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De materialibus ad immaterialia : le rôle de la matière dans l'œuvre de Suger de Saint-DenisBlanchard, Marianne 21 March 2024 (has links)
L’oeuvre écrite de l’abbé Suger de Saint-Denis à propos de la reconstruction de son église abbatiale est l’objet de nombreuses recherches depuis les années 1940. Puisqu’il fut longtemps considéré comme le fondateur de l’architecture dite « gothique », ses écrits ont attiré l’attention de ceux qui cherchaient la source de ce style, la doctrine philosophique derrière l’oeuvre architecturale. Or, les études consacrées à Suger ont évoqué l’exaltation d’un processus anagogique — du matériel vers le spirituel — et mis en valeur l’utilisation de la lumière dans l’église dans certains passages isolés, sans forcément prendre en compte l’ensemble des écrits sur Saint-Denis ni l’ensemble des processus entourant l’édification de l’église. L’abbé donna en effet dans ses écrits une place importante à la production issue des terres du monastère, à leur administration, aux matériaux spécifiques employés dans la construction de l’église et dans la fabrication des objets sacrés et des ornements qu’il avait commandités, ainsi qu’aux méthodes par lesquelles il avait obtenu les moyens d’y parvenir. Il accorda — semble-t-il — une attention très nette au rôle du labeur (labor) et de l’ouvrage (opus) des artisans, à son propre rôle d’administrateur et à la dimension matérielle des oeuvres dédiées à Dieu. Pour Suger, tous ces éléments semblent avoir été inclus dans un processus de donation et de transformation incluant tous les membres du corps social, processus dans lequel il jouait le rôle de maître d’oeuvre en étant tout à la fois administrateur, donateur, auteur et dévot. Nous proposons donc, dans le cadre de ce mémoire, de situer sa conception de la dimension matérielle des oeuvres d’art dans le processus de transformation dont il fut l’auteur.
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"Ici, c'est le salon du peuple!" : microbrasseries, bières artisanales et communautés de consommation au QuébecFranc¶ur, Iannick 05 April 2024 (has links)
L’industrie microbrassicole est en constante expansion au Québec depuis maintenant une trentaine d’années. Ce mémoire vise à jeter un regard sur les tenants et aboutissants du succès de ce phénomène dans une perspective historique et ethnologique. À la suite d’enquêtes orales menées dans quatre microbrasseries du Québec et de l’étude du journal spécialisé Bières et plaisirs, je propose deux éléments explicatifs de cette réussite de l’industrie microbrassicole. Tout d’abord, le vaste éventail de saveurs, de couleurs et de textures sous laquelle la bière artisanale peut se présenter permet aux artisans-brasseurs de créer une variété impressionnante de produits de qualité. L’industrie microbrassicole peut alors se nourrir du désir constant de nouveauté et de produits innovants manifestés par les amateurs de bière artisanale pour s’établir sur le marché brassicole québécois contrôlé depuis près d’une centaine d’années par une poignée de grandes brasseries industrielles. Ensuite, la bière artisanale, et par extension les microbrasseries, deviennent individuellement des pôles de rassemblement social, de redynamisation économique et d’affirmation identitaire. Grâce à un modèle d’affaires valorisant l’ancrage local et l’originalité, les gens du milieu développent un sentiment d’appartenance puissant envers ces entreprises. Leurs bières, souvent nommées en hommage à l’histoire locale ou brassées avec des ingrédients locaux, deviennent des boissons alcoolisées uniques permettant aux consommateurs de se reconnecter avec leur territoire et leur communauté dans un contexte de mondialisation. / Over the last thirty years, microbreweries have been in constant expansion in the province of Quebec. This thesis aims to delve into the success of this young industry from an historical and ethnological point of view. Following interviews conducted in four microbreweries and the analysis of the specialised paper Bières et plaisirs, I suggest two complementary explanations to the successful situation in which Quebec’s craft beer industry now finds itself into. First, the wide array of flavors, colors and textures craft beers have to offer let brewers create an impressing selection of quality products. The industry is in fact fueled by the consumers constant desire for new and innovative craft beers, a desire which in its turn allow microbreweries to sprout across the province in a market controlled for almost over a century by a few large industrial breweries. Second, microbreweries become social gathering, economic and identity focal points of their respective communities. Through a business plan valorising originality and local distinctiveness, people develop a sense of belonging – a sense of place – towards their microbrewery. Their beers, often named after local historical facts, geographical particularities or famous people and brewed with local ingredients, become unique alcoholic beverages giving the opportunity to their consumers to reconnect with their locality and territory in a globalization context.
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La pénétration de la monnaie de carte dans l'espace rural laurentien (1685-1743)Bernier, Emmanuel 05 April 2024 (has links)
L’intendant Jacques de Meulles crée la monnaie de carte en 1685 pour pallier un manque de numéraire dans la vallée du Saint-Laurent. Cette expérience monétaire qui ne devait durer qu’une saison allait bientôt être appelée à se renouveler d’année en année pour devenir un élément incontournable dans l’économie canadienne jusqu’à la fin du Régime français, et ce hormis une éclipse de 1720 à 1729. Par l’étude de neuf greffes de notaires ruraux de la Côte-de-Beaupré et de la Côte-du-Sud de 1685 à 1743, nous avons tenté de comprendre les paramètres régissant la circulation de cet instrument d’échange. Comme toute monnaie parallèle – c’est-à-dire une devise évoluant en marge de la monnaie nationale –, les « cartes » sont caractérisées par une pluralité de cloisonnements qui circonscrivent son utilisation et définissent une communauté de paiement assez bien délimitée. L’analyse sérielle de quelque 5000 actes notariés impliquant des transactions en argent a montré que ces cloisonnements concernent d’abord l’espace – la monnaie de carte pénètre davantage dans les paroisses plus proches du lieu d’émission de Québec, souvent plus anciennes –, mais aussi le temps, l’état de la colonisation, les usages et le sexe et l’âge des utilisateurs.
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