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Le foncier rural et le développement en Mauritanie : perspective historique : l'Afṭûṭ de Mbûd à l'heure du barrage de Fum-LägläytäKamara, Cheikh Saad Bouh 11 April 2018 (has links)
La population de la Mauritanie est composée d'éléments d'origines diverses. Le brassage de tous ces acteurs a donné naissance à une société où la culture et surtout la religion islamique constituent les forces d'unité. Cette société est hiérarchisée. L'attachement à une origine, souvent liée au Prophète de l'Islam ou à ses compagnons arabes, justifie le rang que s'arrogent les dirigeants. La force militaire constitue également un moyen d'accès à la haute sphère sociale. Les Bizan étaient essentiellement des éleveurs nomades ce qui est de nature à provoquer d'énormes déplacements saisonniers contribuant ainsi à une refonte presque constante de la carte d'occupation spatiale. Les guerres inter-tribales ont également contribué aux nombreux changements de sites. Mais avec la colonisation nous avons remarqué un passage du nomadisme à la sédentarisation. Une révision de l’organisation économique des Maures fut amorcée. L'activité agricole, vieille mais qui ne bénéficiait que de peu d'intérêt de la part des Maures, connut une nette recrudescence. Le foncier s'est alors trouvé propulsé au milieu des changements socioéconomiques. Le principe musulman de YIhya (la vivification) et les lois qui s'y rattachent étaient les principales réglementations foncières des Maures. L'élimination, par le colonisateur, de la turbulence et de l’influence des tribus guerrières permit une fixité durable produisant une marqueterie qui, dans la plupart des cas, a survécu à l'époque coloniale. L'État mauritanien indépendant a maintenu le statu quo où les référents pré-colonial et surtout colonial sont fortement présents. Au début des années quatre-vingt, « une réforme foncière et domaniale » fut envisagée. Mais les critères de propriété sont extrêmement confus. Est-ce la nomadisation, la domination militaire ou politique ou l'exploitation effective du sol qui doit constituer le critère d'appropriation ? La loi musulmane (avec la vivification) tout comme la réglementation foncière coloniale (avec la mise en valeur) ont favorisé l'exploitation effective comme critère probant de l'appropriation du sol. Or, ce critère d'appropriation est insuffisant puisque le caractère collectif du droit à la terre ne contribue guère à l'identification du propriétaire. Les propriétaires sont-ils les Acbid et Hratine, acteurs principaux du défrichage et de la mise en valeur; les chefs de tribus qui, par leur influence politique, militaire ou religieuse ont contribué au maintien de la mainmise du groupe sur le sol; ou la tribu entière au nom de laquelle les terrains de culture ont été enregistrés depuis l'époque coloniale tel qu'observé à Mbûd-Fum-Lâglâytâ ? La hiérarchisation de la société ne contribue pas à l'identification réelle d'un propriétaire attitré. Le foncier se révèle alors un élément d'un ensemble socio-politique et économique en pleine mutations. En Aftût, le statut social de l'individu détermine son statut de propriétaire du sol. Et cette propriété procure à son auteur un prestige socio-politique capable de le hisser au rang d'interlocuteur valable auprès des décideurs du pays. Les enjeux sociaux se mêlent aux enjeux politiques, le tout baignant dans une espèce de refonte des anciennes structures. Expropriation, promesses de compensation, rationalisation, individualisation, privatisation sont désormais des termes fréquents en milieux officiel et rural où l'hostilité de la nature et les exigences du développement semblent dictes les choix. / Québec Université Laval, Bibliothèque 2013
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