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La perception précoce de la parole chez les enfants prématurés et nés à terme / Early speech perception in preterm and fullterm infants

Berdasco Muñoz, Elena 28 November 2017 (has links)
La prématurité est un problème de santé publique mondial qui affecte aujourd'hui 1 sur 10 enfants chaque année. En France, ce phénomène a régulièrement augmenté, les prématurés représentant 7,3% des nouveaux nés français en 2014, contre 5,9% en 1995. Des recherches scientifiques ont établi que les enfants nés prématurément sont plus susceptibles de rencontrer des difficultés dans le développement langagier ainsi que dans d'autres domaines cognitifs que les enfants nés à terme. Cependant, nos connaissances sur les habilités langagières précoces des enfants prématurés restent actuellement limitées. Le premier objectif de cette thèse était donc de spécifier différentes capacités de perception de la parole pendant les deux premières années, en référence à celles d'enfants nés à terme de même âge postnatal. Son second objectif était d'étudier si le degré de prématurité module les performances langagières des enfants prématurés. Cette thèse est organisée en trois parties expérimentales. La première a exploré la segmentation, c'est-à-dire la capacité à découper la parole en mots, qui est liée à l'acquisition du vocabulaire. Nos résultats ont établi qu'à 6 mois d'âge postnatal, les enfants prématurés ont des capacités de segmentation basiques (segmentation de mots monosyllabiques, Exp. 1), comme les enfants nés à terme de même âge postnatal (6 mois ; Nishibayashi, Goyet, & Nazzi, 2015) et corrigé (4 mois ; Exp. 2). Toutefois, nous avons aussi trouvé des différences avec les nés à terme. Si les enfants prématurés de 6 mois segmentent des syllabes intégrées dans des mots, comme précédemment trouvé pour les enfants nés à terme, l'effet de segmentation à des directions opposées chez les deux populations, suggérant différents mécanismes de traitement (Exp. 3). En outre, à 8 mois d'âge postnatal, nos résultats ne font pas apparaître de biais consonantique dans la reconnaissance des mots segmentés, comme chez les enfants nés à terme (Exp. 4). Néanmoins, des enfants bilingues prématurés et nés à terme qui ont le français comme langue dominante sont capables de segmenter des mots monosyllabiques à l'âge de 6 mois (Exp. 5). La deuxième partie a mesuré le comportement visuel d'enfants prématurés et nés à terme face à un visage parlant dans la langue maternelle (le français) et une langue étrangère (l'anglais). Nos résultats révèlent qu'à 8 mois, les enfants prématurés ont un comportement visuel différent de celui d'enfants nés à terme au même âge postnatal et corrigé. Alors que les enfants nés à terme ont un comportement visuel différent dans les deux langues, ce n'est pas le cas chez les enfants prématurés (Exp. 6). Ces comportements visuels différentiels sont les premiers éléments de caractérisation de la trajectoire développementale de la perception audiovisuelle des enfants prématurés. La troisième partie a porté sur le développement lexical. Nos résultats montrent que les enfants prématurés reconnaissent la forme des mots familiers à 11 mois d'âge postnatal (Exp.7), comme les enfants nés à terme (Hallé & de Boysson-Bardies, 1994). Concernant la production lexicale autour de l'âge de 24 mois postnatal (Exp. 8), nos résultats révèlent que les enfants prématurés ont un vocabulaire réduit par rapport aux enfants nés à terme de même âge postnatal, mais des niveaux similaires à ceux de même âge corrigé. Cependant, un pourcentage élevé des enfants prématurés étaient en dessous du centile 10 selon les normes de la population typique, ce qui pourrait constituer un indice d'identification de risque de délais langagiers. Pris ensemble, nos résultats offrent une vision plus détaillée et nuancée de l'acquisition langagière précoce des enfants nés à terme, et aident à mieux comprendre la contribution relative de l'input environnemental (i.e. exposition à input visuel et auditif non filtré) et la maturation neuronale à cette trajectoire développementale. / Prematurity is currently an important public health problem in the world that affects 1 in 10 babies worldwide every year. In France, preterm birth has steadily increased from 5.9% in 1995 to 7.3% in 2014. Research has demonstrated that prematurely born children are more susceptible to encounter some difficulties in language development and other cognitive domains than children born fullterm. To date, knowledge on early language abilities in preterm infants remains limited. The first goal of this doctoral research was to specify different speech perception abilities in the first two years of life in preterm infants, comparing their abilities to those of fullterm infants of the same postnatal age. The second goal was to investigate whether degree of prematurity modulates linguistic performance across preterm infants. This thesis is organized in three experimental parts. First, we explored word segmentation (the ability to extract word forms) from fluent speech, an ability that is related to lexical acquisition. Our findings showed that basic segmentation abilities are in place in monolingual preterm infants at 6 months of postnatal age (Exp. 1), since they segment monosyllabic words just like their postnatal (Nishibayashi, Goyet, & Nazzi, 2015) and corrected age (4-month-olds; Exp.2) fullterm peers. However, we also found differences with fullterms. While 6-month-old preterms segment embedded syllables as fullterms do (Nishibayashi et al., 2015), the direction of the effect is reversed, suggesting differential processing mechanisms (Exp. 3). Moreover, at 8 months postnatal age, we failed to find evidence for a consonant bias in recognition of segmented word forms (Exp. 4) as found for fullterms of the same age (Nishibayashi & Nazzi, 2016). Nevertheless, French-dominant bilingual populations were found to segment monosyllabic words in French at 6 months, whether being born pre- or full-term (Exp. 5). In the second part, using eye-tracking techniques, we measured preterm and fullterm infants scanning patterns of a talking face in the native (French) and a non-native (English) language. We found that preterm infants at 8 months postnatal age show different looking behavior than their fullterm counterparts matched on postnatal and maturational age. Compared to fullterm infants who showed different scanning pattern of a face speaking in the two languages, preterm infants showed similar scanning patterns for both languages (Exp. 6). These differential gaze patterns provide a first step to characterize the developmental course of audiovisual speech perception in preterm infants. The third part focused on lexical development. Our results show that preterm infants recognize familiar word forms at 11 months postnatal age (Exp. 7), hence at the same postnatal age as fullterm infants (Hallé & de Boysson-Bardies, 1994). With respect to word production at around 24 months of postnatal age (Exp. 8), we found that preterm infants have smaller vocabularies than fullterms of the same postnatal age, but as a group have similar levels as their fullterm, corrected age peers. However, more preterm infants were below the 10th percentile than expected based on (fullterm) norms, which might constitute an index for early identification of (preterm) infants at risk for linguistic delays. Taken together, our results help us build a more detailed and nuanced picture of early language acquisition in preterm infants, and better understand the relative contribution of environmental input (i.e. exposure to unfiltered auditory and visual input after preterm birth) and brain maturation on this developmental trajectory.
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Understanding geographic and temporal variations in preterm birth rates and trends : an international study in 34 high-income countries / Variations géographiques des taux de prématurité et tendances dans le temps : une étude comparative dans 34 pays à haut niveau de développement

