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Déterminants de l'identité amoureuse et modèle inductif des processus d'influences normatives et individuelles : une perspective profane

Demers, Valérie 24 February 2021 (has links)
Les influences infléchissant l’identité amoureuse (ou l’image de soi comme partenaire amoureux) sont susceptibles de prendre diverses formes. La littérature atteste amplement des influences intrapersonnelles (p. ex., Andersen & Chen, 2002) et, par le biais des théories de l’attachement (p. ex., Zeifman & Hazan, 2008), des influences interpersonnelles (p. ex., parents et partenaires amoureux). Cependant, les niveaux d’analyse des phénomènes proposés par Doise (1982, 1984) invitent à considérer, en plus de sources intrapersonnelles et interpersonnelles, des influences positionnelles, associées à l’appartenance à des groupes sociaux (dont le sexe et l’orientation sexuelle) et idéologiques, telles les normes sociales. En effet, la théorie de l’identité sociale (p. ex.,Tajfel & Turner, 1979) et une conception bioécologique des influences sur le développement humain (Bronfenbrenner, 1979) suggèrent que de telles influences peuvent s’exercer sur l’identité amoureuse. Adoptant une perspective profane, la thèse vise à répertorier les éléments des divers niveaux d’analyse que des individus non spécialistes en sciences sociales identifient comme influençant l’identité amoureuse. Il s’agit aussi de déterminer si ces éléments sont associés au sexe et à l’orientation sexuelle, des influences positionnelles susceptibles de les influencer. De plus, la thèse vise à comparer cette conception profane aux perspectives expertes (c.-à-d., littérature). Enfin, la thèse ambitionne d’identifier des normes sociales influençant l’identité amoureuse et de comprendre les processus par lesquelles elles exercent leur influence. Des entrevues individuelles semi-structurées ont été réalisées auprès de 20 adultes, dont dix s’identifient comme non hétérosexuels et dix s’identifient comme hétérosexuels (5 femmes et 5 hommes dans chaque groupe). Les questions portent sur les forces qu’ils considèrent influencer l’identité amoureuse en général, sur les forces positionnelles et idéologiques, puis plus spécifiquement, sur le sexe et l’orientation sexuelle. Issus d’analyses de contenu qualitatives, les résultats indiquent que les participantes et les participants ont une vision complexe et nuancée des influences jouant sur l’identité amoureuse. En cohérence avec la littérature, toutes et tous mentionnent des éléments intrapersonnels (p. ex., identité générale) et un seul n’évoque pas d’éléments interpersonnels. La majorité évoque également des éléments positionnels (p. ex., statut social) et idéologiques (p. ex., rôles sexuels) ainsi que des médias de masse. Le sexe et l’orientation sexuelle ne paraissent pas associés à l’évocation d’éléments de certains niveaux d’analyse plutôt que d’autres, mais semblent moduler l’évocation d’éléments spécifiques à l’intérieur des niveaux. D’autres analyses de contenu révèlent que les normes sociales évoquées par les participantes et participants peuvent être regroupées en deux types de conceptions des relations amoureuses. La conception dominante comprend des normes qui décrivent et valorisent les relations hétérosexuelles, à l’intérieur desquelles les partenaires adoptent des rôles sexuels différenciés, et dévalorisent ce qui s’en écarte. Les conceptions alternatives sont formées de normes qui décrivent et valorisent plutôt des rôles non différenciés selon le genre, ainsi que des relations amoureuses homosexuelles, gaies et lesbiennes. Les processus par lesquels les normes dominantes ou alternatives influencent l’identité amoureuse sont présentés sous forme de modèle intégratif, s’appliquant aux femmes et aux hommes non hétérosexuels et hétérosexuels. Ces normes servent de standards auxquels les individus comparent leurs caractéristiques personnelles et leurs expériences. Bien que ces comparaisons puissent se solder par un sentiment de consonance, de cohérence, et des émotions positives, la plupart des individus éprouvent un sentiment de dissonance, d’incohérence, avec certaines normes dominantes, accompagné d’émotions négatives (p. ex., honte, colère) et d’atteintes à l’estime de soi. Cette dissonance les pousse à explorer les conceptions alternatives, à tenter de la gérer en utilisant des stratégies comportementales ou cognitives (p. ex., la justifier, la cacher, remettre les normes en question) ou à développer des critères d’autoévaluation favorisant une meilleure estime de soi. Les individus au statut social moins élevé ou appartenant à des groupes marginalisés ou défavorisés (p. ex., femmes et individus non hétérosexuels) sont particulièrement susceptibles de questionner, de critiquer, de rejeter ou de réviser les normes sociales. Bref, la thèse amène une compréhension