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Les croix de chemin : un phénomène de comportement en religion populaireCarpentier, Paul 25 April 2018 (has links)
Dès nos premiers cours en ethnographie traditionnelle, nous avons appris qu'i l y a, au Québec, une culture d'héritage français, mais originale. Depuis ce temps, beaucoup d'autres personnes, souvent moins doctes, nous ont répété la même chose. C'est devenu un leitmotiv national Mais un leitmotiv a parfois le défaut de s'imposer par la répétition sans fournir d'explication. Ici, bien des exemples sont venus l'appuyer. Les librairies s’étalent recueils de contes et de légendes, les disquaires ont un très grand choix de chansons d'autrefois et les spécialistes de l'architecture ou de l'outil nous présentent des volumes illustré s avec soin. L'intéressé qui prend connaissance de tout cela sait ce que cette culture a produit, parfois comment elle le produit, rarement pourquoi. Percevant la thèse de doctorat comme un exercice intellectuel d'abord, nous avons voulu profiter de l'occasion pour faire une exploration dans cette région mal connue du pourquoi. Et nous avons choisi comme sujet de cette expérience un produit esthético-religieux de notre culture, la croix de chemin. Nous allons essayer d'expliquer de quelle manière ce produit s'inscrit dans la culture dont il est issu. Traditionnellement, les étudiants en ethnographie consacrent quelques paragraphes de l'introduction à l'exposition de leur méthode. D'une part, nous avons constaté que plusieurs y présentent des techniques méthodologiques, sans identifie r précisément la méthode qu'ils ont utilisée. D'autre part, quand le lecteur s'attache à découvrir, déductivement, quelle a été cette méthode, il lui apparaît que la majorité des ethnographes ou folkloristes font de la description ou de la comparaison. Parce que nous n'avons pas vu de thèse où l'on exposait clairement une méthodologie reposant sur l'analyse interprétative, celle que nous utilisons, nous avons consacré le premier chapitre a la présentation de cette méthode. Que la croix de chemin soit l'expression d'un trait culturel répandu dans tout le Québec est un fait sinon connu, du moins reconnu de tout le monde. Cependant, peu de gens saurait en expliquer l'origine avec justesse. Et il est important de connaître le caractère de l'objet dont on veut parler. C'est pourquoi un historique s'est imposé. Et même s' l se devait d'être succinct, parce qu'il ne s'agit-là que d'une dimension complémentaire au sujet, il était nécessaire qu'il couvre l'ensemble des grands mouvements évolutifs de l'objet. Il est facile de prétendre à l'analyse, mais il est difficile d'y arriver. Et cette difficulté réside en deux points, celui de trouver la base de cette analyse pour le sujet choisi, et celui d'adapter une méthode â l'objectif visé. La solution au premier problème nous est apparue en identifiant la nature de l'objet comme esthético-religieuse. Les deux aspects qu'il semblait nécessaire d'analyser se dévoilaient: religion et esthétique. A l'étude, il s'est avéré que la seconde était subordonnée â la première pour l'essentiel. Un phénomène religieux peut se définir comme étant un ensemble de croyances qui caractérisent les rapports entre l'homme et un être perçu comme divin. Dans le concret, ce concept se traduit par la perception que l'homme se fait de la divinité, et par les rites auxquels il se livre pour entrer en relation avec cette divinité . Notre travail d'analyse consistait donc à découvrir cette perception et ces rites. Nous ne nous sommes pas laissé obnubiler par notre sujet au point de croire qu'il contenait l'essence de la religion des Québécois. Les choix de chemin, comme phénomène, ne sont qu'une pratique ou un rit e élaboré dans une attitude religieuse. Et i l y a un très grand nombre d'autres rite s et pratiques de nature souvent différente. Mais, parce qu'il procède précisément de l'attitude religieuse, ce rit e ne peut pas ne pas la traduire, du moins en partie. Dans un esprit plus prudent qu'innovateur, nous avons abordé la croix par le biais des cinq questions qui nous font habituellement connaître un objet: qui? quand? où? comment? pourquoi? Les réponses se sont regroupées par affinités, et nous les avons ordonnées selon deux chapitres parce qu'elles exprimaient soit un comportement religieux , soit l'objet lui-même dans sa forme. C'est en effet dans l'exercice de son comportement religieux qu'un individu fabrique et érige une croix de chemin et qu'i l y pose des gestes rituels. Qu'est-ce qui le motive à accomplir ce geste si commun que l'on compte une croix pour deux mille personnes dans une population de six millions? Est-ce que, dans ce geste de portée sociale, il est possible de percevoir les sentiments religieux intimes qui en forment la base? Et pourquoi cet objet devient-i l l'occasion de prières nombreuses et variées par la suite? Après avoir posé ces questions S ceux-là mêmes qui sont au coeur de telle s actions, nous avons tenté d'analyser et d'interpréter le phénomène qui s'était livré de lui-même. Pour les fins de la démonstration rationnelle, i l a été nécessaire de présenter élément par élément les composantes d'un phénomène très intimement unifié. Ainsi, nous avons d'abord exploré le comportement religieux tel qu'il peut être perçu â travers la motivation des gens qui érigent les croix, â travers les raisons qui incitent d'autres gens à faire de ces croix un lieu de pratiques, et 5 travers l'image que ces croix ont laissée dans l'esprit de ceux qui ont été les spectateurs de ce phénomène, en regard de celle des acteurs. Ensuite, nous avons étudié les rapports qui pouvaient exister entre la forme que l'on donne à l'objet et l'idée qu'en a celui qui le fabrique, ou celui qui en fait un lieu de prière. L'analyse a le désavantage de faire ressortir isolément les principaux trait s de caractère du sujet, et de le faire en des temps éloignés l'un de l'autre, de sorte que le portrait d'ensemble est difficile à voir. C'est pourquoi nous tenterons de rassembler toutes ces parties et de les agencer dans une conclusion qui ne retiendra que les points forts dans leurs relations de dépendance. / Québec Université Laval, Bibliothèque 2012
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