Delnord, Marie 14 November 2017 (has links)
La prématurité, définie par une naissance avant 37 semaines d’aménorrhées (SA), est une cause majeur de mortalité et de morbidité infantile. Comparés aux enfants nés à terme, les prématurés font face à des risques importants de troubles moteurs et cognitifs durant l'enfance, ainsi que de maladies chroniques et décès prématurés à l’âge adulte. La prématurité constitue un enjeu important de santé publique et en Europe, les taux varient entre 5 et 10%. Notre objectif pour cette thèse était de mieux comprendre les sources d’hétérogénéité des taux à l’échelle des pays. Dans un premier temps, nous avons effectué une revue exhaustive de la littérature qui montre que les caractéristiques maternelles, les pratiques médicales, et les méthodes d'estimation de l'âge gestationnel ont un impact sur les taux de prématurité. Cependant, ces facteurs n'expliquent pas l’ampleur des différences observées entre les pays. Puis, en utilisant des données sur les femmes enceintes, les nouveau-nés et les mort-nés dans 34 pays à revenus élevés de 1996 à 2010, nous avons établi que: 1) les différences d'enregistrement des naissances dans les pays à revenus élevés ont un impact limité sur les taux, sauf pour les naissances à 22-23 SA, 2) les tendances de PTB dans les pays sont associées à des variations plus importantes dans la distribution des âges gestationnels 3) et enfin, en utilisant les données d'un échantillon représentatif des naissances en France en 2010, qu’il existe des facteurs de risques maternels prénatals et socio-démographiques communs aux naissances avant terme (<37SA) et proche du terme à 37-38 SA. Viser à réduire les facteurs de risques de la naissance proche du terme et de la prématurité dans une approche conjointe pourrait apporter un nouvel élan à la prévention de la prématurité. Comparés aux enfants prématurés, les enfants nés proche du terme sont individuellement moins à risque, mais à l’échelle des pays ces enfants représentent environ une naissance sur quatre et ils contribuent de manière importante au fardeau de morbi-mortalité néonatale et infantile. Au niveau national, élargir les efforts de prévention de la prématurité à cette nouvelle population-cible pourrait avoir un plus grand impact sur la santé publique. / Preterm birth (PTB), defined as birth before 37 weeks, is a leading cause of infant mortality and morbidity. Compared to term infants, preterm infants face important risks of motor and cognitive impairments throughout childhood, as well as chronic diseases and premature death later in life. PTB represents a significant public health burden and in Europe, rates range between 5 and 10%. Such wide differences suggest that reductions may be possible, but there are few effective interventions, and these tend to target selected groups of high-risk pregnancies, based on clinical risk factors. Our aim for this thesis was to better appraise sources of population-level PTB rate variations and trends. First, we conducted an exhaustive review of the literature and found that maternal characteristics, reproductive policies, medical practices and methods of gestational age (GA) estimation affected PTB rates, but could not explain observed differences across countries. Next, using population-based data on pregnant women, newborns and stillbirths in 34 high-income countries from 1996 to 2010, we showed that: 1) reporting criteria for births and deaths affected PTB rates at early gestations and PTB rankings, but differences between countries with high and low rates are not just due to artefact 2) PTB trends were associated with broader shifts in countries’ gestational age GA distribution of births, and 3) using data from a representative sample of births in France in 2010, that there were shared maternal prenatal and socio-demographic risk factors for deliveries that did not reach full term, at 39 weeks GA. Our work confirms that recording differences in high-income countries have a limited impact on PTB rate variations. However, a broader focus on earlier delivery, including early term birth at 37-38 weeks, could shed light on the determinants of low PTB rates and provide a useful public health prevention paradigm.

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