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Heidegger et la question du mal / Heidegger and the question of evilDonnet, Benoît 07 April 2018 (has links)
« C’est seulement lorsque nous nous ouvrons à ce qui est plein de secret et plein de grâce comme à cela qui nous donne proprement à penser, qu’il nous est aussi donné de penser ce que nous tenons pour la malignité du mal », notait Heidegger au moment de méditer la vérité de l’être dans l’exploration de la dimension inouïe au sein de laquelle elle se déploie, à l'heure de mettre fin à la philosophie pour commencer seulement à penser.Comment comprendre que l’expérience du mal ait pu accompagner le chemin de la pensée ? N’est-ce pas cette singulière concomittance qui en éclaire, à l’époque du nihilisme, l’implacable urgence, ainsi que l’indifférence apparente aux questions éthiques ? Car si le mal est accessible à la pensée par delà la différence ontologique, c'est qu'il n’est pas qu’une valeur et excède la législature de la morale. Que signifie-t-il alors et que peut vouloir dire en lever le règne ?Répondre à cette question n'ira pas sans impliquer un retour sur la signification philosophique et théologique du mal, au moment d'en attester, à l'instant de penser, l'incomplétude. Le champ dans lequel Heidegger a pu de manière ou d'autre faire sienne cette tâche n’implique-t-il pas alors de soustraire au silence sa singulière relation au christianisme, dont la morale à laquelle il s'agit de retrancher la vérité du mal porte aussi la trace ?Et si la pensée de l’Ereignis s’accomplit comme surmontement de tout mal, si c’est la paix des choses et des mortels qu’il s’agit d’y construire, la résonance du silence qui structure la langue pour en faire le plus haut de ses modes et dont nous recevons en y répondant ce que nous avons de plus propre, le dire, de quelle paix la pensée en chemin peut-elle porter l'annonce ? Quel sens revêt à cet égard la responsabilité dont l’essence de la langue nous rend face à l’être, titulaires ? / As he takes to addressing the question of being, Heidegger writes: « Only when we open ourselves to what is full of secrets and full of grace as we do to something that makes us think, are we also enabled to think what we consider as the malignancy of evil. »How is one to understand that the experience of evil goes along with the path of thinking ? Is it not this concurrence alone that can explain why evil seemingly ignores ethical questions ? For one can think of evil beyond mere metaphysics as it is not only a value and overrides the laws of morality. What is, then, the meaning of evil, and what could it possibly mean to undo its domination ? Answering this question necessarily implies to reassess the philosophical, and biblical, meaning of evil, with its incompleteness being asserted as the thinking process begins. Aiming at uprooting the truth of evil out of the Christian morality, marked as it is by silence, one wonders whether the field in which Heidegger sets out to make this task his own in one way or another, indeed involves to remove silence off its special relationship to Christianity ?
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