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La quête du bonheur partagé à travers la triade éthique africaine Luba-Kasaî

Tshikoji Mbumba, Sylvain 24 April 2018 (has links)
Trois tendances polarisent le débat philosophique en Afrique. La première tendance considère la redécouverte des traditions et coutumes africaines comme la seule voie pour faire advenir le développement et le bien-être des peuples. Cette position est apparue dogmatique pour autant qu'elle fonde sa démarche sur des cultures repliées sur elles-mêmes. La deuxième tendance, elle, proclame le vide de la rationalité et de la pensée dans les traditions africaines, et annonce par-là la conversion à la science et à la technologie occidentale. Cette position est aussi dogmatique parce qu'elle nie à l'Afrique toute forme de rationalité. La troisième prend la voie de la réconciliation entre la tradition et la modernité, en mettant à l'avant-plan le dynamisme des cultures africaines porté par le souci d'ouverture et d'intégration des schèmes de progrès de la modernité. Pour les tenants de cette tendance donc, la tradition et la modernité doivent s'interpréter et s'impliquer mutuellement pour une vitalité sans faille. Mais à bien voir la question, ce débat est demeuré théorique et les différentes tendances ont éludé la vraie question de l'existence humaine des peuples africains qui, à notre sens, reste celle du bonheur partagé. Ces tendances auraient dû partir des cas concrets tirés des traditions et coutumes africaines pour étoffer une philosophie cohérente susceptible de faire hâter le développement et le bien-être des peuples. Concret et pratique, le présent travail propose une réflexion sur l'éthique du bonheur partagé cultivée par le peuple Luba-Kasaï, avec ses implications sociales et politiques dans la vie de tous les jours. L'enjeu consiste à montrer que, chez le peuple Luba-Kasaï, la visée éthique de l'existence humaine est le bonheur. Loin d'être individuelle, la quête du bonheur partagé concerne aussi toute la communauté (famille, clan, village) et passe par les médiations institutionnelles et symboliques. Car pour être possible, le bien-vivre doit dépasser le face à face des relations individuelles et s'étendre à la dimension transpersonnelle, sociale et institutionnelle. Cette perception du bonheur régit l'organisation sociale, notamment en permettant à chaque membre de s'accomplir socialement, en favorisant la participation de tous à la gestion de la Cité et du bien commun. Ce qui nécessite l'instauration des structures politiques et sociales adéquates, respectueuses des droits, de la dignité humaine et des libertés. Ce travail a aussi comme objectifs de montrer que l'avènement du bien-être de l'Afrique ne dépend pas uniquement du processus de conversion au modèle occidental comme le seul dont l'Afrique ait besoin pour son développement. Il s'agit de montrer la nécessité de la voie de la réconciliation capable d'articuler dynamiquement la modernité occidentale et la tradition africaine, le principe d'ouverture, d'intégration et d'universalisation permettant l'enrichissement dans la réciprocité ; montrer, à partir de la culture luba-kasaï, que dans les pays africains, chaque culture doit trouver les socles éthicophilosophiques du développement harmonieux et d'une heureuse organisation étatique. / For sometime, most intellectuals have agreed that the African philosophical debate has evolved around three tendencies. The first propensity has been that the promotion of traditions and local cultures is the unique and sole venue that would yield the development as well as the happiness of nations. Such a bias has proven to be dogmatic as it is rooted in the belief that people need to be self-reliant. The second proclivity claims that there is no rationale in the idea of relying solely on African traditions, when it is possible to evolve into a synergic symbiosis that includes both modern science and technology. The latter is also quite dogmatic, as it invalidates any shape or form of African rationality. The third current attempts to propitiate traditions and modernism, while putting forward the exhilaration of African customs, and being cognizant of the need to maintain openness and integration of the betterment that a contemporary society might infuse. In this respect, traditions and modernism must symphonize and assimilate their values in order to sustain their essence. However, when applying the sniff test, this debate has remained fruitless; these theories have eluded the question of addressing the existence of African nations, which, from our stand point, remains one of shared happiness. These predilections should have utilized concrete examples from African customs, in order to enhance a coherent philosophy that would propel the development and the happiness of nations. A more practical approach is proposed and illustrated in these writings, which bring forth an ethical rationale of the shared happiness we find among the People of Luba heritage, despite its socio-political implications. Within the ethnic Luba-Kasai, the human goal of everyday living is happiness. Far from being individually centered, the search for a shared happiness is the concern of the entire society (family, clan or village), extending through institutional and symbolic mediation. This perception of happiness runs the social organization, allowing the contribution from as well as the participation of each individual, to the management of the city and the commonwealth. This requires the integration of social and political structures that would advance everyone's rights, dignity and liberty. We therefore insist that the oncoming realization of African happiness does not rest uniquely on an occidental conversion model. It will become a reality when we coalesce western contemporary systems, African traditional values, openness, integration that would lead to reciprocal and mutual enrichment. It is only within such premises, starting within the Luba-Kasaï tribes, that each African nation, each African culture, will find the missing ethical and philosophical links to a more harmonious societal organization.

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