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Bio-éthique écosystémique : des données médicales, agricoles & environnementales à une éthique de l’antimicrobiogouvernance

Boudreau LeBlanc, Antoine 03 1900 (has links)
L’anti-microbio-gouvernance apparaît comme un ensemble de politiques, de standards et d’avis judicieux visant à responsabiliser les pratiques à l’égard des conséquences d’une technologie – l’antibiotique. Si l’antibiotique améliore à court terme l’offre de soins (la cure pharmaceutique), il est aussi à la source de nouveaux risques anthropiques et écologiques à long terme pour la santé, la productivité et la biodiversité, en raison de l’émergence de gènes de résistance réduisant l’efficacité des traitements et faisant pression sur les communautés bactériennes – humaines, urbaines, édaphiques, etc. L’appréciation de ce dilemme (cure / risque), puis la performance de sa gestion, reposent sur la qualité des politiques et du processus d’antimicrobiogouvernance ainsi que des réflexions en amont intégrant les valeurs (éthiques), les savoirs (scientifiques) et l’expérience. La vision globale de Van Rensselaer Potter pour la bioéthique ouvre la perspective vers la philosophie et la pratique d’Aldo Leopold, dont une technique d’aménagement adaptatif des écosystèmes co-construite, par communauté, sur la base d’une bio-éthique globale (techno-socio-écologique) des pratiques et de l’environnement. En effet, comment responsabiliser tout un chacun face à une cure, à un risque et à l’incertitude ? En prenant la perspective de la sociologie des organisations, cette thèse explore une piste étudiée en science, technologie et société : comment concerter l’humain et le non-humain (les technologies et la Nature) par la voie de systèmes (communication, collaboration et éducation) pour anticiper l’émergence de problèmes ? L’objectif de cette thèse est de proposer une approche en éthique pour coconstruire la gouvernance des relations se tissant entre les secteurs et les disciplines bâtis sur les valeurs de la santé, de la productivité et de la biodiversité. À sa racine, ce cadre de gouvernance vise à dynamiser l’arbitrage de l’accès et de la protection des données – et conséquemment le trajet de l’information, des connaissances et des applications technologiques, pratiques et politiques – sans briser la confiance des acteurs impliqués. L’arbitrage des données, à la source de la production des connaissances techniques, est la clé pour orienter les systèmes de communication et de politiques conduisant à des conseils et à des régulations. Cette nouvelle approche en éthique cherche à avancer la vision d’un projet commun sans altérer l’intégrité des actions spécifiques à la médecine, à l’agriculture et à l’écologie. Cette thèse théorise et applique le procédé d’une bioéthique expérimentale combinant les façons de faire empirique, réflexive et multisite. Elle s’inspire de méthodes en anthropologie, en sociologie et en gestion, et de la réflexivité balancée. Quatre unités épistémiques sont articulées in fine selon une logique précise pour éviter un biais cognitif auquel le raisonnement d’une bio-éthique s’expose (le sophisme naturaliste) : le descriptif, une prise de conscience (partie I) ; l’appréciatif, une théorie de travail (partie II) ; le normatif, la préparation du terrain (partie III) ; et l’évaluatif, les outils de bioéthique (partie IV). Ultimement, le produit de l’approche est un cadre de gouvernance coconstruit avec plusieurs collaborateurs dont les initiatives sont susceptibles de provoquer des changements politiques et scientifiques. À titre de bioéthicien, l’intention est d’aider les personnes et les institutions ayant le leadership de projets de société à développer des outils capables d’encapaciter (ang., empowerment) les communautés à gouverner les changements à venir qui les concernent. / Anti-microbial governance can be understood as a set of policies, standards and judicious guidance aimed at making practices more responsible for the consequences of a technology – the antibiotic. While in the short-term antibiotics improve the quality of care (the pharmaceutical cure), they also create new long-term risks to anthropical and environmental health, productivity and biodiversity, due to the emergence of resistance genes that reduce the effectiveness of treatments and put pressure on bacterial communities – human, urban, edaphic, etc. The appreciation of this cure / risk dilemma, and the performance of its management, rely on the quality of the antimicrobial policy and governance processes as well as on upstream reflections integrating (ethical) values, (scientific) knowledge and experience. Van Rensselaer Potter’s global vision for bioethics opens the perspective towards Aldo Leopold’s philosophy and practice, namely an adaptive management technique of ecosystems co-constructed, per community, based on a global (techno-socio-ecological) bio-ethics of practices and the environment. Indeed, how can we make everyone responsible in the face of a cure, risk and uncertainty? By taking the perspective of the sociology of organizations, this thesis explores a path studied in Science, Technology and Society: how to bring together the human and the non-human (technologies and Nature) through (communication, collaboration and education) systems to anticipate the emergence of problems? This thesis will propose an approach in ethics to co-construct the governance of relationships between sectors and disciplines built on the values of health, productivity and biodiversity. At its root, this governance framework aims to energize the arbitration of access to and protection of data – and consequently the paths of information, knowledge and technological, practical and political applications – without breaking the trust of the actors involved. Data arbitration, at the source of technical knowledge production, is the key to guiding communication and policy systems toward guidelines and regulations. This new approach to ethics proposes the vision of a common project without altering the integrity of specific actions in medicine, agriculture and ecology. This thesis theorizes and applies the practice of an experimental bioethics combining empirical, reflexive, and multisite ways of thinking. It draws on methods in anthropology, sociology, and management, and uses the reflexive balancing process. Four epistemic units are articulated in fine according to a precise logic in order to avoid a cognitive bias to which the reasoning of a bioethics is exposed (the naturalistic fallacy): the descriptive, a raising of awareness (part I); the appreciative, a working theory (part II); the normative, the preparation of the terrain (part III); and the evaluative, the tools of bioethics (part IV). Ultimately, the product of this approach is a governance framework co-constructed with several collaborators whose initiatives have the potential to bring about policy and scientific changes. As a bioethicist, the intention is to help individual and institutional leaders of socio-technical projects to develop tools capable of empowering communities to prospectively govern the changes that concern them.

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