élargie et nuancée des influences s’exerçant sur l’identité amoureuse. Elle informe sur les processus intrapersonnels, impliquant des cognitions, des émotions et des comportements, par lesquels les normes sociales dominantes et alternatives infléchissent l’identité amoureuse de tout individu, qui peut les accepter, les questionner ou les réviser afin d’atteindre une image positive de soi comme partenaire amoureux. / The forces influencing romantic identity (or self-image as a romantic partner) can take different forms. The scientific literature gives ample evidence of intrapersonal influences (e.g., Andersen & Chen, 2002), and, through attachment theories (e.g.,Zeifman & Hazan, 2008), of interpersonal influences (e.g., parents or romantic partners). However, the levels of analysis proposed by Doise (1982, 1984) suggest that positional influences, stemming from affiliations to social groups (including sex and sexual orientation), and ideological influences, such as social norms, should be considered in addition to those from intrapersonal and interpersonal sources. Indeed, both social identity theory (e.g., Tajfel & Turner, 1979) and a bioecological conception of influences on human development (Bronfenbrenner, 1979) suggest that such factors can influence romantic identity. Embracing a layperson’s perspective, this thesis seeks to identify the elements from Doise’s levels of analysis that individuals, who are not social science specialists, consider as determinants of romantic identity. Another objective is to verify if these elements are associated to sex and sexual orientation, positional influences that are likely to influence them. The thesis also aims to compare the layperson’s perspective emerging from the results to the expert perspectives (i.e., literature). Finally, the thesis endeavors to identify social norms influencing romantic identity and to delineate the processes by which they exert their influence. Semi-structured individual interviews were conducted with 20 adults, of which ten identify as non heterosexual and ten identify as heterosexual (5 women and 5 men in each group). Participants were questioned about the forces that they perceive to influence romantic identity in general, those of positional and ideological nature, and more specifically, about sex and sexual orientation. Results from qualitative content analyses reveal participants’ complex and nuanced outlook on the forces influencing romantic identity. Coherent with the literature, all participants mention intrapersonal elements (e.g., general identity) and all but one cite interpersonal elements. Most of them also evoke positional (e.g., social status) and ideological elements (e.g., sexual roles) as well as mass media. Sex and sexual orientation do not seem associated with a propensity to report elements from a given level of analysis, but they seem to modulate the evocation of specific elements within these levels of analysis. Other content analyses reveal that the social norms evoked by participants can be distinguished into two types of conceptions of romantic relationships. The dominant conception includes norms that describe and value heterosexual relationships, within which partners abide by differentiated sexual roles, and devalue anything that differs from it. In contrast, alternative conceptions of romantic relationships comprise norms that describe and value undifferentiated gender roles, as well as homosexual, gay, and lesbian romantic relationships. An integrative model, applicable to nonheterosexual and heterosexual women and men, describes the processes by which dominant or alternative norms influence romantic identity. Social norms act as standards against which individuals compare their personal characteristics and experiences. Although these comparisons can result in a feeling of consonance, harmony, and positive emotions, most individuals experience feelings of dissonance or incoherence with some dominant norms, negative emotions (e.g., shame, anger) and self-esteem issues. This dissonance pushes them to explore alternative conceptions, to try to reduce it through behavioral or cognitive dissonance management strategies (e.g., justification, clandestinity, questioning the norms) or to develop self-evaluation criteria that promote better self-esteem. Low status individuals, those who belong to disadvantaged or marginalized groups are particularly likely to question, criticize, reject, or revise social norms. In sum, the thesis proposes a broadened and nuanced understanding of the forces influencing romantic identity. It informs on the intrapersonal processes (involving cognitions, emotions, and behaviors) by which social dominant and alternative norms influence the romantic identity of individuals who can accept, question or revise them to favor a positive view of themselves as romantic partner.
