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Les pilotes du Saint-Laurent et l'organisation du pilotage en aval du havre de Québec, 1762-1920Leclerc, Jean 25 April 2018 (has links)
Cette thèse porte sur les pilotes du Saint-Laurent et l'organisation du pilotage en aval du havre de Québec, de 1762 à 1920. Les questions au centre de cette recherche sont les suivantes : qu'est-ce qui caractérise l'histoire des pilotes et de l'organisation du pilotage sur cette importante voie de navigation ? Comment les autorités françaises et anglaises ont-elles réglementé ce secteur ? De quelle manière s'effectuait le service de pilotage à l'époque de la libre concurrence (1805-1859) ? Pourquoi, les pilotes ont-ils demandé, avec tant de conviction et de persévérance, un acte constitutif du Parlement du Canada-Uni, au cours de la décennie 1850-1860, et comment l'ont-ils obtenu? En quoi leur regroupement en corporation, en 1860, a-t-il changé l'organisation du pilotage et la vie des pilotes ? Voilà autant d'interrogations qui nous ont conduit à entreprendre cette étude de la plus ancienne et la plus importante circonscription de pilotage au Canada, tant par l'effectif de pilotes qui s'y rattachait, que par son étendue géographique et, enfin, que par l'avant-garde de son organisation professionnelle. Cette étude montre que les autorités françaises et anglaises ont toujours cherché à maintenir un groupe de pilotes qualifiés pour guider les navires hauturiers dans les eaux restreintes, de l'île du Bic à Québec. En 1805, dans le contexte de l'augmentation du trafic maritime au Port de Québec, une importante structure, la Maison de la Trinité de Québec (MTQ), fut mise en place par le Parlement du Bas-Canada pour régir les pilotes et leurs apprentis dans le cadre de la libre entreprise. Durant 54 ans (1805-1859), le métier fut alors caractérisé par le laisser-faire. En effet, les pilotes munis de chaloupes à voiles et d'autres équipés de goélettes, se concurrençaient pour offrir leur service aux capitaines de vaisseaux. À cette fin, les pilotes s'aventuraient jusque dans le golfe du Saint-Laurent, bien au-delà du lieu de rendez-vous fixé en 1805, à la pointe au Père. Nous avançons l'hypothèse que le régime de la libre entreprise a favorisé la désorganisation du pilotage, en encourageant notamment le dépassement du lieu de rendez-vous fixé initialement, à la pointe au Père. Cette situation eut un double effet : d'une part, elle rendit, à toute fin pratique, inapplicables les règlements de l'autorité de pilotage et d'autre part, elle fut responsable de pas moins de 133 noyades de pilotes, d'apprentis et d'hommes à gages, de 1815 à 1855. Cette étude montre aussi que 1860 marqua un changement radical dans l'organisation du service de pilotage avec la création de la Corporation des pilotes pour le havre de Québec et au-dessous (CPHQ). À la demande des 250 pilotes, une loi (23 Victoria, chap. 123, 19 mai 1860) mit un terme à la libre entreprise, en la replaçant par le mode d'affectation à tour de rôle, et en adoptant la mise en commun des recettes du pilotage. Étant un service qui requiert des spécialistes de la navigation locale, le pilotage en aval de Québec devint alors en situation de monopole réglementé et ce, dans l'intérêt public. Tous les pilotes brevetés de la «circonscription» appartenaient automatiquement à cette corporation professionnelle. Pendant 54 ans, de 1860 à 1914, la Corporation des pilotes fut responsable de l'administration du service de pilotage dans ce que l'on appellera, en 1873, «la circonscription de pilotage de Québec». La CPHQ était devenue en quelque sorte, l'agent de la Couronne responsable du service; ses pouvoirs étaient considérables. En effet, elle percevait les droits de pilotage et distribuait les revenus mis en commun entre ses membres, elle veillait à la discipline, dressait la liste d'affectation des pilotes et les transportait à bord de ses propres goélettes. Depuis 1876, la CPHQ administrait le Fonds des pilotes invalides de Québec. Enfin, de 1905 à 1912, son conseil d'administration nomma aussi les surintendants des pilotes. La corporation eut un pouvoir assez important pour que les Intérêts maritimes veuillent, à plusieurs reprises, faire rappeler par le Parlement la loi qui, en 1860, les avait tirés des noyades, de l'exploitation et des misères engendrées par le régime de la libre entreprise. Au début du XXe siècle, le ministère de la Marine et des Pêcheries se chargea du service de bateaux-pilotes à la station d'embarquement unique de Pointe-au-Père. En 1915, la direction et le contrôle des pilotes et des apprentis ne relèvent plus de la Corporation des pilotes de Québec, mais bien du surintendant général des pilotes, un employé du gouvernement fédéral. Entre 1913 et 1920, la CPHQ traversa une période particulièrement difficile dans ses relations avec les Intérêts maritimes. Elle connut aussi une crise au sein de son organisation avec «l'affaire Paquet», une saga judiciaire qui dura trois ans, et qui força les pilotes à former, le 2 août 1920, une nouvelle société pour rester unis : Y Union des pilotes licenciés pour le havre de Québec et au-dessous. Les sources utilisées sont principalement les documents parlementaires, les archives de la Corporation des pilotes pour le havre de Québec et au-dessous, celles du port de Québec, les journaux de l'époque, les actes notariés, etc. Le plan est divisé en quatre parties : I- émergence du métier de pilote en Nouvelle-France et structure de l'autorité de pilotage sous le Régime anglais; II- la pratique du pilotage à l'époque de la libre concurrence (1805-1859); III- la Corporation des pilotes, de 1860 à 1919; IV- la profession de pilote après 1860. / Québec Université Laval, Bibliothèque 2014
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