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Parole, corps et pouvoir dans les romans de ‘Alawiyya Ṣubḥ / Speech, body and power in the novels of ‘Alawiyya ṢubḥEl Khoury, Sylvana 16 October 2017 (has links)
L’œuvre de la romancière libanaise ‘Alawiyya Ṣubḥ (née à Beyrouth en 1955) est traversée par un rapport intrinsèque entre le corps épanoui et son exercice de la parole, de même qu’entre le corps réprimé et son embrigadement dans le silence, le tout lié à une peur du féminin dans ses manifestations aussi bien corporelles que langagières. Face à la norme répressive, le langage des personnages, lieu de l’articulation du savoir et du pouvoir, comme leur corps, lieu de l’exercice de la domination masculine, deviennent des lieux de contre-pouvoirs, des « subjectivités » en devenir comme dirait Michel Foucault. Ainsi se pose dans les trois romans de Ṣubḥ : Maryam al-ḥakāyā (2002), Dunyā (2006) et Ismuhu l-ġarām (2009) la question de la représentation des femmes et la possibilité qu’elles ont de prendre ou non la parole et de se faire entendre. Dans le système patriarcal mis en scène dans ces romans, le silence est la norme contre laquelle s’élève la voix de certains personnages, femmes et hommes. Par conséquent, quand elle intervient, leur parole, qui se situe aux confins de l’admissible, du convenable et du soutenable, a tout de suite valeur de transgression. Une fois cette parole advenue, la femme, parce que c’est surtout d’elle qu’il s’agit, récupère sa voix et l’image de son corps, ce dernier étant, en quelque sorte, le premier lieu où se manifeste l’appropriation patriarcale du discours féminin, et sa réappropriation par la femme, le premier et principal signe d’une possible émancipation. Un parler « féminin » est alors célébré, un parler qui n’est pas exclusivement de femmes, mais un parler qui ne prétend pas à l’universel, et qui permet l’émergence d’un discours minoritaire échappant à la vision logocentrique et théocentrique du monde. / The work of the Lebanese novelist 'Alawiyya Ṣubḥ (Beirut, 1955) is traversed by an intrinsic relationship between the unimpeded body and its exercise of speech, likewise between the repressed body and its enslavement in silence, all being linked to a fear of what feminine would be in its corporal and linguistic manifestations. Faced with the repressive norms, the language of the characters being a place where power and knowledge articulate on the one hand and their body, as the place of the exercise of male domination on the other hand, become places of counter power. In other hands, they become places of upcoming "subjectivities", as Michel Foucault would say. In the three novels of Ṣubḥ: Maryam al-ḥakāyā (2002), Dunyā (2006) and Ismuhu l-ġarām (2009), arises the question of the representation of women and the possibility for them to be voiced and heard. In the patriarchal system depicted in these novels, silence is the norm against which the voice of certain women and men rises. Therefore, when their word intervene, lying at the confines of the admissible, the suitable and the sustainable, it has immediately the value of transgression. Once this word has come, the woman, main subject of this word, recovers her voice and the image of her body. The body is the first place where the patriarchal appropriation of feminine discourse manifests itself, and the reappropriation of this discourse by woman becomes the first and principal sign of a possible emancipation. A « feminin » speech is then celebrated, a speech that is not exclusively that of women, yet a speech that does not pretend to the universal, and which allows the emergence of a minority discourse that escapes the logocentric and theocentric visions of the world.
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