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Les liens entre l'attachement aux parents à la fin de l'adolescence et les relations amoureuses et conjugales à l'âge adulte

Langlois, Émilie 24 March 2021 (has links)
Afin d’unifier et de synthétiser les résultats des recherches antérieures ayant tissé un pont entre l’attachement adulte avec les parents et les relations amoureuses, trois méta-analyses des travaux des 37 dernières années ont été menées. Ces méta-analyses ont porté sur le lien entre la sécurité de l’attachement et trois composantes des relations amoureuses, soit la qualité des interactions, l’attachement au partenaire et la satisfaction conjugale. Les résultats des trois méta-analyses suggèrent un effet de taille moyenne de la sécurité de l’attachement sur ces trois composantes. Dans un deuxième temps, une étude longitudinale a été menée afin de répondre à des interrogations précises soulevées par les méta-analyses. Le lien entre l’attachement et les relations amoureuses à l’âge adulte a été examiné par le biais d’une étude ayant débuté à l’adolescence et s’étant poursuivie jusqu’à ce que les participants soient âgés de 41 ans en moyenne. Soixante-quinze individus ont participé à cette étude, pour une troisième fois depuis 1992 et 1996 (deuxième fois en 2007) et ont complété des mesures sur la qualité de leur relation amoureuse, leur satisfaction sexuelle et leur parcours amoureux. Les données recueillies ont été mises en relation avec les données des temps 1 et 2 de l’étude, en particulier avec l’Adult Attachment Interview (AAI). Un modèle de double médiation montre que les adolescents plus préoccupés sur le plan de l’attachement sont moins intimes et moins engagés dans leurs relations amoureuses à l’âge de 28 ans ; qu’une faible perception d’intimité et d’engagement à 28 ans est associée à des niveaux de stabilité plus faibles dans les relations amoureuses au début de la quarantaine ; qu’une relation plus courte à la quarantaine est associée à un engagement plus faible envers le partenaire. Les résultats de ces études permettent de mieux comprendre les effets à long terme de l’attachement parent enfant et les mécanismes impliqués dans les dynamiques amoureuses à l’âge adulte. / Three meta-analyses were conducted to synthesize results of previous research on the association between adult attachment with parents and the quality of romantic relationships in adulthood. These meta-analyzes address the link between attachment security and three components of romantic relationships, namely the quality of interactions, attachment to the partner and dyadic satisfaction. Results indicate a moderate association between adult attachment and each of these components of romantic relationships. A longitudinal study was subsequently conducted to address specific questions raised by these meta-analyses. The link between attachment and romantic relationships in adulthood was examined in a longitudinal study, starting in adolescence and continuing until participants were 41-years-old (mean). Seventy-five individuals participated at three different time points. The first participation took place in 1992 or 1996 (time 1), the second in 2007 (time 2), and the third in 2019 (time 3). Measures on the quality of their relationships, and the stability of their relationships were obtained at times 2 and 3, where as attachment data (Adult Attachment Interview; AAI) was collected at time 1, when participants were late adolescents or early adults. A double mediation model shows that adolescents who are more preoccupied with attachment are less intimate and less involved in their romantic relationships at the age of 28; that a low level of perceived intimacy and engagement at the age of 28 is associated with low level of stabilityin romantic relationships in the early 40s; that a shorter relationship in the early 40s is associated with a weaker commitment to the partner. The results of these studies suggest that attachment organization in late adolescents and young adults may have a bearing on the mechanisms involved in the dynamics of romantic relationships during adulthood.

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