Le but de cette étude est de tenter de voir comment les colons français qui sont venus s'établir dans la vallée du Saint-Laurent ont aménagé leurs relations avec un milieu naturel nouveau, afin de satisfaire les nécessites de leur existence. Les conditions matérielles qu'ils ont mises en place dans cette intention constituent autant de réponses aux défis que leur posaient le climat, les exigences du défrichement et de la culture du sol, même l'isolement dans lequel ils devaient vivre pendant de longs mois et qui les privait des secours de la France. Les modes de vie qui sont décrits ici forment un ensemble culturel dont les manifestations se retrouvent dans Ia façon de construire Ia maison et de l’équiper intérieurement pour qu'elle assure à ses occupants protection et confort, notamment dans les nécessites du repos et de l'alimentation L'habillement est aussi une façon de protéger le corps contre les agressions de l'extérieur, surtout celles qui viennent du climat. Pour se procurer les moyens de subsistante suffisants, le colon a dû compter principalement sur les productions de sa terre et les animaux domestiques qu'il était en mesure de supporter. Enfin, il avait besoin de moyens de transport et de communication adéquats pour ses déplacements vers le moulin à farine, l’église et la ville. Les données sur lesquelles s'appuie cette étude proviennent toutes de documents écrits, dont la majeure partie a été tirée des greffes des notaires. Le corpus est forme surtout de l'information qu'on trouve dans les inventaires après décès. Le champ d'observation est tout entier circonscrit dans l'Île d'Orleans; nous y trouvons une population homogène dont l'occupation essentielle était Ia culture du sol dans le cadre du régime seigneurial. La période est celle de l'établissement des deux premières générations de paysans, correspondant à la seconde moitié du XVIIe siècle et à la première décennie du XVIIIe. Certains historiens, soumis à l’idéologie de conservation du caractère français et catholique du peuple québécois, ont décrit un passé sans nuance en confondant les périodes: pour eux, le bon vieux temps avait toujours été celui qui avait fleuri surtout au XIXe siècle. Il s'impose de faire voir que les conditions d'existence ont varié d’une période à l’autre, voire d’une région à l’autre. Il est nécessaire aussi de "réintroduire l'homme dans l'histoire, par le biais du vécu matériel ". / Québec Université Laval, Bibliothèque 2013