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L'association spatiale du nom en langue des signes québécoise : formes, fonctions et sens

Rinfret, Julie January 2009 (has links) (PDF)
Les langues des signes se distinguent fondamentalement des langues orales sur le plan de la modalité d'expression. La modalité visuo-spatiale a un impact sur la structure des langues des signes, tant au niveau phonologique, morphosyntaxique, sémantique que discursif. Le fait de pouvoir situer des éléments lexicaux dans l'espace discursif pour l'établissement des relations est une caractéristique qui distingue les langues des signes des langues orales. Les signeurs de la LSQ disposent de diverses stratégies d'association spatiale, manuelles et non manuelles, leur permettant de mettre en place les conditions requises à la mise en relation des éléments. Les stratégies manuelles sont i) l'utilisation du signe POINTÉ dirigé vers un locus et ii) l'articulation d'un nom directement sur un locus. Les stratégies non manuelles consistent à produire, simultanément à l'articulation du nom i) une inclinaison du tronc vers un locus et ii) un regard dirigé vers un locus. Ces quatre stratégies d'association spatiale peuvent être utilisées seules ou de façon combinée pour situer un nom (concret, abstrait ou propre). L'objectif principal de cette thèse est de décrire les contextes syntaxiques et pragmatiques à l'intérieur desquels ces quatre stratégies agissent, en plus d'expliquer la variation d'utilisation de ces dernières. La revue de la littérature présentée aux chapitres 1, 2 et 3 nous permet dans un premier temps d'exposer l'importance de l'utilisation de l'espace dans la construction du message et dans la transmission de l'information, tant dans une langue des signes que dans un contexte pragmatique impliquant une langue orale. Elle nous amène à faire la critique de théories basées essentiellement sur la linéarité d'expression des éléments. En adoptant plutôt un modèle basé sur les interfaces physiologiques et perceptuelles (Bouchard, 2002 ; en préparation), nous mettons davantage en lumière les différents moyens offerts par la langue, sans considérer comme universelle la production linéaire temporelle des éléments. Le chapitre 3 présente les problèmes théoriques engendrés par la notion de définitude. Ceci nous amènera à mettre en perspective les limites de la notion de définitude avec une théorie plus unifiée, celle de l'accessibilité cognitive des éléments discursifs (Ariel, 1990). Cette théorie, qui place le contexte pragmatique au centre de son analyse, propose que le choix de certaines marques grammaticales permet le repérage d'entités déjà introduites ou non dans le discours. Dans cette thèse, nous montrons que la présence ou l'absence d'association spatiale de noms et de loci en LSQ a un impact sur les plans sémantique, morphosyntaxique et discursif. Nous proposons qu'elle a un impact au niveau morphosyntaxique lors de la construction de la matrice spatiale permettant de situer les éléments qui entretiennent une relation de dépendance. Au niveau sémantique, elle permet l'encodage de la spécificité et de la généricité des référents dénotés par les noms, alors qu'au niveau pragmatique, elle participe à l'encodage du degré d'accessibilité cognitive des éléments pour l'interlocuteur. L'analyse que nous proposons aux chapitres 4, 5 et 6 présente une description de la distribution, de la fonction et de l'interprétation sémantique des quatre stratégies d'association spatiale. Les stratégies non manuelles, lorsqu'elles sont distribuées distinctement, permettent l'anticipation de la distribution des rôles thématiques (l'inclinaison du tronc permet d'identifier l'agent, et le regard permet d'identifier le patient). Lorsqu'elles sont utilisées comme seules stratégies avec un nom, elles permettent de marquer le caractère hautement accessible du référent. Les stratégies manuelles permettent quant à elles l'encodage de la spécificité d'un référent, en plus d'indiquer à l'interlocuteur que les entités ne sont pas accessibles cognitivement. Ces mêmes stratégies permettent également de marquer la saillance d'un élément (référent, proposition, événement) par rapport à un autre, lorsqu'elles sont produites dans leur variante accentuée. L'analyse fonctionnelle et sémantique des quatre stratégies montre finalement une systématicité dans le recours à l'association spatiale, non seulement à l'intérieur du SN, mais à tous les niveaux de structure de la langue. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Langue des signes québécoise, Nom, Espace, Spécificité, Généricité, Définitude.

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