Cette thèse vise à mieux comprendre le rôle de certains facteurs dans l'expression de l'engagement paternel auprès d'un échantillon de familles normatives dont l'enfant est en bas âge. Elle s'intéresse aux caractéristiques individuelles et familiales pouvant encourager ou nuire à l'engagement paternel au cours de la transition à la parentalité. La nature longitudinale de la première étude permet de tester les associations réciproques entre des cognitions paternelles (c.-à-d., identité parentale, sentiment d'efficacité et satisfaction conjugale) et les perceptions maternelles de l'engagement du père. Les résultats des analyses indiquent qu'un meilleur sentiment d'efficacité du père à deux mois prédit des perceptions maternelles plus positives à cinq mois. Inversement, des perceptions maternelles positives à deux mois prédisent un meilleur sentiment d'efficacité et une plus grande satisfaction conjugale du père à cinq mois. Cette étude souligne l'importance des premiers mois suivant la naissance d'un enfant pour la perception de la paternité au sein du couple. La deuxième étude examine plus finement l'association entre l'identité parentale et l'engagement paternel. Elle teste également la modération de cette association par la coparentalité. Les résultats montrent que l'importance relative du statut parental et le degré d'identification au rôle nourricier contribuent à expliquer la perception maternelle de l'engagement paternel. L'importance relative du statut semble être la mesure d'identité qui permet le mieux d'expliquer la sensibilité paternelle observée. Toutefois, la coparentalité, tant perçue par le père qu'observée en laboratoire, modère le lien entre chacune des dimensions de l'identité paternelle et la sensibilité paternelle observée. Ces résultats soulignent la complexité de l'identité paternelle de même que l'importance de prendre en compte la coparentalité dans la compréhension de l'expression identitaire par l'engagement paternel. Les travaux futurs devraient s'intéresser davantage au processus par lequel les cognitions et les comportements parentaux s'influencent mutuellement. Les chercheurs devraient également étudier plus amplement la relation coparentale afin d'élucider le processus d'influence mutuelle entre les parents dans leur perception de la paternité. Enfin, les résultats observés pour les différentes mesures de l'identité parentale devraient inciter les chercheurs à utiliser des mesures spécifiques et bien définies, en précisant clairement la dimension de ce concept qui est évaluée.