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Variation du sex-ration chez les jeunes kangourous gris de l'est (Macropus giganteus) en fonction de caractéristiques maternelles

Le Gall-Payne, Camille January 2015 (has links)
Pour une étude de population un sex-ratio à la naissance déviant de la parité peut avoir un impact important dans un contexte de conservation. En effet, un plus grand nombre d’individus d’un sexe peu affecter les dynamiques de population chez une espèce donnée. Plus d’une dizaine d’hypothèses tentent d’expliquer la variation du sex-ratio à la naissance chez les mammifères. La plupart de celles-ci sont construites sur l’idée qu’un investissement parental différentiel selon le sexe du jeune devrait affecter la valeur adaptative du ou des parents (Clutton-Brock and Iason, 1986; Frank, 1990; Clutton-Brock, 1991; West, 2009). Ce mémoire vise à étudier la variation du sex-ratio chez le kangourou gris de l’Est (Macropus giganteus) principalement selon des caractéristiques liées à la mère, au jeune et à l’environnement. L’hypothèse de Trivers et Willard (1973) sera aussi testée dans le cadre de ma maîtrise. Cette hypothèse stipule que pour un mammifère polygyne ayant un dimorphisme sexuel, les mères ayant la capacité de fournir un niveau élevé de soins maternels devraient produire plus de fils. Pour ce faire, un suivi longitudinal de deux populations a été effectué, de 2008 à 2013 au Wilsons Promontory National Park (Prom) et de 2007 à 2013 au Anglesea Golf Club, tous deux dans l’état du Victoria, en Australie. Au total, au sein de la population du Prom, 324 jeunes sont de sexe connu et les analyses ont été effectuées sur 166 paires de mères-jeunes. Un effet important de la masse ainsi que de la longueur de la jambe de la mère sur le sexe de son jeune a été trouvé. Les femelles plus lourdes ou ayant une plus longue jambe ont plus de chance de donner naissance à des fils. Pour un individu, une augmentation de 2 kg par rapport à la moyenne populationnelle en masse (27,5 kg) équivaut à une augmentation de 11 % en probabilité de produire un fils alors qu’une augmentation de 10 mm par rapport à la moyenne populationnelle en longueur de jambe (520 mm) correspond à 8 % d’augmentation en probabilité d’avoir un fils. Ces effets ne sont pas retrouvés chez les primipares, qui pourtant sont en moyennes plus petites et plus légères. Je ne suis pas en mesure d’expliquer ce résultat inattendu chez les femelles primipares. Contrairement à la masse, la condition corporelle de la mère, définie comme étant un reflet des réserves énergétiques d’une femelle et mesurée par un indice de condition relative, n’a aucun effet sur le sexe de son jeune. À ce sujet, je soulève un questionnement quant au choix d’un indice de condition corporelle pour une espèce ayant une croissance indéterminée comme le kangourou. En effet, les indices de condition corporelle lient la masse d’un individu à une longueur corporelle. Toutefois, lorsque ces deux variables varient annuellement, les changements d’indice ne sont donc pas clairement attribuables à l’une ou à l’autre de ces variables. Aucun des résultats obtenus pour la population du Prom n’est présent dans celle d’Anglesea. En fait, aucune des variables testées n’avaient d’effet sur le sexe de la progéniture. Ce projet ne supporte donc pas l’hypothèse de Trivers et Willard au sens strict puisque nous n’avons pas trouvé d’effet de la condition sur le sex-ratio. Nous suggérons plutôt que pour la population du Prom, la taille structurelle ainsi que la masse d’une femelle sont liées à son potentiel reproducteur. Donc, cette maîtrise supporte l’idée générale de cette hypothèse puisque les femelles ayant un plus grand potentiel reproducteur ont des fils. Ce projet souligne également l’importance des conditions environnementales au sein d’une population et à la fois pour deux populations retrouvées dans des conditions environnementales différentes qui présentait des résultats distincts. En effet, les résultats sur la variation du sex-ratio au Wilsons Promontory sont différents de ceux du Anglesea Golf Club, où il n’y a pas de lien entre masse ou taille maternelle et sex-ratio. Ce mémoire présente un portrait complexe du sex-ratio chez le kangourou gris de l’Est variant avec des effets très forts affectant celui-ci. De plus, de nouvelles réflexions émergent du projet notamment concernant le choix d’un indice de condition corporelle pour cette espèce, l’identification des variables environnementales affectant le sex-ratio et l’explication d’un résultat surprenant pour les primipares par rapport au sex-ratio. En conclusion, il sera intéressant de vérifier si les effets de la taille et la masse des femelles sur la progéniture étudiés dans ce projet de maîtrise persistent ou non à travers les années.

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