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Histoire de Saint-Eugène de Grantham : 1878-1978Beauregard, Yves 25 April 2018 (has links)
Crée à la frontière historique des seigneuries et des "townships" de l'Est, près d'un certain nombre de noyaux urbains de diverses tailles, la paroisse de Saint-Eugène de Grantham doit son existence à l'exploitation de la forêt d'abord, puis par la suite au recul normal des défrichements. Pourvue d'un statut officiel en 1878-1879, la municipalité de Saint Eugène, à la faveur d'un lent démarrage du développement industriel des centres urbains régionaux, progresse rapidement tant au point de vue des effectifs de sa population que de celui des surfaces occupées et de celles mises en valeur. Isolée à l'intérieur des terres, faute de moyens de communication adéquats et permanents, la nouvelle paroisse entreprend ses premières années d'existence en vase clos pour ainsi dire! Il en résulte une véritable société traditionnelle basée sur l'autarcie, l'entraide, la famille, la religion et le travail de la terre (la scierie fermant ses portes vers 1881). Cependant vers 1890, les conséquences de l'industrialisation et de l'urbanisation qui affectent plus profondément la société québécoise en général et en particulier certaines petites cités comme Drummondville ou Saint-Hyacinthe où des pouvoirs hydroélectriques sont développés, amènent les citoyens de Saint-Eugène à spécialiser leurs activités dans le domaine de la production laitière en particulier. A la faveur du chemin de fer qui dessert maintenant la paroisse, les agriculteurs peuvent dorénavant écouler facilement et rapidement leurs produits sur les marchés urbains aussi éloignés que Montréal. Soutenu par une amélioration notable du réseau routier et favorisé par la demande exceptionnellement élevée de produits au cours du Premier Conflit mondial, ce phénomène de mutation dans l'agriculture poursuit sa marche. C'est ainsi que vers 1917, Saint-Eugène atteint certains sommets dans de nombreux secteurs comme la population, les superficies, le nombre de ferme, etc. Pourtant dès 1920, la situation se détériore. Les cultivateurs doivent alors faire face à de nombreux problèmes de marché et de financement. La diminution marquée des effectifs n'est alors qu'une des nombreuses conséquences de ce marasme. L'installation et le passage des grands services nationaux et la multiplication des moyens de communication avec l'extérieur contribuent à transformer profondément la population de Saint-Eugene. Ces changements touchent autant les mentalités, que la vie économique ou le nombre d'habitants. A la fin des années cinquante la municipalité évolue sensiblement au même rythme que la région périphérique. Suite au décès de Maurice Duplessis, souffle sur le Québec un vent de renouveau dans bien des domaines. Saint-Eugene participe de plein pied à cette ère de transformations. Laïcisation de son secteur scolaire et d'une bonne part de sa vie sociale, rationalisation et centralisation de ses services ne sont que quelques conséquences des changements que subissent les divers paliers d'administration de la paroisse. L'euphorie de la "Revolution Tranquille" passée, Saint-Eugene, prive radicalement de son autonomie dans plusieurs secteurs de ses services et de son administration, semble se chercher une vocation au cours des années 70. Paroisse agricole florissante jadis, a peine un tiers de sa population vit de la terre alors. Les malaises fort nombreux qui assaillent l'agriculture (coûts exorbitants des terres et des équipements, pollution, manque de main-d’œuvre ... ) et la proximité des villes offrant des emplois nombreux dans leurs usines et leurs services, peuvent dans une bonne mesure expliquer la situation. Prive par la Loi 90 sur la protection du territoire agricole des perspectives prometteuses amenées par l'installation d'industries sur son territoire, Saint-Eugene conna1t encore par le biais de cette même législation une certaine entrave à sa vocation de lieu de villégiature développée depuis quelques années à la faveur des nombreux espaces abandonnés par l'agriculture. A présent, peut-être beaucoup plus qu'autrefois, la situation de Saint Eugene offre un reflet assez fidèle de l'état actuel de la société québécoise très urbanisée dont la subsistance ne dépend presque plus du travail de la terre mais en grande majorité des secteurs secondaires et tertiaires. La prolifération des banlieues, la mainmise gouvernementale de plus en plus pressante sur de larges secteurs tant administratifs qu'économiques et l’insécurité qui astreint l'agriculture provinciale trouvent aussi illustration dans ce milieu-témoin qu'est le Saint-Eugene de 1978. / Québec Université Laval, Bibliothèque 2012
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