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Inscrire l'inconnaissable : anomalies métaphoriques au sein de l'expérience mystiqueSbih, Miriam 09 1900 (has links)
Cette réflexion découle d’un constat simple, mais qui à la fois invoque la réévaluation en profondeur de notre lien à la pensée, au sens et au langage. L’expérience de l’inconnaissable, de tout ce qui n’est pas là, devant nous, demande de se détourner du langage conventionnel, logique et rationnel, afin de pouvoir l’exprimer. Les écrits mystiques, dans leur mise en forme langagière d’un contact direct avec Dieu, constituent un espace foisonnant et exemplaire, afin de réfléchir la pensée. Celle-ci est traversée de toutes parts d’un besoin pressant de dire l’ineffable, par l’entremise d’une inscription langagière qui déroge du sens convenu du monde, des liens communicationnels ordinaires. Cette manière particulière de dire est structurée par la métaphore, cette suspension de la pensée qui appelle à la recréer, à sortir de leur endormissement le sens et la langue cristallisée du quotidien.
Ce mémoire se propose donc de penser les modes de l’expression et de concrétisation de l’expérience de l’ineffable, en se penchant sur ce que la métaphore, dans son inscription, permet de connaître, ailleurs que dans le langage discursif.
En premier lieu, il s’agira de présenter les modalités générales de l’expérience mystique et ses différentes manières de s’inscrire au sein de l’existence. Je me pencherai plus précisément sur le propre de son inscription métaphorique dans le langage. En deuxième lieu, je voudrai réfléchir théoriquement et pratiquement la métaphore, par-delà le titre réducteur d’ornement ostentatoire que le langage logique lui fait vêtir, niant sa possibilité singulière de propulser la pensée et de créer une connaissance nouvelle. En troisième et dernier lieu, il s’agira d’exemplifier l’inscription métaphorique de l’expérience mystique, à travers deux figures mystiques singulières, soit Simone Weil (1909-1943) et Al-Hallâj (858-922), chez qui la constatation de l’absence matérielle de Dieu invite plutôt à se détacher de sa construction langagière imaginaire, et à l’aimer, dans toute son absence. Cela, en dépouillant le langage, métaphore imitant le mouvement de dépossession de soi qu’appelle leur conception unique de l’extase mystique. / This reflection comes from a simple observation, which at the same time demands that we deeply re-evaluate our relation to thought, meaning and language. In order to be expressed, the experience of the unknowable, of everything not there in front of us, requires a diversion from conventional, rational language. Mystical writings, shaping through language direct contact with God, constitute an abundant and exemplary space to reflect upon thought, which is met with a pressing need to express the ineffable through a kind of linguistic inscription capable of departing from the agreed meanings of the world, from ordinary communicational connections. This particular way of saying is structured by the metaphor, this suspension of thought asking to be recreated, so that language and meaning, crystallized in daily life, may awake from their slumber.
Thus, this thesis proposes to reflect upon the modes of expression and concretization of the experience of the ineffable, by examining what knowledge the metaphor, in its inscription, allows to be understood outside discursive language.
To begin with, the general modalities of the mystical experience, and the different ways in which it inscribes itself in existence, will be presented. I will consider more precisely its characteristic metaphorical inscription in language. I will then reflect theoretically and practically on the metaphor, beyond the reductive title of ostentatious ornament that rational language gives to it, denying its singular possibility to propel thought and create new forms knowledge. Finally, I will exemplify the metaphorical inscription of the mystical experience through two particular mystical figures: Simone Weil (1909-1943) and Al-Hallâj (858-922), for whom the observation of God’s material absence instead implies detachment from their imaginary linguistic construction and invites to love him in all his absence. This, by stripping down language, a metaphor imitating the movement of the dispossession of self, which is called for by their unique conception of mystical ecstasy.
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