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Dialogue avec le sujet psychotiqueWolf, Marc-Alain 16 April 2021 (has links)
Dans ce travail nous avons d’abord cherché à présenter la psychose. Nous avons fait appel à deux symptômes cardinaux, le délire et l'hallucination, et à deux catégories nosoiogiques traditionnelles, la paranoïa et la schizophrénie. A ces concepts classiques nous avons tenté d’insuffler une dynamique et une extension philosophiques en citant des auteurs et des travaux qui se situent à la jonction des deux disciplines (psychiatrie et philosophie). La rencontre psychiatrique est une forme particulière de relation interpersonnelle. Par souci de clarté, nous avons distingué la rencontre diagnostique de la rencontre thérapeutique qui représentent deux scènes séparées où les enjeux théoriques de l’interaction se posent en termes différents. Pour la rencontre diagnostique, une analyse épistémologique a été proposée, faisant appel à la distinction husserlienne des attitudes naturaliste et personnaliste. La rencontre thérapeutique a été envisagée à partir d’un modèle qui distingue quatre approches principales : objective-descriptive, psy chanalytique, phénoménologique-existentielle et interpersonnelle. L’analyse a été ensuite étendue au cas particulier de la psychose et aux formes contemporaines de psychothérapie. La psychose n ’est-elle pas un obstacle insurmontable à cette qualité de communication qu’on appelle le dialogue? Pour répondre à cette question, nous avons interrogé deux philosophes du XXe siècle, Martin Buber et Emmanuel Lévinas. Buber décrit deux manières de communiquer. La première privilégie la proximité et l’unité, la seconde consent à la distance et à la séparation. Dire Tu, c’est sortir de soi, engager la totalité de son être, assumer flimmédiateté de la relation. Dire Cela, c’est rester confiné à l’intérieur de soi, refuser la présence et la réciprocité. Lévinas conçoit la relation avec autrui comme une responsabilité sans limite. L’égalité et la symétrie sont des illusions néfastes. Le tiers introduit une contradiction dans l’asymétrie de la relation et rend possible la justice, la réciprocité des droits et des devoirs. Toute rencontre véritable confronte le patient psychotique à un dédoublement de sa vie relationnelle, à une mise en concurrence des interlocuteurs. Nous avons appliqué les catégories bubériennes et l’éthique lévinassienne à la situation particulière de la rencontre psychiatrique avec un sujet psychotique. L’épisode fécond ne témoigne-t-il pas aussi des dangers du Je-Tu? Le handicap social du schizophrène ne se manifeste-t-il pas d’abord dans la sphère, plus précieuse qu’il ne paraît, du Je-Cela? Les intuitions de Lévinas, sa conception de la subjectivité comme responsabilité unilatérale et illimitée, comme otage, révèlent à leur tour 1’ « incondition » du psychotique. La psychose est à la fois une expérience relationnelle et une pathologie de la relation. Celle-ci affecte la communication avec soi, avec le monde et avec autrui. Ce travail vise à clarifier les multiples facettes de l’expérience psychotique, à rendre compte de la diversité des points de vue et des savoirs. Il offre ensuite une analyse épistémologique de la rencontre psychiatrique avec un sujet psychotique en distinguant les deux étapes de la relation : celle du diagnostic et celle du traitement. Il interpelle enfin deux philosophes du dialogue, Martin Buber et Emmanuel Lévinas, avec, en toile de fond, cette question préliminaire : la psychose n’est-elle pas un obstacle insurmontable à cette qualité de la relation qu’on appelle le dialogue? Nous montrerons que toute rencontre véritable confronte le patient psychotique à un dédoublement de sa vie relationnelle mais que malgré les obstacles, un travail de rapprochement demeure toujours possible.
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