Les relations intergroupes sont influencées par la manière dont on se perçoit, par la manière dont on perçoit les autres et surtout par la manière dont on pense être perçu. Autrement dit, l'étude de la perception de soi, de la perception sociale et des méta-perceptions est clé à la compréhension des relations intergroupes. Au Québec, la commission de consultation sur les pratiques d'accommodements reliées aux différences culturelles a mis au jour les tensions évidentes qui résultent des relations intergroupes, notamment les groupes religieux. Pourtant, même si la religion de manière générale est un thème qui suscite beaucoup d'intérêt auprès des chercheurs québécois, il y a peu d'études sur la perception de la religion ou des groupes religieux, notamment sur la perception de l'altérité religieuse. Cette recherche vise donc à combler un vide dans le domaine de l'étude de la religion. La littérature montre que la manière dont on pense être perçu, ou la méta-perception est davantage déterminante des relations intergroupes que la perception. Ainsi, cette étude empirique examine la manière dont des universitaires, qui eux-mêmes s'identifient comme chrétiens ou musulmans, perçoivent leur groupe d'appartenance, la manière dont ils perçoivent l'altérité religieuse ainsi que la manière dont ils pensent que les chrétiens et les musulmans sont perçus par la société en général. Cette thèse permet d'obtenir des données concrètes auprès d'acteurs sociaux réels sur les perceptions interreligieuses au Québec, ce qui n'a pas encore été fait. Elle permet d'examiner l'orientation et la nature stéréotypée des perceptions et des méta-perceptions en utilisant surtout des techniques de collecte de données qui privilégient le point de vue des acteurs sociaux interrogés. Nous avons vérifié les hypothèses de la présence de biais de catégorisation et de l'effet de contexte sur les réponses des acteurs. Les résultats montrent que les acteurs chrétiens et musulmans qui ont participé à cette étude sont porteurs de biais de discrimination et d'images stéréotypées, mais que les musulmans sont plus susceptibles d'être victimes de ces biais et des méta-stéréotypes associés à leur groupe d'appartenance. En mettant à jour la nature négative des méta-stéréotypes associés à l'inducteur ± musulmans ¿, cette étude apporte de nouveaux éléments de compréhension aux processus d'inclusion et d'exclusion sociale des membres de la communauté musulmane. Les conséquences de ces résultats ainsi que des propositions de recherches sur l'incidence de la méta-perception négative des musulmans signalés dans ce travail pourront être multiples et significatives.