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Les arts martiaux Shaolin en spectacles vivants : dans Sutra, Chun Yi - The Legend of Kung Fu et Shaolin Warriors - The Legend Continues

Gagné, Sylvain 23 May 2024 (has links)
Cette thèse propose une étude du langage des arts martiaux Shaolin (Shàolín 少林) en spectacles vivants dans trois œuvres des arts de la scène. Deux spectacles sont d'origine chinoise, et se situent sous un paradigme ouvert, dit de spectacles populaires ou grand public, à savoir Chun Yi: The Legend of Kung Fu et Shaolin Warriors: The Legend Continues. Le second paradigme est plus fermé, puisque Sutra est un spectacle de danse contemporaine dont la valeur artistique est reconnue. Sutra a été créé par une équipe sinoeuropéenne, dans la chorégraphie de Sidi Larbi Cherkaoui avec des moines du temple Shaolin (Shàolín Sì 少林寺). Nous avons utilisé la théorie de l'anthroposémiotique (Jacques Fontanille et Nicolas Couégnas, 2018) et des méthodes hybrides d'investigation relevant de l'Observation-Analyse du mouvement (OAM de Nicole Harbonnier, 2014), de la sémiotique de la martialité (Mahamadou Lamine Ouédraogo, 2018), des sciences de la culture (Joseph Melançon, 2002) et du Soft Power (Joseph Nye, 1990). Les deux grilles d'analyse que nous avons construites en fonction des différents apports théoriques et méthodologiques, nous ont permis de mettre au jour la structure d'un récit canonique et les moyens de la mise en scène des arts martiaux Shaolin, les usages politiques de ces spectacles et, finalement, les fonctions de la puissance culturelle douce chinoise (PCDC) telle que manifestée dans les trois spectacles du corpus. Les codes culturels de la Chine et de l'Occident se retrouvent en situation de dialogisme interculturel, soit dans la structure même des spectacles ou dans les usages qui en sont faits. Cette fonction dialogique du Kung Fu Shaolin (Shàolín gōngfu 少林功夫 ) dans les arts de la scène s'est manifestée à plusieurs niveaux de lecture et d'analyse des spectacles. Entre autres, nous avons établi que la puissance culturelle douce chinoise participe d'une stratégie de mise en valeur de la culture traditionnelle chinoise via la représentation des valeurs de la culture socialiste avancée, par la culture d'harmonie, par le « rêve chinois », par le « consensus de Pékin » et, finalement, par le socialisme avec des caractéristiques chinoises. La Chine ne valorise pas uniquement les outils traditionnels de la culture Shaolin (Shàolín 少林), elle favorise aussi les innovations culturelles par les coopérations internationales, notamment avec l'Europe. Le spectacle Sutra du corpus en fait foi. Les codes culturels Shaolin (Shàolín 少林) y sont modifiés, restructurés, éclatés dans une explosion (Juri Lotman) de nouveauté et d'ouverture vers l'Autre. Cette conscience dialogique de l'ipséité et de l'altérité dans un produit culturel transgénique fait preuve d'une ouverture commune vers l'Autre et d'une collaboration constructive dans un échange égalitaire. La valeur de prestige mise en place dans les produits culturels chinois rend compte de phénomènes reliés au continu de la tradition ou bien au discontinu de l'explosion d'une nouveauté. Notre regard de spectateur et d'analyste nous a permis de saisir l'ampleur du phénomène de la puissance culturelle douce chinoise dans un discours politique officiel émanant du président Xi, Jinping ou de la politique culturelle chinoise mise en place par Xi, Chinese Culture Going Global, visant à combler le déficit de la soft power chinoise. Ces discours prônent la culture socialiste aux caractéristiques chinoises tant à l'intérieur de la sémiosphère de la Chine qu'à l'extérieur du pays sur la scène internationale, soulignant ainsi son désir d'affirmation de son statut de superpuissance à l'échelle planétaire. L'initiative de la Ceinture et de la Route de la soie et des projets associés contribuent à l'affirmation nationale et au discours de propagande dissimulé dans la structure et les usages des divers produits culturels chinois ou en co-productions avec des artisans de l'Occident. / This thesis proposes a study of the language of Shaolin (Shàolín 少林) martial arts in live performances in three works of the performing arts. Two shows are of Chinese origin and fall under an open paradigm known as popular or mainstream shows, namely Chun Yi: The Legend of Kung Fu and Shaolin Warriors: The Legend Continues. The second paradigm is more closed, since Sutra is a contemporary dance show whose artistic value is recognized. Sutra was created by a Sino-European team, in the choreography of Sidi Larbi Cherkaoui with monks from the Shaolin temple (Shàolín Sì 少林寺). We used the anthroposemiotic theory (Jacques Fontanille and Nicolas Couégnas, 2018) and hybrid methods of investigation relating to the Observation-Analysis of movement (OAM by Nicole Harbonnier, 2014), the semiotics of martiality (Mahamadou Lamine Ouédraogo, 2018), cultural sciences (Joseph Melançon, 2002) and Soft Power (Joseph Nye, 1990). The two analysis grids that we have built according to the different theoretical and methodological contributions, have enabled us to bring to light the structure of a canonical narrative and the means of staging Shaolin (Shàolín 少林) martial arts, aesthetic uses, performance policies and, ultimately, the functions of Chinese Soft Cultural Power (CSCP) as manifested in the three shows in the corpus. The cultural codes of China and the West are therefore found in intercultural dialogism, either in the very structure of performances or in the uses made of them. This dialogical function of Shaolin Kung Fu (Shàolín gōngfu 少林功夫) in the performing arts has been shown to be at several levels of performance reading and analysis. Among other things, we have established that the Chinese soft cultural power participates in a strategy of enhancing traditional Chinese culture through the representation of the values of advanced socialist culture, through the culture of harmony, through the "Chinese dream", by the "Beijing consensus" and, finally, by socialism with Chinese characteristics. China not only values the traditional tools of Shaolin (Shàolín 少林) culture, it also promotes cultural innovations through international cooperation, especially with Europe. The show Sutra of the corpus proves this. Shaolin (Shàolín 少林) cultural codes are modified, restructured, shattered in an explosion (Juri Lotman) of novelty and openness to the Other. This dialogical awareness of ipseity and otherness in a transgenic cultural product demonstrates a common openness to the Other and a constructive collaboration in an egalitarian exchange. The prestige value put in place in Chinese cultural products accounts for phenomena linked to the continuation of tradition or to the discontinuity of the explosion of a novelty. Our gaze as spectator and analyst has allowed us to grasp the extent of the phenomenon of Chinese soft cultural power in an official political discourse emanating from the president Xi, Jinping or from Chinese cultural policy implemented under Xi, as Chinese Culture Going Global, aiming to fill the deficit of Chinese soft power. Those discourses advocate socialist culture with Chinese characteristics both inside the Chinese semiosphere and outside the country on the international stage, thus affirming its desire to assert its status as a superpower. The Belt and Road Initiative and associated projects contribute to national affirmation and the propaganda discourse hidden in the structure and uses of various Chinese cultural products or in co-productions with artisans from the West.

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