brazil ‘’integrative urbanization’’, a type of state intervention in Rio de Janeiro’s favelas (slums). It is the most recent attempt to solve the already ancient ‘’problem of the favela’’. Its main aims are technical and legal upgrading: new public infrastructure, consolidation of existing buildings, granting of land rights for dwellers, and enforcement of public regulations. It is officially presented as an asserted way of ending the exclusion that plagued favela-dwellers for the last century.
The analysis is based on an ethnographical account of the PAC-Favelas, a state-funded program launched in 2008 and implemented in the Rocinha favela. It is argued that integrative urbanization constitutes a form of security apparatus, thus aimed at governing the conduct of the favela population. Its main objectives are the formalization of practices, enhancement of resources circulation, alteration of residents’ perceptions, limitation of the favela’s risks and excesses, and planning of future interventions.
Practically speaking, it means for the State to proceed in a legitimated and indirect selection (following technical, legal or economic logics) of the now-acceptable individuals and practices on the urbanized territory. Available space grows scarcer; control is enhanced and living costs skyrocket. While partially profiting the established members of the community, it seems to destabilize newcomers, marginal and less fortunate ones, progressively pressuring them into quitting the favela. To urbanize Rocinha is a way to force its gentrification, in order to make it more secure, civilized and profitable.
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