Les fouilles de tell 'Atij et tell Gudeda, deux sites situés au Nord-est de la Syrie, ont été menées par une équipe de l'Université Laval (Québec) dirigée par le professeur Michel Fortin entre 1986 et 1993. Les recherches ont mis au jour des vestiges architecturaux associés à du matériel archéologique en céramique, pierre polie, pierre taillée et métal qui date du début du HT millénaire av. J.-C. .(Bronze ancien). Outre quelques récipients complets, plus de 125 000 fragments de céramique ont été découverts. Le but de cette recherche a été d'effectuer l'analyse la plus complète qu'il soit des différentes catégories de céramique en tentant de reconstituer, dans la mesure du possible, la chaîne opératoire, de l'acquisition de la matière première à l'utilisation des récipients en passant par leur façonnage, leur finition et leur cuisson. Ce type de recherche demande le concours de divers types d'outils, notamment les analyses chimiques (activation neutronique), pétrographiques et technologiques (macrotraces) qui viennent compléter l'étude morpho-typologique. La combinaison de l'approche traditionnelle pour l'établi.ssement de la typologie avec des moyens physico-chimiques et technologiques pour la reconstitution de la chaîne opératoire a permis d'étudier la céramique non pas comme simple témoin chronologique mais bien comme objet fait et utilisé par des gens issus d'un contexte socio-économique particulier. Il a aussi été possible de mieux comprendre la circulation des pots à l'époque du Bronze ancien en plus d'appuyer l'hypothèse voulant que tell 'Atij ait été un comptoir commercial qui entreposait puis redistribuait des céréales ou autres denrées. Pour la première fois, des assemblages céramiques provenant de ce cadre spatio-temporel sont étudiés aussi globalement. Il en résulte l'identification et la caractérisation de deux traditions techniques présentes à tell 'Atij et tell Gudeda : l'une spécialisée et utilisant l'énergie cinétique rotative du tour (céramiques fine incisée et métallique), l'autre domestique et n'utilisant pas l'énergie cinétique rotative (céramiques culinaire et commune). D a été constaté que des habiletés techniques contrastent ainsi fortement l'assemblage céramique de ces deux sites. De plus, il a été possible de démontrer que les récipients n'étaient pas tournés sur motte mais bien montés selon la technique du colombin puis terminés au tour rapide. Finalement, contrairement à ce qui était cru, la circulation des pots tend plutôt à lier tell 'Atij et tell Gudeda aux villes du nord plutôt qu'à celles du sud. / Québec Université Laval, Bibliothèque 2014