Spelling suggestions: "subject:"220.5 UL 1983 291"" "subject:"220.5 UL 1983 1291""
1 |
L'homme comme relationDabire, Constantin Gbãane 18 November 2024 (has links)
S'il est vrai que l'homme est « un être hypothétique et dont le souci principal est... de se définir », alors une thèse sur l'homme est difficilement « de trop »; en outre le traitement philosophique de cette question de l'homme en quête de son humanité demeure pertinent, d’autant plus que la domination actuelle des sciences, de la technologie, de l'économie, etc. a transformé l’existence d'aujourd'hui en une gigantesque « industréalité » qui combat la méditation. Défiant, pour ainsi dire, les prophéties de la « fin de l'humanisme » ou de la « mort de l'homme, la présente thèse s'attèle à cette vieille question, en proposant de l'aborder par le biais de la relation. Si originalité il y a, c'est peut-être dans la procédure que nous y suivons: nous mettons en dialogue (nous soulignons ce terme) deux manières de penser, de dire et de faire l'homme, à savoir: le propos de la Tradition des Dagara - une ethnie africaine de Haute-Volta - sur l'être humain, et l'humanisme issu de la civilisation « occidentale ». De naissance nous appartenons à la première de ces deux cultures, mais les circonstances de l'histoire nous ont entraîné dans la deuxième. De ce fait, lorsqu'à surgi en nous l'interrogation portant sur le statut de l'homme dans le monde, nous avons spontanément mis en parallèle ces deux humanismes. Notre réflexion comporte ainsi trois étapes: - Une monographie tente de présenter les Dagara et leur manière d'être homme; nous nous y attardons sur certains aspects, selon nous inédits, de leur culture: une organisation originale du système de parenté (double descendance, double lignage), une institutionnalisation surprenante des rapports de co-existence (alliances matrimoniales, totémiques et autres, amitié, hospitalité, religion, etc.), ainsi que divers rites et pratiques (naissance, initiations, funérailles); bref, une organisation sociale qui ne manque pas d'étonner l’observateur par son originalité au sein des sociétés africaines dont cette culture reste cependant parente. L'enseignement sapiential qui ressort des mythes, proverbes et autres lieux de la littérature orale nous livre, de façon quasi explicite, la conception de l'être humain dans cette Tradition: nous y avons repéré la catégorie relation comme élément fondamental retenu (sans doute trop systématiquement) dans la définition de l'homme Nisaal: un être fondamentalement « membre », un nœud de relations; « fils de l'univers » et « voyageur de l'infini » en quête de « fraternité » cosmique. (Première partie). -Cette manière d'être homme (Nisaal) est ensuite confrontées la façon dont la culture « occidentale » a longuement élaboré son statut de l'homme-dans-le-monde, en tablant sur l'individu, la raison et la production. Nous en relevons, bien entendu, les aspects glorieux : les sommets d'humanité auxquels cette civilisation a pu atteindre. Mais notre regard est surtout critique. En nous appuyant sur nombre d'auteurs occidentaux dont la réflexion rejoint notre analyse, nous dénonçons les aspects aberrants de l'aventure occidentale: « l'aliénation du logos », « la manie de diviser » le réductionnisme, etc., qui voguent de pair avec un acharnement forcené sur ce qu'Heidegger nomme « l’étant-à-portée-de-main ». Ce « mouvement furieux du commettre » a finalement compromis le sort de l'homme occidental, désormais livré à la démesure (hybris) d'un démiurge. (Deuxième partie). -En mettant en dialogue ces deux types d'homme, nous proposons de redire la « définition » de l'être humain en dépassant aussi bien la « position accroupie » du Dagara que « l’illusion du survol » dont se nourrit l'Occidental. Cela nous semble possible à condition de prendre en considération la dimension relationnelle et la relativité de l'être humain, ce nœud de relations, fruit de relations, qui ne peut advenir, subsister ni devenir qu'en gardant le lien , en faisant le pont et en gardant la mesure . (Troisième partie)
|
Page generated in 0.0342 seconds