Spelling suggestions: "subject:"220.5 UL 1986 1752"" "subject:"220.5 UL 1986 752""
1 |
La Figure de Socrate et la conscience moraleBouchard, Denis, Bouchard, Denis 11 January 2025 (has links)
Socrate, figure énigmatique entre toutes, est le symbole du sage accompli, du philosophe. Il fascine, déroute et inquiète, mais ne laisse pas indifférent quiconque ose s'approcher de lui. Plusieurs grands esprits s'en réclament et tirent leur inspiration de son œuvre. Nous avons choisi de cerner les motivations qui nourrissent cet engouement. L'ironie est pour Socrate un moyen de descendre dans la conscience de chacun; un outil lui permettant d'abaisser les barrières de la suffisance. Elle encourage l'interlocuteur à prendre conscience de sa carence cognitive. L'ironie socratique est avant tout pédagogique. Elle cherche à éveiller l'esprit de sa torpeur en le confrontant aux contradictions internes qui résultent du raisonnement habilement mené par le maître. Si l'ironie cherche à sortir l'âme de sa léthargie, le dialogue sera le terrain sur lequel s'opère ce cheminement. En effet, l'ironie prend vie grâce au dialogue. Ce dernier est essentiel, car il mobilise les interlocuteurs et les pousse à l'échange dialectique. Le dialogue est l'occasion pour l'esprit de s'affirmer, certes, mais aussi et surtout, la chance de confronter raison et opinion. De plus, il est relation; relation à soi-même comme avec autrui. Socrate tenait à cet aspect relationnel, car de la rencontre dialogique pouvait surgir la vérité. Ici entre en jeu la maieutique, qui avait pour tâche de mettre au monde les pensées de chacun afin de constater si celles-ci correspondent a la vérité ou à une simple opinion. Nous constatons alors que le ÀÔyoç, qui est parole et raison, est le phare qui guide l'esprit vers le sentier de sa découverte intérieure. Ce qui nous conduit au fameux "yvw0i aauxôv", l'impératif suprême de la démarche socratique. La connaissance de soi est en effet pour Socrate l'unique et essentielle voie qui puisse conduire l'esprit au sein de son intériorité, la seule façon de découvrir le fondement intime de son être vrai. A cet effet, la pensée réflexive se révélera d'une utilité irremplaçable, puisqu'elle doit assumer cette conquête de soi qui anime l'esprit. La réflexion sur soi, mère de la philosophie, conduit l'esprit à poser une hiérarchie des valeurs au sein de l'univers matériel et intelligible qui l'entoure. Les biens contemplatifs, les plus dignes d'intérêt pour Socrate, sont donc les seuls qui méritent vraiment notre attention. Ainsi, la connaissance de soi sera pour l'esprit le moyen d'atteindre son épanouissement total. La conscience morale est l'aboutissement de ce cheminement dialectique. Elle est l'apogée de la méthode de Socrate, sa fin ultime. C'est l'esprit qui a une vision claire de l'absolu à faire sien, du bien à atteindre comme besoin vital. Cette conscience est celle qui guide l'esprit et lui procure la certitude de soi. Elle pose le moi comme principe d'action pour soi et au sein du monde. Tous les efforts de Socrate tendirent vers cet idéal. Il a cherché à libérer l'esprit afin de le rendre présent à lui-même. Socrate a assumé cet apostolat afin de rendre le bonheur accessible à l'humain. Car, en fin de compte, toute action humaine n'est-elle pas tendue vers la conquête de ce bonheur qui épanouit la personne?
|
Page generated in 0.0514 seconds