L'analyse du formulaire notarial de Gaspar Alpheran, notaire d'Aix-en-Provence à la fin du XVIe siècle, permet de rejoindre les valeurs de l'auteur, cette œuvre étant le témoin de l'interpénétration des valeurs d'un homme «ordinaire» avec celles de son époque. La justesse, la justice, la crainte de Dieu et du péché sont les principales qualités, à la fois professionnelles et éthiques, qui arment le notaire contre le mal qui s'incarne notamment dans les procès. Homme de lettres, de vertus et de piété, le notaire s'assimile au noble, puisque dans cette ligne de pensée, c'est la vertu, non la naissance, qui confère la noblesse de l'âme. Les figures métaphoriques du héros, du saint et du croisé permettent une synthèse de l'idéal d'Alpheran, le notaire devenant dès lors intermédiaire entre le divin et l'humain. Dans l'esprit de l'auteur, le fait d'être notaire est en soi une valeur, puisque cet art est prétexte à développer les vertus et par conséquent devient le moyen idéal pour atteindre la perfection. Grâce à ses connaissances qui en font un homme éclairé et vertueux, le notaire apparaît comme un idéal social, moral et spirituel accessible et réalisable; modèle de compétence, d'humanisme dévot et d'abnégation. / Québec Université Laval, Bibliothèque 2013