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Historique de la Faculté des Arts de l'Université Laval, 1852-1902

Provost, Honorius 25 April 2018 (has links)
Dans le langage académique, les facultés d'une université correspondent aux maîtresses branches de l'enseignement supérieur qu'on y dispense. Les professeurs et élèves affectés à chacune de ces branches constituent telle faculté en particulier. C'est du moins le sens métonymique de ce terme, en français. Car, selon le sens traditionnel, et les Anglais y sont restés plus fidèles, la faculté désigne seulement le corps professoral. Chaque faculté a son conseil ou bureau de direction, dont le président s'appelle doyen. La faculté jouit ainsi d'une certaine autonomie: elle a sa régie interne, ses règlements, ses responsabilités; elle est une petite université dans la grande. Deux ou trois facultés au moins sont nécessaires pour constituer une université, laquelle, d'ailleurs, ne peut être légalement fondée qu'au moyen d'une charte octroyée par les autorités compétentes. L'Université Laval comprend maintenant onze facultés distinctes. Mais, à sa fondation et pendant longtemps, elle en eut seulement quatre. La Faculté des Arts était du nombre. C'est de celle-ci que nous avons entrepris de raconter le premier demi-siècle d'existence. Les seules sources de première main qui ont été mises à contribution sont celles que contiennent les précieuses archives du Séminaire de Québec et de l'Université Laval. Elles suffisaient, d'ailleurs, étant donné la circonscription du sujet. Il ne s'agissait pas de faire l'histoire, même en abrégé, de chacun des collèges affiliés qui constituent, en un sens, la Faculté des Arts. C'est plutôt du lien moral établi entre eux et l'Université qu'il s'agissait, de la coordination des efforts communs pour le progrès de l'enseignement secondaire et sa plus grande adaptation aux exigences de l'enseignement supérieur qui en est le débouché. Pendant plus de cinquante ans, la Faculté des Arts n'a guère été qu'une commission de contrôle des études en vue de l'obtention du diplôme de baccalauréat; et toutes ses opérations étaient polarisées dans ce sens. Ce n'était pas de l'enseignement supérieur. Ce n'était même pas la voie obligée pour y conduire; car, l'Université devait reconnaître, en plus de ses propres diplômes de baccalauréat es arts et d'inscription, des brevets obtenus en dehors de son contrôle, pour l'admission à l'étude des carrières libérales. On conçoit donc combien étaient ingrates les conditions de travail, quel dévouement, quel tact il fallait déployer. Les maîtres éducateurs de ce temps-là avaient besoin d'une trempe surhumaine, si l'on tient compte, en plus, des oppositions tantôt ouvertes, tantôt sournoises, auxquelles ils eurent à faire face. C'est donc dire que la Faculté des Arts n'a pas conquis sans lutte les franchises et le prestige dont elle s'auréole aujourd'hui. Son plus grand mérite a été d'obtenir l'uniformité et une coopération presque parfaite, quant aux normes de l'enseignement secondaire, au Canada français, entre des institutions d'origines et de mentalités souvent divergentes. Le fait que ces institutions furent presque toujours sous la direction exclusive du clergé n'a pas été autant qu'on pourrait croire un facteur d'union et de bonne entente. Sans dénigrer à plaisir, il faut bien admettre que les cercles ecclésiastiques canadiens, durant presque tout le XIXème siècle et même le début du XXème, ne furent pas toujours édifiants de calme et de fraternité. C'est au travers et à l'encontre d'une foule de mesquineries de clocher, de susceptibilités, de polémiques virulentes, parfois entre personnages de premier rang, que l'Université Laval a réussi à se faire accepter. Et ce ne fut pas sans voir arracher un jour de son giron une progéniture formée du meilleur de son sang, engendrée Dieu sait au prix de quelles angoisses et qui lui paraissait encore si peu viable par elle-même. Sait-on ce qu'on inflige à une mère, quand on lui arrache son enfant? La séparation finale, par le haut, entre l'Université Laval et sa Succursale de Montréal, en 1922, a entraîné, dans la Faculté des Arts, le départ de la moitié des collèges affiliés, passés sous le contrôle de la nouvelle Université de Montréal. Mais les places restées vides, à Québec, ont été graduellement comblées par autant et plus de nouveaux collèges, masculins ou féminins, affiliés subséquemment. C'est aussi dans cette période récente que la Faculté des Arts, engagée de plus en plus dans certaines branches de l'enseignement supérieur spécialisé, a vu craquer ses cadres devenus trop étroits, pour accorder existence et autonomie à toutes les facultés plus récentes, sauf celle du Droit canonique. Ainsi donc, la Faculté des Arts, partie de plus bas, a été la plus féconde des facultés primitives de Laval. Et, sans s'être épuisée pour autant, elle continue d'étendre son champ d'action dans les domaines qui lui sont dévolus. / Québec Université Laval, Bibliothèque 2012

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