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Jeux de miroirs et dédoublements dans Sodome et Gomorrhe et Le Temps retrouvé de Marcel Proust, et dans Orlando de Virginia Woolf : modernisme et "baroquisme" / Mirror games and duplications in Marcel Proust's Sodome et Gomorrhe and Le Temps retrouvé, and in Virginia Woolf's Orlando : modernism and ‘baroquism’Beynel, Julie 20 September 2018 (has links)
Dans des contextes communs de guerres et de révolutions scientifiques, les représentations qui fondent, et parfois hantent, l’imaginaire d’auteurs de l’époque baroque et du début du vingtième siècle présentent des similitudes. Images d’un monde renversé, où les espaces, les êtres et les instants se reflètent, où l’instabilité et la mutabilité sont des lois régissant toute chose, les scènes et décors des trois œuvres du corpus se substituent à l’harmonie du monde, celle du Créateur, telle que la Bible la décrit. Espace, personnages, temps vécu apparaissent à travers un prisme qui renvoie à leurs doubles, diffractés, reflétés d’abord dans la machine de la mémoire involontaire. La réalité se change dès lors en réalités, les lieux en impressions d’un ailleurs, les amis en chimères, tous faisant l’objet d’études et d’interprétations sans cesse réévaluées. Dans une écriture où les vues s’accumulent et se superposent, Marcel Proust et Virginia Woolf n’en finissent pas de prolonger les impressions, circonvolutions, arabesques qui diffèrent sans cesse la conclusion du récit, au profit du spectacle d’événements sensibles et de voyages de héros à travers les strates du temps vécu. Personnages en mouvement, Orlando et le Narrateur courent à la recherche de la chair du temps, qu’ils semblent trouver dans leur ombre et dans le frisson d’un instant, selon des modalités extatiques que Le Bernin ou Le Caravage ont représentées dans leur art respectif. Faits de mondes d’apparences, d’illusions, Sodome et Gomorrhe, Le Temps retrouvé ou Orlando ne sont pourtant pas des textes faisant l’apologie du scepticisme et du renoncement à une certaine forme d’essence : encore faut-il qu’elle soit éclatante et advienne dans la beauté d’une image qui traduise la coïncidence d’une vision éphémère et d’une création poétique offerte aux temps à venir. / In common contexts of wars and scientific revolutions, the representations that melt, and sometimes haunt, the imaginary of writers of the Baroque and early twentieth century are similar. Images of an inverted world, where spaces, beings and moments are reflected, where instability and mutability are laws governing everything, the scenes and scenery of the three works of the corpus replace the harmony of the world that of the Creator, as the Bible describes it.Space, characters, lived time appear through a prism that refers to their double, diffracted, reflected first in the machine of involuntary memory. Reality is then changed into realities, places into impressions of an elsewhere, friends in chimeras, all subject to studies and interpretations constantly reevaluated.In a writing where views accumulate and overlap, Marcel Proust and Virginia Woolf endlessly prolong the impressions, convolutions, arabesques that constantly differ the conclusion of the story, in favor of the spectacle of sensitive events and hero journeys through the strata of lived time.Characters in motion, Orlando and the Narrator run in search of the flesh of time, which they seem to find in their shadow and in the thrill of a moment, according to ecstatic modalities that Bernini or Caravaggio represented in their art respective.Facts of worlds of appearances, of illusions, Sodom and Gomorrah, The Time found or Orlando are not however texts making the apology of the skepticism and the renunciation of a certain form of essence: it is still necessary that it be brilliant and come into the beauty of an image that reflects the coincidence of an ephemeral vision and a poetic creation offered to the times to come.
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