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La précarité de l'emploi, la qualité du travail et la santé des professionnelles et professionnels de recherche de trois facultés d'un établissement d'enseignement supérieur québécoisAmba Mballa, Albert 13 December 2023 (has links)
Titre de l'écran-titre (visionné le 24 juillet 2023) / Les résultats d'études récentes relatives à la situation des chercheurs en milieu universitaire indiquent une segmentation entre les professeurs-chercheurs à statuts réguliers d'une part, et d'autre part les professionnelles et professionnels de recherche (PPR) à statuts d'emploi atypiques (Lapointe et al., 2022). Parmi les chercheurs à statuts atypiques, les PPR sont décrits comme des travailleurs précaires et peu reconnus par l'employeur (Lapointe et al., 2020). Ces constats sont à l'origine de cette thèse qui documente les mécanismes générateurs de la précarité d'emploi et de la qualité du travail des PPR, et explore leurs associations avec la santé. Plus précisément, nous décrivons les dimensions de l'emploi précaire et de la qualité du travail et nous les comparons selon le domaine du savoir (ou faculté). Ensuite, nous étudions les liens entre l'emploi précaire et la santé ainsi qu'entre la qualité du travail et la santé. Enfin, nous analysons les mécanismes causaux plausibles qui génèrent la précarité de l'emploi et la qualité du travail des PPR. Cette recherche prend la forme d'une étude de cas comparant les conditions d'emploi, de travail et de santé des PPR entre trois facultés (Nature, Santé et Humanités) d'un même établissement d'enseignement supérieur québécois. La collecte et l'analyse de renseignements s'appuient sur quatre sources de données, associant les traitements statistiques de données collectées dans le cadre d'une étude précédente réalisée sur la santé du personnel de l'établissement concerné (Truchon, 2019), les listes de contrats des PPR, 33 entrevues semi-dirigées, les documents institutionnels incluant la convention collective des PPR, les renseignements sur le financement de la recherche ainsi que sur le nombre d'unités de recherche dans les trois facultés. Les résultats obtenus montrent que tant la précarité de l'emploi que la santé des PPR varient selon les trois facultés étudiées. En effet, les PPR travaillant en Nature ont des contrats moins précaires et de faibles résultats de santé négative, ceux qui travaillent en Santé ont des contrats moyennement précaires et des résultats moyens de santé négative, alors que les PPR travaillant en Humanités ont les contrats les plus précaires et les résultats de santé négative les plus élevés. De plus, la précarité de l'emploi est le principal déterminant de la détresse psychologique. En effet, la détresse augmente avec la précarité et la demande psychologique, mais diminue avec la satisfaction au travail. Par contre, les troubles musculosquelettiques (TMS) diminuent avec l'augmentation de la satisfaction au travail, alors que la douleur diminue plutôt avec l'augmentation du soutien des collègues. Bien plus, l'étude met en évidence un lien entre la précarité de l'emploi et la qualité du travail. En effet, le fait d'avoir des contrats précaires semble conduire les PPR au cumul d'emplois et augmenter par la même occasion leur charge de travail. La variation du niveau de précarité de l'emploi selon la faculté peut s'expliquer par le fait que les gouvernements hiérarchisent les domaines du savoir en octroyant des budgets de financement de recherche plus élevés en Nature, moyennement élevés en Santé et plus faibles en Humanités. La précarité de l'emploi des PPR et les disparités de traitement dont ils sont l'objet découlent du choix de l'université d'adosser le paiement des salaires des PPR au financement externe incertain. Parce que l'université délègue plusieurs fonctions aux professeurs superviseurs, les PPR interrogés considèrent que leur véritable employeur est soit le professeur-chercheur, soit le responsable du dispositif de recherche. Le fait de travailler dans un grand consortium de recherche ou pour un professeur qui fait preuve de soutien et de reconnaissance est associé à une perception plus positive que les PPR ont de la sécurité de leur emploi et de la qualité de leur travail. L'étude souligne aussi la contribution du syndicat à l'amélioration des conditions de travail des PPR et les mesures qu'il prend pour combattre la précarité de l'emploi et pour rendre visible le travail accompli par les PPR. Pour finir, la thèse propose d'une part une analyse multidimensionnelle des mutations de l'emploi et du travail dans le milieu universitaire en distinguant emploi et travail, et d'autre part, une analyse multirelationnelle en mettant en lumière les liens entre emploi et santé, entre travail et santé ainsi qu'entre emploi et travail. / The results of recent studies on the situation of researchers in academia point to a segmentation between professors-researchers with regular status on the one hand, and research professionals (PPR) with atypical employment status on the other (Lapointe et al., 2022). Among researchers with atypical employment statuses, PPRs are described as precarious workers with little employer recognition (Lapointe et al., 2020). These findings are at the root of this thesis, which documents the mechanisms that generate job precariousness and quality of work among PPRs and explores their associations with health. Specifically, we describe the dimensions of precarious employment and quality of work and compare them by field of knowledge (or faculty). Next, we study the links between precarious employment and health, and between quality of work and health. Finally, we analyze the plausible causal mechanisms that generate precarious employment and quality of work in RPPs. This research takes the form of a case study comparing the employment, working and health conditions of RPPs between three faculties (Nature, Health and Humanities) of the same Quebec higher education establishment. The information gathered and analysed was based on four sources of data, combining statistical processing of data collected as part of a previous study on the health of staff at the institution concerned (Truchon, 2019), lists of RPP contracts, 33 semi-structured interviews, institutional documents including the RPP collective agreement, and information on research funding and the number of research units in the three faculties. The results show that both job insecurity and the health of RPPs vary between the three faculties studied. PPRs working in Nature have less precarious contracts and low negative health scores, those working in Health have moderately precarious contracts and average negative health scores, while PPRs working in Humanities have the most precarious contracts and the highest negative health scores. In addition, precarious employment is the main determinant of psychological distress. Distress increases with precarious employment and psychological demand but decreases with job satisfaction. On the other hand, musculoskeletal disorders (MSDs) decreased with increasing job satisfaction, while pain decreased with increasing support from colleagues. What's more, the study shows a link between precarious employment and quality of work. Indeed, having precarious contracts seems to lead PPRs to hold multiple jobs, thereby increasing their workload. The variation in the level of job insecurity by faculty can be explained by the fact that governments prioritize fields of knowledge by allocating higher research funding budgets to Nature, medium funding to Health and lower funding to the Humanities. The precariousness of the PPRs' jobs and the disparities in the way they are treated stem from the university's decision to base the payment of their salaries on uncertain external funding. Because the university delegates several functions to the supervising professors, the PPRs interviewed consider that their real employer is either the professor-researcher or the person in charge of the research facility. Working in a large research consortium or for a supportive and well-recognized professor is associated with a more positive perception of job security and quality of work. The study also highlights the union's contribution to improving the working conditions of PPRs and the measures it is taking to combat job insecurity and make the work done by PPRs visible. Finally, the thesis proposes, on the one hand, a multidimensional analysis of changes in employment and work in the academic environment, distinguishing between employment and work, and, on the other hand, a multirelational analysis, highlighting the links between employment and health, between work and health, and between employment and work.
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