La pensée moderne s'est développée à partir de ce que l'on pourrait appeler un paradigme mécaniste. Cette pensée prend en effet sa source dans une vision mécaniste du monde qui, poussée à l'extrême, prétend expliquer tous les phénomènes en les réduisant aux propriétés de leurs parties constituantes. En réaction aux lacunes inhérentes à cette approche mécaniste du monde, lacunes qui se sont fait sentir avec une acuité sans cesse croissante, un nouveau paradigme a vu le jour : le paradigme systémique. Ce nouveau paradigme est à la base de la pensée systémique contemporaine. Cette thèse se veut une introduction à l'approche systémique, à l'attitude systémique devant le monde. Il s'agit de tenter d'y montrer comment et pourquoi l'attitude mécaniste moderne a favorisé et rendu pratiquement nécessaire l'avènement du paradigme systémique, et dans quelle mesure ce dernier peut se révéler utile et fécond. Le premier chapitre de ce travail est entièrement consacré à une critique de la pensée moderne, critique particulièrement centrée sur les domaines scientifique et philosophique et sur les méfaits qu'y a exercés la méthode analytico-sommative. Cette dernière étant le principal instrument de connaissance par lequel s'est traduite l'attitude mécaniste, il convenait de s'interroger sérieusement sur son application et ses limites. Or cette méthode a souvent été mal appliquée, en raison de la trop grande importance accordée à l'analyse pure et simple au détriment de la synthèse des résultats. Cela nous a menés droit vers la spécialisation à outrance, le cloisonnement du savoir et la formation de nombreux langages techniques inaccessibles même à un profane intelligent. Mais en plus d'avoir été mal appliquée, cette méthode s'est révélée incapable de venir à bout de certains problèmes. Les problèmes d'émergence, c'est-â-dire les problèmes concernant des totalités en tant que telles, refusent en effet de se laisser résoudre par l'entremise de la méthode analytico-sommative. Ainsi, le deuxième chapitre s'interroge sur le phénomène de l'émergence et l'inadéquation de la méthode analytico-sommative à son égard, inadéquation qui semble constituer la limite essentielle de cette méthode. Les systèmes étant des totalités omniprésentes dans notre univers, les problèmes concernant des totalités sont donc monnaie courante. Et comprendre d'où provient l'inaptitude de la méthode analytico-sommative à solutionner les problèmes de ce genre, cela revient à comprendre d'où résultent l'inadéquation de l'attitude mécaniste envers le monde et la nécessité du recours au paradigme systémique. Le troisième et dernier chapitre s'attache justement à déterminer brièvement de quelle façon ce nouveau paradigme, qui en est encore à ses premiers balbutiements, s'actualise à travers la pensée systémique contemporaine, et dans quelle mesure il semble destiné à un avenir prometteur. Cette thèse n'est donc pas, et de loin s'en faut, un exposé complet de la problématique systémique actuelle et de ses retombées. Il ne s'agit en fait que d'une introduction à cette problématique, introduction qui vise à comprendre pourquoi une telle problématique s'est présentée soudain à nos yeux avec tant d'acuité, et à faire entrevoir jusqu'à quel point il paraît important de travailler à développer le paradigme systémique qui en est à l'origine.